Jusqu'au bout. Vieillir et résister dans le monde ouvrier : Le livre de Nicolas Renahy

Près de vingt ans après " les Gars du coin ", son enquête sur une jeunesse populaire rurale, c'est auprès d'un groupe d'ouvriers syndiqués à la retraite que le sociologue Nicolas Renahy nous conduit (...) Bruno, Clairette, Christian et les autres " vieilles branches ", anciens de Peugeot Sochaux-Montbéliard, n'ont pas cessé de militer une fois la porte de l'usine passée pour la dernière fois. De tous les combats, ils tentent de transmettre leur engagement mais aussi d'entretenir les liens de solidarité très forts qui les lient. (...) Il dresse, dans son essai, le portrait d'une génération d'ouvriers qui lutte encore.

Le sociologue Nicolas Renahy a enquêté sur la dynamique section des retraités CGT de l'usine Peugeot à Sochaux. Ce collectif, impliqué dans les luttes pour le maintien des services publics et la solidarité avec les migrants, maintient les traditions de résistance du monde ouvrier, notamment par la transmission aux jeunes du sens du combat contre les injustices.

"Tout, ou presque, a été écrit sur les retraités, ces supposés jouisseurs du temps libre. Or, une donnée passe souvent à la trappe : trois sur dix sont d'anciens ouvriers. Car, il n'y a pas si longtemps, la France était un pays fortement industrialisé. Les usines ont fermé, les prolétaires sont restés. C'est à leur vie que s'intéresse Nicolas Renahy dans son nouvel essai, en proposant une sociologie de la vieillesse ouvrière. (...) Ce livre sensible, en traitant un sujet négligé par la sociologie, nous éclaire sur la vie de ces retraités, pauvres, fatigués, mais unis et portés par un " incroyable dynamisme ", celui du syndicalisme. Il nous invite, en filigrane, à imaginer celle des autres, ceux qui luttent tout seuls."

"Le sociologue Nicolas Renahy partage le quotidien d'ouvriers retraités de l'est de la France qui jouent un rôle central dans les luttes sociales et contre l'extrême droite."

La catégorie "retraités" ne veut pas dire grand-chose si on met de côté les questions de classe. C'est l'un des enseignements majeurs de "Jusqu'au bout, vieillir et résister dans le monde ouvrier, le nouveau livre du sociologue Nicolas Renahy. (...) Le sociologue a retrouvé des ouvriers de l'ex-plus grande usine de France située à Sochaux. A la retraite mais toujours syndiqués, ils s'entraident et tentent d'assurer la relève. Un remède à la solitude pour ces témoins du monde industriel du XXe siècle.

Que deviennent les ouvrières et les ouvriers à la retraite ? Militants syndicaux ou politiques, se retirent-ils sur la pointe des pieds après une vie active dans la production et la revendication ? Les syndicats eux-mêmes ne finissent-ils pas par oublier ou négliger ces camarades notamment délégués syndicaux qui, souvent, y ont perdu une partie de leur santé et de leur déroulement de carrière. Nous sommes à Sochaux-Montbéliard avec des anciens de Peugeot. Nicolas Renahy, sociologue, s'intéresse au quotidien du vieillissement physique et social dans le monde ouvrier.

À rebours des clichés misérabilistes sur un monde en voie de disparition, Nicolas Renahy donne à voir comment ces ouvriers s'efforcent de garder la classe en entretenant la mémoire des luttes, la fidélité de leurs engagements, voire, surtout pour les femmes, en trouvant de nouvelles voies d'émancipation. Un éclairage précieux sur certains angles morts des débats sur les retraites et, au-delà, sur le vieillissement indissociablement physique et social.|Igor Martinache