Le long chemin du retour : Le livre de Robert Silverberg

J'ai acheté ce roman attiré par le nom et le renom de l'auteur. C'est un bon livre de SF, mais qui n'atteint pas le niveau d'autres romans de Silverberg comme 'Les monades urbaines" ou "Le château de Lord Valentin". Donc, vous trouverez ici un honnête divertissement, de bonne facture, qui se lit sans déplaisir aucun, mais à mon sens pas un sommet de la SFFF. Je ne vais pas vous détailler le cadre du récit - d'autres chroniqueurs s'en sont déjà chargé. C'est une énième resucée d'une société hiérarchisée de type colonisateur, un grand classique de la littérature occidentale depuis la seconde moitié du vingtième siècle. Je vais plutôt m'attacher aux détails qui m'ont amené à tiquer au fil de la lecture. Prenons par exemple l'épisode pendant lequel Joseph Keilloran, le personnage principal, blessé, est recueilli par des indigènes dans leur village. Ils le soignent et le nourrissent... mais avec quoi? Apparemment, la nourriture qu'eux-mêmes consomment. Or, il serait vraiment étonnant que des humains soient capables de digérer des produits issus d'une autre biosphère que la leur et d'en retirer de l'énergie. Il serait tout aussi étonnant qu'un fébrifuge qui fonctionne sur les extra-terrestres s'avère adapté à un humain et ait sur lui exactement le même effet. Je découvre là une facilité littéraire à mon avis un peu excessive. Les relations sociales entre les Maîtres et le Peuple me semblent aussi par trop schématisées et moyennement crédibles. Un groupe conquérant qui s'est imposé par la force n'en perd en général pas le souvenir. Il le transmet aux générations suivantes et demeure sur ses gardes. Cette notion ne s'efface qu'en cas de mélange des deux groups humains, ce qui n'est pas le cas dans l'univers décrit: Maîtres et Peuple restent bien séparés, ne forment pas de couples mixtes, et les Maîtres ne permettent pas que des gens du Peuple rentrent dans leurs familles. Je doute qu'un tel édifice social puisse durer aussi longtemps qu'indiqué dans le roman. Même une société aristocratique comme celle du siècle de Louis XIV offrait nombre de possibilités à des gens du commun de rejoindre les cercles dirigeants et la noblesse, ce qui permettait de baisser la pression sociale et de renouveler les talents au sommet. Donc, une vue un peu caricaturale et simpliste du monde décrit, ce qui à mon sens nuit à l'intérêt du livre. J'espérais mieux de Silverberg.