Histoires extraordinaires : Le livre de Edgar Allan Poe

Histoires extraordinaires est un des plus célèbres recueil de nouvelles où le prodigieux Edgar Allan Poe nous livre des nouvelles sous le signe du fantastique. Mais les thèmes de cet auteur, traditionnellement traduit par Charles Baudelaire, sont bien plus variés : il signe le début du roman policier avec Double assassinat de la rue Morgue ; nous propose un voyage en ballon avec Hans Pfaall ; une chasse au trésor avec Le scarabée d'or. En plus de tout cela, j'ai pu retrouver un thème que j'adore tant : celui du paranormal et de l'étrangeté. Poe a su me conquérir avec ses nouvelles où le lecteur vacille entre le monde de l'étrange et celui des morts, animés par leurs caprices. J'ai vraiment passé un bon moment avec ce recueil qui m'a, au passage, permis de découvrir cet auteur. Son style simple et ses intrigues ingénieuses transforment des mots et des lignes en un voyage dans les tréfonds de l'horreur et du fantastique. Je ne peux que vous le recommander !

Une relecture, plus de vingt ans après la précédente. La seule chose dont je me souvenais, c'est que j'avais trouvé la première ("double assassinat dans la rue morgue") très douteuse, et que j'avais apprécié en revanche "Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaal". J'ai dû espacer la lecture de ces nouvelles sur plusieurs mois, certaines étant assez ardues, avec parfois beaucoup de verbiage et de digressions scientifiques ou pseudo scientifiques. La traduction est de Baudelaire, donc du style fin XIXe bien soutenu. Autant dire que dans quelques temps, il ne m'en restera à nouveau plus grand-chose, d'ailleurs c'est déjà le cas après cet étalement de lecture. En somme, ces nouvelles restent à lire pour leur valeur historique en tant que précurseurs des futurs grands auteurs du fantastique et de la science-fiction. La préface biographique de Baudelaire mérite le détour, notamment quand il explique qu'Edgar Allan Poe, de son vivant, était peut-être trop intelligent et écrivait trop bien pour être un auteur à succès, et l'on voit bien ce qu'en creux, il voulait dire par là. Un constat qui, 150 ans plus tard, n'a pour le coup pas pris une ride.

Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus gothique. Je n'avais jamais lu Poe et j'en étais fait une idée un peu différente de ce que j'ai découvert dans ces nouvelles. Mon goût pour cette esthétique n'a été rassasié que dans les dernières histoires. J'ai par contre été positivement surprise de trouver les embryons de ce qui a fait plus tard les styles de Lovecraft, Conan Doyle et Jules Verne. L'apport de Poe à la littérature moderne est d'une évidence manifeste et c'était en cela instructif de venir boire à la source.

Que dire de ce recueil, car il s’agit bien d’un recueil traduit par Baudelaire lui-même qui a ordonné les nouvelles de Poe en trois tomes : Histoires extraordinaires, Nouvelles histoire extraordinaire et Histoires grotesques et sérieuses. On ressent fortement la vision du poète français qui dans son introduction nous parle de la vie de Poe. Une vie d’ailleurs assez triste malgré le nombre assez incroyable de journaux qu’il a dirigés ou dans lesquels il a écrit. Les nouvelles maintenant ! Elles n’apparaissent pas dans l'ordre de leurs parutions dans la presse Les magazines en question (Philadelphia Saturday Courier, Baltimore Saturday, Southern Literary Messenger,Burton's Gentleman's Magazine) dont les noms sont agréablement surannés étaient un vrai vivier de la vie culturelle, politique et philosophique de l’époque. Je dirai qu’elle sont pour le moins inégales à la fois dans le style et dans le thème : Enquête (double assasinat dans la rue Morgue), Aventure et piraterie (le Scarabé d’or), Aventure et exploration scientifique (le canard au ballon, aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall), Histoire gothique et fantastique (Descente dans le Maelstrom, Morella, Ligeia, Metzengerstein) Nouvelle parascientifiques (M. Valdemar, révélation magnétique). Pour certains, notamment pour le canard au ballon et Hans Pfaall, j’ai trouvé le style descriptif assez rébarbatif, mais je ne saurais dire si ça vient du style de Poe ou de sa traduction. Je pencherai plutôt pour la première solution car j'ai déjà ressenti cela à la lecture des Aventures de Gordon Pym. Pour le reste, quel éclectisme ! Toutes ces nouvelles sont si différentes et traduisent l’incroyable curiosité de l’époque pour toutes les avancées scientifiques et techniques ainsi qu’un goût du gothique qui initie le fantastique, même s’il est encore je trouve assez européen centré dans ses thèmes. Un coup de cœur qui se savoure petit à petit et il parait que le second tome présente encore de meilleures histoires ! J’ai donc hâte !