La confession d'un enfant du siècle : Le livre de Alfred de Musset

C’est un livre que j’ai adoré. L’écriture est magnifique, et les personnages sont profondément incarnés. Le personnage principal, Octave, hypersensible et torturé par la peur de la médiocrité, évolue dans une époque instable, marquée par ce que Musset appelle le “mal du siècle”. Ces périodes historiques, entre la chute d’un idéal (ici, l’Empire napoléonien) et l’arrivée d’un ordre nouveau, laissent la jeunesse dans un vide existentiel. On y sent un flottement profond, une difficulté à construire quoi que ce soit dans un monde déjà désabusé. Octave, qui tente d’être un “homme bien” de son temps, vit une déception amoureuse avec Élise, qui le trahit, puis bascule peu à peu dans une spirale de méfiance, de cynisme et d’auto-destruction. C’est une sorte de long et lent effondrement intérieur, un « pétage de plomb » poétique. Très romantique, presque écrit comme un journal intime, le récit nous permet de comprendre Octave, de ressentir sa douleur, tout en ayant envie de lui dire : la vie vaut encore le coup. Il me semble qu’un film a été adapté du roman, avec Pete Doherty dans le rôle d’Octave, un choix de casting que je trouve brillant. Il incarne à merveille cette figure d’artiste fragile, lucide, et en décalage. Ce roman m’a davantage fait réfléchir sur les trajectoires de vie, les blessures qu’on traîne et la manière dont on peut se saboter, que sur le contexte politique lui-même.

Un Musset coach en séduction ? Presque. La Confession d’un enfant du siècle n’est pas un manuel de drague, mais une autopsie du cœur brisé. Musset y raconte le désarroi d’Octave, jeune homme broyé par l’amour et l’infidélité, reflet de sa propre relation toxique avec George Sand. Entre lyrisme et brutalité, le roman capture un mal du siècle… qui ressemble étrangement au nôtre. Ce livre est le manuscrit qui rend le mieux compte des désarrois d’un jeune homme qui galère avec les femmes. Un récit d’apprentissage où l’amour idéalisé devient poison, où la passion se heurte à la réalité d’un monde désenchanté. Deux siècles plus tard, la leçon reste la même : aimer, c’est risquer de souffrir. Mais Musset nous montre que c’est aussi ce qui donne un sens à l’existence.

Il faut que je relise le livre pour me dire: ah tiens, c'est quand même oxymorique mais très evolutif d'opposer deux parties bien construites de l'œuvre. L'écrivain juxtapose l'amour d'adolescence d'un personnage dont on s'identifie à chaque passage, pour ancrer aussi dans un certain réalisme du mal du siècle si bien décrit dans cette ère où la nostalgie est bien présente. La construction et le contenu de l'œuvre met en exergue une situation d'énonciation où l'auteur se parle à lui même et son histoire d'amour pour ideologiquement denoncer, valoriser, mais aussi nous laisser libre cours à nos pensées par rapport à la tournure dramatique que prend cette autofiction. Un tour de force.

e n'avais que de vagues souvenirs de ce chef-d'œuvre. Délicieusement tourmenté, quelle langue et quelle force d'évocation ! Je ne regrette pas de m'y être replongé! On se sent un peu secoué après tant de transports extrêmes... mais quelque part le dernier chapitre, quoique inattendu, vient apaiser tout cela dans un retour à la raison