Grande échappée : Le livre de Bérengère Delaporte

Inspirée par le poème de Rainer Maria Rilke « La Panthère », l’autrice livre un récit touchant sur les violences conjugales. Personne n’avait vu, personne ne voulait voir. C’est Louise, leur fille adolescente, qui ouvre les yeux, les siens, ceux des autres, sur la brutalité verbale et psychologique de son père, envers sa mère principalement. On peut détruire et contrôler par les mots. Oublier la cage et pourtant étouffer derrière les barreaux.

[Un sublime roman graphique sur les violences conjugales, les violences psychologiques, les relations toxiques... Une variation graphique autour d’un poème de Rainer Maria Rilke que je ne connaissais pas mais que je trouve subtilement et magnifiquement exploité ici. Les parents de Louise sont vus par tous comme le couple idéal ! Elle a vraiment trop de chance ! Pourtant, la vérité n’est pas si lisse. Louise découvre par hasard qu’elle a en réalité un père-monstre et une mère-proie, prisonniers tous les deux d’une cage dont ils ne savent plus sortir. Louise va alors tenter de donner les clefs de la cage à sa mère, créant ainsi son propre trousseau pour devenir une femme libre et épanouie. On pourrait passer des heures à analyser les dessins qui sont à la fois très doux et très explicites. La douceur des traits contraste avec la violence des émotions exprimées. Les références culturelles sont habilement disséminées dans l’œuvre, j’ai adoré les découvrir ( et je suis sûre qu’il m’en manque !). Je ne peux que vous conseiller ce livre de toute beauté, qui peut complètement être exploité en 3e/lycée pour aborder les violences intra-familiales et les compétences psycho-sociales. [/masquer]

Briser les chaînes de l’emprise. Louise, 17 ans, rêve de devenir danseuse, mais son père s’y oppose violemment, imposant son autorité par des humiliations et un contrôle oppressant. Sa mère, Camille, subit en silence cette violence psychologique, enfermée dans une prison invisible, à l’image d’une panthère en cage. Peu à peu, Louise ouvre les yeux sur cette emprise et tente de réveiller sa mère. Son courage devient le déclencheur d’une prise de conscience essentielle. Avec un dessin puissant et réaliste, Grande Échappée illustre la brutalité du quotidien de nombreuses femmes et la difficulté de s’en libérer. Un roman graphique bouleversant et nécessaire.

Ce titre fait penser à une échappatoire comme à un pas de danse et c’est un peu des deux que nous propose ici Bérengère Delaporte. Tout part d’une panthère enfermée derrière des barreaux dans un zoo et du souhait de Louise, notre protagoniste, d’intégrer une école de danse, ou plus honnêtement tout part du poème de Rainer Maria Rilke « La panthère » et de ce qu’il a inspiré au Bérangère Delaporte. Comment cette image d’animal enfermé, prisonnier va faire écho avec le désir d’émancipation et d’accomplissement de Louise. Il existe de nombreux types de prisons et il n’est pas toujours aisé de s’en « échapper ». Parfois on laisse les autres construire des barreaux autour de nous, parfois on en ajoute nous-mêmes sans vraiment s’en rendre compte. Une simple discussion fait office d’électrochoc et va éveiller cette jeune danseuse, l’encourager à prendre la parole, dénoncer et qui sait, au bout du compte, lui permettra peut-être de briser les barreaux et libérer la ou les panthères de son foyer pour faire sa Grande Echappée… On est emporté par le dessin à l’image du personnage de Louise qui va traverser une tornade d’émotions et bouscule tout sur son passage. C’est intense, comme la plupart des sentiments qui traversent l’adolescence. Ça m’a questionnée aussi en tant que lectrice sur les non-dits et ce que nous donnons à voir aux autres en société par rapport à ce qui se passe dans le cercle familial. Le format quant à lui est original avec un vrai univers marqué. L'autrice nous fait découvrir à la fin de nombreuses ressources qui l'ont inspiré (et j’adore ça !). Ce roman graphique permet, en plus, de (re)découvrir un poème… alors oui, oui et oui laissez-vous tenter.