La Petite Bonne : Le livre de Bérénice Pichat, Véronique Vella, Marilou Aussiloux

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Lizzie

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Dans la France de l'après-Grande Guerre, un huis clos magnétique entre une jeune domestique et son maître.

Domestique au service des bourgeois, elle est travailleuse, courageuse, dévouée. Mais ce week-end-là, elle redoute de se rendre chez les Daniel. Exceptionnellement, Madame a accepté d'aller prendre l'air à la campagne. Alors la petite bonne devra rester seule avec Monsieur, un ancien pianiste accablé d'amertume, gueule cassée de la bataille de la Somme. Il faudra cohabiter, le laver, le nourrir. Mais Monsieur a un autre projet en tête. Un plan irrévocable, sidérant. Et si elle acceptait ? Et si elle le défiait ? Et s'ils se surprenaient ?

De (auteur) : Bérénice Pichat
Lu par : Véronique Vella, Marilou Aussiloux

 

Ressources

Expérience de lecture

Avis Babelio

Kez

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Un roman, reçu en cadeau. Une surprise donc mais la surprise n’est pas celle du cadeau. Car mes proches connaissent mon amour des livres. Certain.es vont même jusqu’à consulter mon profil pour vérifier ce que j’ai dans ma liste. Non la surprise est celle de ce roman. Pas que l’histoire en elle-même soit innovante. Des histoires de gueules cassées, il y a en de nombreuses. 80 d’après le #gueules cassées de Babelio (dont certaines sont des reprises / adaptations des mêmes romans). Non, la surprise elle est double. D’abord par le fait que ce roman est partagé en deux. D’un coté des lignes qui contiennent quelques mots, la plupart des lignes avec un alignement à gauche… mais parfois un alignement à droite. Ces lignes ont un vocabulaire simple. Elles racontent l’histoire de la petite Bonne. Cette petite Bonne, elle n’aura jamais de nom. On la suit dans sa journée de labeur, dur, répétitif sans considération de ceux / celles qui l’emploie / l’exploite ? puis de retour chez elle, auprès d’un compagnon dont on comprend au fil du temps que l’alcool peut le transformer en bête et qui la considère comme une chose. Son rêve : avoir une bicyclette. Ses origines : la misère. Et ces quelques mots sur une ligne, cela change tout ! Ensuite, il y a le texte normé qui a un vocabulaire plus complexe, il y a même un clin d’œil à Proust (avec Bolbec). C’est le texte des « maitres ». Et puis l’histoire que je ne souhaite pas divulgâcher. Disons que ce roman, en mettant en présence ces différents personnages, qui ont vécu différentes violences, met en exergue la violence exercée par la société sur les femmes (qui doivent se conformer … et en exercent sur leurs congénères) et les hommes revenant de la guerre, mutilés. C’est un livre que je n’ai pas lâché. Et dont une fois fini, j’ai repris la lecture de quelques pages, lignes pour mieux apprécier. Mon abécédaire habituel. Cette fois il est composé de mots souvenirs. A comme : Avortement, Abus sexuel, Abandon, Alexandrine (l’épouse), Adultère, Accident. B comme : Bonne, Bonniche, Bourgeois, Bicyclette (un rêve), Blaise (l’époux), Bolbec (clin d’œil Proustien). C comme : Chasse au Cerf, Classes sociales, Commissaire, Coupable. D comme : Debussy, Devoir, Douleurs. E comme : Exploitation, Enfant (que la Bonne ne peut se permettre). F comme : Faim, Femmes, Forme de ce roman : innovante, Fierté : ce qui reste lorsque l’on a rien d’autre. G comme : Guerre (la Grande, celle de 14-18), Gueule cassée, Garance. H comme : Homme : Qu’est-ce que c’est ? Qui souffre, qui tue, qui boit, qui bat, qui viole, … Havresac : anciennement : Sac que le fantassin portait sur le dos, et qui contenait son équipement. I comme : Invisible, Incantation, Irène (l’amie de l’épouse). Infirmière, Innocence. J comme : Juif, Jour (vivre au jour le jour). K comme : L comme : Lebel (une marque de pistolet). Langage : différence entre le vocabulaire, la syntaxe et la forme dans le livre. M comme : Main, Musique, Mort, Maitre, N comme : Nom (les époux, les habitants ont un nom mais pas la Bonne). O comme : Ombre, Orphelin, Obus. P comme : Pipe, Place (dans la hiérarchie sociale, dans le couple, …), Prison. Q comme : Quotidien, Quasi. R comme : Regard, Rage, Religion. S comme : Solitude, la Somme, Suicide. T comme : Travail, Test, Tranchées, Trou. U comme : Uniforme. V comme : Viol (à plusieurs reprises, chez différentes personnes), Violence. W comme : Wagner, Wagon. X comme : Y comme : Yvetot (Normandie / Proust) Z comme : Zèle (du chirurgien).

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som

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Cela pourrait être l’histoire d’une gueule cassée. Sa vie de couple fracassée par les cicatrices de la guerre sur son corps et sur son visage. Une vie de dépendance. Cela pourrait être l’histoire d’une épouse enfermée dans un mariage d’où elle ne peut s’échapper. Car peut-on quitter un mutilé de guerre ? Cela pourrait être également le récit d’une étrange attraction entre un infirme et la bonne recrutée pour l’assister. Ce roman a beaucoup de cela et bien d’autres choses, tant sont nombreux les fils narratifs qui tissent cette histoire complexe sous une apparente simplicité. De cette trame romanesque, Bérénice Pichat compose une œuvre singulière, tantôt en prose lyrique, tantôt en vers libres, à la fois simple et puissante, où la tension monte progressivement sans que le lecteur ne sache vraiment où elle va l’amener. Une véritable réussite pour ce premier livre maîtrisé de bout en bout.

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isa-vp

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Comment peut-on échapper au gouffre qui attire vers la mort ? Ce n’est pas ce musicien enrôlé dans la Première Guerre Mondiale et revenu lourdement handicapé qui pourra répondre à cette question. Ni cette jeune bonne qu’un avortement de jeunesse entraîne inexorablement vers le fond. Alors est-ce que la rencontre de ces deux destins peut créer l’alchimie qui leur redonnera le goût de vivre ? Ce roman de Bérénice Pichat est avant tout un roman social qui parle des conditions de vie de l’après-guerre, à la fois de la bourgeoisie parisienne mais également de ses employés de maison. La différence de classe est très marquée dans cette période qui hérite d’anciennes traditions de servitude. La bourgeoisie a très peu de considération pour ceux qu’elle emploie et la misère rend le personnel de maison corvéable à merci. Chaque jour n’est qu’humiliation et combat pour une survie qui reste fragile. C’est ce fort contraste entre deux niveaux opposés de l’échelle sociale qui m’a dérangée et le cheminement de ces deux êtres brisés est tellement faussé d’avance que j’ai eu du mal à y voir le côté positif. C’est si facile donner la part belle à la culture face à l’ignorance, à l’expérience de l’âge face à la naïveté de la jeunesse, aux privilèges de la bourgeoisie face au dénuement du prolétariat. Alors oui, la beauté intérieure est ce qui compte le plus, surtout quand on est riche et éduqué…. Et cette histoire, certes émouvante et porteuse d’espoir, m’aurait beaucoup plus touchée s’il n’y avait pas eu une telle fracture sociale et intellectuelle entre les deux personnages. Un roman agréable à lire par sa jolie construction qui fait croître en nous l’émotion et nous offre une belle image de la grandeur d'âme de cette Petite Bonne mais qui, au final, m’a plus hérissée que séduite.

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pioucorinne

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Voilà un livre qui va être difficile à chroniquer pour moi. J'avoue avoir eu un peu de mal à entrer dans l'histoire mais lentement tout à pris sens. Ce n'est pas un coup de coeur mais c'est une histoire dont je vais me souvenir car une fois commencée je n'ai eu de cesse de connaitre la suite, j'ai tellement été curieuse de voir comment allait se développer la relation entre la bonne et Monsieur. C'est un huis clos, la femme, la bonne et le mari. Monsieur est un ancien pianiste blessé à la guerre, c'est une gueule cassée. C'est Madame qui s'en occupe tous les jours car il ne peut se déplacer seul, ni manger seul ... mais elle a envie de prendre l'air aussi elle s'absente pour un petit séjour à la campagne, elle laisse Monsieur entre les mains de la bonne qui par la force des choses devient soignante. J'ai aimé voir la relation entre la bonne et Monsieur évoluer au fil des jours et cette relation m'a beaucoup touchée car elle ressemble tellement à ce que peuvent vivre les soignants, ce rapport au corps parfois repoussant mais qui au fil du temps le devient de moins en moins et fini par revenir dans une normalité propre à la personne prise en charge. J'ai aimé voir comment l'un et l'autre s'apprivoisent, j'aime ce qui se cache parfois derrière le comportement d'un patient bougon et j'ai aimé ce que j'ai découvert chez Monsieur. J'ai tout autant apprécié les pensées et la prise en charge empathique de la bonne. La femme finalement m'a peu touchée même si elle s'est sacrifiée pour son mari. La fin est logique quand on connait la valeur d'une bonne à cette époque, elle n'en reste pas moins révoltante.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Français
  • EAN
    9791036638091
  • Collection ou Série
  • Format
    Livre audio
  • Durée
    600 min

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