La Tour de Jeanne : Le livre de Florence Medina, Mary-Gaël Tramon

Une très belle lecture historique classée Jeunesse (à partir de 10 ans) ! On y découvre la vie des femmes à l’Époque de construction de la Tour Eiffel pour l’Exposition Universelle de 1889, mais également la vie de la France à cette période. Ce roman est également "féministe" car le rôle de la femme à cette époque est bien différent de celle d’aujourd'hui, même si de nos jours, il y a encore beaucoup à faire... Comme l’explique Jeanne à son frère : "Sous prétexte que je ne suis pas un garçon. C'est injuste. En plus d'être une fille, je suis pauvre et je suis mineure, c'est trois raisons de rester à ma place selon la bonne société. Et même quand j'aurai 21 ans, je serai toujours femme et sans doute toujours pauvre. Toute ma vie, je devrai demander l'autorisation pour presque tout. Alors peut-être qu'il faudra que je m'y fasse, mais en attendant, pendant quelques mois, j'ai trouvé le moyen d'être un peu libre". Et, en retour, son frère ne peut que penser : "C’est exactement pour ça que, depuis longtemps, on tient les filles éloignées de la littérature : pour qu'elles ne réfléchissent pas trop et ne s'opposent pas à tordre des choses qu'on leur impose. Mais Jeanne est passée au travers des mailles". Car Jeanne, même si elle vient de la campagne, sait lire et écrire. La plume de l’auteure est fluide et met en avant le courage et la vivacité de la jeune Jeanne. J’ai beaucoup aimé Jeanne qui a réussi à vivre une sacrée "aventure" avec "sa Tour" avec l’aide de personnes bienveillantes (Rosalie, puis la famille Gravelle). Mention particulière pour Alfred, un colosse au grand #10084;#65039; ! Je lirai avec plaisir d’autres livres de Florence Medina et ne peut que vous recommander d’inviter les jeunes lecteurs à lire ce roman.

Avec ce roman, le jeune lecteur s’abreuve de mille et une informations sur la construction de la Tour Eiffel, mais également sur l’Histoire des droits des femmes. Une lecture enrichissante plus que divertissante car l’ennui n’est jamais loin au détour des pages feuilletées. L’écriture de l’auteure est scolaire et, de ce fait, peu entrainante. Le récit est entrecoupé d’explications parfois non nécessaires tandis que certains termes complexes ou certaines mentions historiques ne sont pas développés. L’attention du lectorat est ainsi mise à rude épreuve et ce jusqu’à la postface écrite par un historien qui oublie à quelle tranche d’âge appartient le public auquel il s’adresse. Le tout manque de dynamisme. Pourtant le destin de Jeanne a tout pour éblouir et forcer l’admiration. À travers son récit, la jeune fille soulève de belles thématiques propres à l’époque contée et met en avant l’importance des livres et de la lecture. Malheureusement, cette héroïne est censée être une enfant et cela n’est pas manifeste au vu de l’intrigue, mais également au niveau des illustrations. Une incohérence constante tout au long du récit qui en gâche quelque peu la lecture. Heureusement, l’histoire en elle-même attise malgré tout la curiosité et certains personnages apportent l’émotion nécessaire pour « habiller » l’ensemble. Une légère touche de profondeur appréciée dans une écriture trop lisse.

1889, la construction de la Tour Eiffel, symbole de la modernité, est très décriée. Il faut dire que la société bourgeoise de l'époque n'est pas ouverte. Les artistes eux-mêmes se gaussent ou s'indignent. Les femmes n'ont aucun droit surtout les plus pauvres obligées de devenir domestiques, exploitées sans scrupules et à la merci d'hommes sûrs de leur impunité. Pire que tout, il est plutôt mal vu d'être instruite. Jeanne va être obligée pour survivre dignement, de se couper les cheveux, de se travestir en garçon, ce qui est puni par la loi. C'est ainsi que déguisée, elle se fait embaucher sur le chantier de la Tour Eiffel comme peintre et s'intégre à une équipe d'ouvriers qui protège "Jeannot la crevette". L'histoire est agréable à lire et fait découvrir aux plus jeunes cette société de fin du 19ème siècle, tellement différente de ce qu'ils peuvent vivre actuellement. C'est très réussi. Je pense que la sensibilité des filles adolescentes est bien retranscrite, toujours là quelque soit l'époque.