Femmes de dictateur : Le livre de Diane Ducret

Dans cet ouvrage qui a certainement nécessité un travail de recherches de dingue, on suit le parcours de femmes de tous âges et de tous horizons ayant partagé la vie de 8 dictateurs : Mussolini, Staline, Lénine, Salazar, Bokassa, Mao, Ceausescu et Hitler. Durant ma lecture, j'ai souvent pensé au dicton "Derrière chaque grand homme se cache une femme". Certes, ce proverbe n'a pas sa place ici, puisqu'il n'est pas question de qualifier les hommes ci-dessus cités de "grands hommes" au sens noble du terme; mais force est de constater que tous, sans exception, ont pu s'appuyer sur la gente féminine pour accéder aux plus hautes sphères étatiques de leur nation, et tout au long de leur parcours, pour régner sans partage et avec le plus grand autoritarisme sur leur pays. Qu'il s'agisse d'une mère, d'une sœur, d'une épouse, d'une maîtresse ou encore d'une nièce, toutes ont joué un rôle particulier dans la vie de ces monstres. Certaines d'entre elles, en vraies fanatiques - comme Jiang Qing, la quatrième épouse de Mao, ou encore Elena Ceausescu, ont joué un rôle extrêmement actif dans la manière dont leur époux a fait régner la terreur dans leur pays; jusqu'à en perdre la raison. D'autres n'ont pas hésité à sacrifier leurs propres enfants : He Zizhen, "l'âme sœur révolutionnaire" de Mao n'a pas hésité une seconde avant d'abandonner son enfant nouveau-né à une inconnue pendant "la longue marche"; ou encore Magda Goebbels (la "1ère dame du Reich") qui a donné la mort à ses 6 enfants dans le bunker dans lequel elle se trouvait avec Hitler, avant que son époux ne lui tire une balle dans le cœur. On ne peut pas rester insensible face à ces histoires de femmes. Pour ma part, j'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour Catherine Bokassa, enlevée par les hommes de main de Bokassa alors qu'elle n'avait que 15 ans. Mariée de force et contre son gré au dictateur, elle est devenue impératrice de Centrafrique en 1977 et a été séquestrée une grande partie de sa vie. Lecture intéressante avec laquelle j'ai beaucoup appris, mais pour en profiter pleinement, j'ai rapidement laissé de côté la lecture de toutes les notes qui ne m'apportaient rien. J'ai apprécié la petite biographie en début de chaque partie du livre qui permet de contextualiser chaque parcours.

S'appuyant sur de nombreuses références bibliographiques, des extraits de lettres d'amour et des faits historiques authentiques, Diane Ducret passe en revue la biographie et la vie sentimentale de Mussolini, Lénine, Staline, Salazar, Bokassa, Mao, Ceausescu et Hitler. En dépit de leurs discours dominateurs, haineux, et de leurs agissements révoltants, ces huit dictateurs sanguinaires ont cependant exercé un pouvoir charmeur en s'adressant aux foules, notamment auprès des femmes. Issues de toutes les classes sociales, certaines leur vouaient une véritable fascination et ont même joué un rôle déterminant dans leurs ascensions politiques et leurs destinées. Cet essai, bien argumenté et très détaillé, révèle un pan méconnu de l'existence de ces hommes de pouvoir, tombés sous l'emprise de relations sentimentales, parfois tumultueuses, souvent compliquées, avec des femmes qui les ont façonnés à leur image tout en leur tenant « la dragée haute », durant de longues années. L'écrivaine fend, avec brio, l'armure de huit despotes, cruels, violents, tyranniques et infidèles, pour mieux mettre à nu leur vulnérabilité de mâles dominants ayant perdu tout contrôle sur eux-mêmes face à des sourires enjôleurs. Elle signe un récit remarquable sur les jeux de rôles inégaux, obsessionnels, ambigus et parfois dangereux que déclenchent les passions amoureuses dans les coulisses du pouvoir. Plus généralement et dans un tout autre contexte, il est prouvé que du fond de leurs cellules, des meurtriers suscitent auprès de certaines femmes une attirance amoureuse, une sorte de magnétisme exacerbé et inexpliqué, parfois poussé au paroxysme de l'incongruité. C'est la nature humaine dans son insondable complexité !