Le K : Le livre de Dino Buzzati

Un délice ce recueil de nouvelles ! Je l'avais lu au collège et j'en avais vraiment un sale souvenir (le truc barbant à souhait quoi). Et puis, par un jour d'ennui à dépoussiérer ma bibliothèque, j'ai ressorti ce vieux livre de poche qui s'est révélé être une pépite... ! Immense joie d'une re-découverte, ce recueil recelait finalement un trésor.

Le K est le nom à la fois donné à ce recueil de nouvelles et celui de la première d'entre elles. de sujets très variés, ces nouvelles ont en commun une vision péssimiste -certains diront réaliste- de la vie, une conviction que l'individu n'est au fond qu'une petite chose et que son existence n'a pas nécessairement l'importance qu'il lui donne. Cette jeune fille qui tombe d'un immense gratte-ciel pour être à temps à la fête qui se donne au rez-de-chaussée et qui arrive déjà vieille en bas, qu'a-t-elle fait de sa vie? Ce Gustave Eiffel qui refuse de finir sa tour et la construit sans fin au-delà des nuages, ne perd-il pas son temps? Cet amoureux fou, qui, obsédé par la femme qu'il aime, la regarde tellement, s'abaisse au plus bas pour satisfaire ses caprices, en bave tellement pour elle, n'a-t-il pas mérité de se transformer en chien? Ce Dino Buzzatti qui avoue à son directeur bien aimé qu'il n'a jamais écrit un seul article, mais a employé un homme -au contraire de lui- doué pour l'écriture et cependant trop modeste pour accepter les honneurs liés à la profession, ce Dino Buzzatti, a-t-il bien compris le sens de la vie? Ces nouvelles ont en outre en commun une agréable ironie, une écriture fluide, et un format très court (au plus quelques pages au cours desquelles je n'ai malheureusement pas souvent éprouvé d'empathie pour les protagonistes). Cependant dire que j'ai apprècié cette lecture serait un bien grand mot. Si certaines nouvelles sont amusantes ou incitent à des réflexions originales, la plupart sont banales ou même plutôt datées comme par exemple l'aventure du petit Adolf H. ou la fable d'une guerre nucléaire assez absurde. Il y a comme un parfum de mysoginie dans ces textes: la femme futile qui tombe du toit, la dominatrice madame Belzébuth, etc. L'ensemble m'a paru assez vieilli et plus un témoignage du 20e siècle qu'un chef-d'oeuvre immortel.

Ce recueil de nouvelles en contient treize, toutes en version italienne puis à la page suivante en français. De nombreuses notes expliquent les choix de traductions ou les expressions italiennes. Cette version bilingue de "Il Colombre" - "le K" est probablement très enrichissante mais je me suis surtout intéressée aux nouvelles en français. J'avais lu le K en étant adolescente et il me semblait que j'avais adoré sans pour autant me souvenir d'une once de ces histoires. Le K est ma nouvelle préférée, on dirait un conte pour adulte, et j'ai le cœur attendri par Stefano et le K. L'arme secrète m'a fait sourire tellement j'ai trouvé la chute amusante. Excellente lecture qui me donne envie de lire plus de Buzatti, en particulier le désert des tartares.

Je ne sais pourquoi j'ai sélectionné ce livre, je n'avais jamais entendu parler de l'auteur. A vrai dire je n'avais pas compris que c'était un recueil de nouvelles et j'arrivais à la fin du "K" avec étonnement. N'étant pas familier de l'exercice, je me laissais prendre au jeu et découvrais des histoires vraiment intéressantes aux thèmes variés et où le fantastique s'invite régulièrement. Peut-être un peu trop particulier pour être conseillé les yeux fermés, mais pour moi en tout cas, la route fut belle !