Le Pavillon des cancéreux : Le livre de Aleksandr Isaevitch Soljenitsyne

- Une écriture extrêmement réaliste mais qui ne se perd pas dans des détails bavards, certains semblent gratuits mais ils participent toujours de la justesse du ton (la surveillante qui crache des graines de sésame, les yeux de hibou de chlouloubine...). Probablement qu'on peut élargir la réflexion aux personnages même ceux qui n'apparaissent qu'une ou deux fois mais qui donnent le sentiment d'avoir été présentés en profondeur (Assia, les enfants de Roussanov notamment). La capacité d'introduire des débats d'idées (la place du patient face au médecin, la nature de la lâcheté et de la traitrise, la raison de vivre des hommes...) est également très impressionnante même si par rapport à Tolstoi ou Dostoiveski il parvient moins bien à faire coexister des idées opposées à un même niveau de valeur. - Ce roman rappelle quand même l'incroyable place des femmes dans la société russe avec ici une unité médicale presque intégralement tenue par des femmes. J'ai été également frappé par les propos extrêment critiques et accusateurs formulés dans le livre contre la Russie de Staline, je me demande d'ailleurs si je ne commence pas à voir la liberté d'expression comme quelque chose qui force l'admiration car risquée (et c'est vraiment triste) - J'ai quand même eu l'impression de m'étre davantage questionnée sur la nature de l'homme en collectivité, sur les dérives du pouvoir, et les limites de l'humanité que sur la maladie et la mort qui se cache derrière. Mais je pense que ça découle plutôt de raisons personnelles. Cependant, les développements sur les dilemnes qui se cachent derrière la possibilité de faire survivre qqn au prix de ce qui lui donne le gout de vivre m'ont marqué. - Quelques héros attachants ou dont on se souvient : Roussanov le collaborateur détestable socialiste au premier chef sauf quand il s'agit de sa personne, Oleg l'ancien prisonnier de camp et désormais exilé qui recherche la vérité, pointe du doigt les dérives stalinistes et voudrait décider des modalités de son traitement et enfin Vera la médecin célibataire extrêmement professionnelle mais également sensible. - L'histoire d'amour entre Oleg et Vera m'a touché et pour cette raison j'ai lu un peu entre les lignes les dernières pages du roman tellement la décision d'Oleg m'a été insupportable