Femlandia : Le livre de Christina Dalcher

Une crise économique sans précédent a fait sombrer les États-Unis dans le chaos. Miranda a perdu sa voiture lorsque son mari s’est suicidé au volant, et elle va bientôt perdre sa maison. Avant de se retrouver à la rue, elle remplit deux sacs à dos, un pour elle et un autre pour sa fille de seize ans, Emma. Mais où aller ? Elles n’ont personne chez qui se réfugier. Pour protéger Emma des dangers du dehors, Miranda ne voit qu’une solution : se rendre à Femlandia, un havre de paix pour les femmes et rien que pour les femmes. Pourtant, elle s’était juré de ne jamais mettre les pieds dans ce lieu sectaire que sa mère a fondé. Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais… Le début du roman nous plonge dans un futur dystopique angoissant, car très réaliste. La pénurie de nourriture, le suicide de ceux qui n’ont plus d’espoir… Miranda ne veut pas succomber à la peur. Elle ne le peut pas. Elle doit protéger Emma, mais également le petit être qui grandit en elle. Alors, elle franchit les portes de Femlandia. Emma est conquise, Miranda moins, car elle s’inquiète de sa grossesse. Et si c’était un garçon ? Qu’arrive-t-il aux fils dans ce lieu où seules les femmes ont droit de vivre ? Dans ce roman, vous allez découvrir la fine frontière qui sépare le féministe de la misandrie. Pour cela, vous aurez deux points de vue, celui de Miranda qui se déroule au présent et celui de Win, sa mère, au passé. Lorsqu’un adulte refait les lacets de la jeune Miranda, celle-ci le prend comme un acte de gentillesse, tandis que sa mère ne voit qu’un prédateur qui veut regarder sous sa jupe. Mère et fille n’ont jamais réussi à se comprendre. Miranda le déplore, mais c’est la vie. Elle a décidé d’éduquer différemment Emma, et pourtant la même incompréhension va les séparer à Femlandia. Le récit est glaçant, haletant, merveilleusement bien écrit. Christina Dalcher évoque, tout en finesse, de nombreux traumatismes endurés par les femmes, sans entrer dans des descriptions malaisantes. On comprend, on souffre et on compatit avec ses personnages qui ont tant subi. Mais perçoit-on pour autant Femlandia comme un paradis ? Je ne peux que vous conseiller de dévorer ce roman magistral pour vous faire votre propre opinion.