L'enfant océan : Le livre de Jean-Claude Mourlevat

Les multiples raisons qui justifient mon attachement à ce roman méritent une analyse approfondie. En premier lieu, Yann, le protagoniste, s'impose comme une figure centrale d'une richesse psychologique captivante, dévoilée progressivement au fil de l'intrigue. Bien que sa petite taille et sa fragilité puissent sembler le désavantager, il incarne avec brio le courage et la détermination. Yann transcende les normes établies, portant des valeurs telles que l'entraide et l'empathie, tout en illustrant avec force qu’il est essentiel de refuser toute forme de maltraitance parentale. Sa rébellion face aux règles oppressives imposées par son père offre une puissante leçon de résilience aux jeunes lecteurs, les invitant à envisager la désobéissance comme une nécessité lorsque leur intégrité physique ou psychique est en péril. Par ailleurs, les thématiques abordées dans le roman, telles que les liens fraternels, la quête du bonheur et la dénonciation de la maltraitance infantile, se distinguent par leur intensité émotionnelle et leur universalité. L'auteur parvient à nous plonger dans la peau d’un enfant prêt à risquer sa vie pour préserver celle de ses frères. Cette immersion narrative aiguise notre empathie et suscite une profonde compassion envers ces sept jeunes garçons, condamnés à affronter un père tyrannique. Une autre dimension fascinante du récit réside dans son intertextualité. L’œuvre dialogue subtilement avec deux contes majeurs : Le Petit Poucet de Charles Perrault et Le Vilain Petit Canard de Hans Christian Andersen. Tout comme dans Le Petit Poucet, les frères, au nombre de sept, vivent dans une extrême pauvreté et sont conduits à fuir leur foyer. Yann, à l’instar du canard stigmatisé pour sa différence, trouve sa singularité dans son amour pour l’apprentissage. Ces parallèles enrichissent la lecture, tout en offrant aux lecteurs des repères culturels qui amplifient leur compréhension du texte. Enfin, la subtile alchimie entre réalisme et fiction confère au roman une profondeur particulière. Bien que les événements décrits relèvent d’une narration fictive, les enseignements qu'ils véhiculent s’ancrent dans des réalités universelles. L’importance de vivre en harmonie avec ses aspirations, de préserver l’unité familiale et de cultiver des valeurs telles que le partage et l’amour, illustre magistralement la portée éducative de cette œuvre. Ce mélange harmonieux m’a captivé et m’a permis d’apprécier pleinement cette lecture. Pour conclure, je recommanderais volontiers ce roman à mes futurs élèves. Il constitue un outil précieux pour explorer des thématiques fondamentales et incite à réfléchir sur le courage, l’altruisme et la quête de liberté. De surcroît, la fin ouverte de l’histoire, laissant libre cours à l’imagination, favorise des discussions enrichissantes et renforce l’intérêt pédagogique de ce chef-d’œuvre littéraire.

Jean-Claude Mourlevat parvient à raconter une intrigue pour la jeunesse avec pas moins de trente-et-un narrateurs successifs avec chacun leur ton, leur vocabulaire, leur syntaxe et surtout leur caractère romanesque saisi en quelques mots. S'enchaînent ainsi les témoignages de Nathalie Josse, assistante sociale, Marthe Doutreleau, la mère, Louis Doutreleau, le père, Fabien Doutreleau, le frère aîné, Daniel Sanz, routier, Rémy, le frère aîné jumeau, Jean-Michel Heycken, écrivain, Agathe Merle, la voisine de l'écrivain, Victor Doutreleau, le benjamin, Michèle Moulin, la boulangère, Pierre Doutreleau, le cadet, Paul, son jumeau, Dominique Etcheverry, gendarme, Pascal Josse, le mari de Nathalie Josse, Fabien Doutreleau, l'ainé, Rémy Doutreleau, son jumeau, Colette Faure, Max Doutreleau, le benjamin, Victor, son jumeau, Valérie Massamba, étudiante, Pierre Doutreleau, le cadet, Paul, son jumeau, Gérard Farmangeon, commerçant, Fabien Doutreleau, l'aîné, Émile Ducroq, épicier, Thierry Viard, chômeur, Gilles Faivre, l'industriel, Rémy Doutreleau, l'aîné, Xavier Chapuis, adjudant-chef de gendarmerie, Yann Doutreleau, Jean Martinière, officier pont. Dans la campagne en Dordogne, près de Périgueux, Yann Doutreleau est le petit dernier d'une fratrie de sept, les deux aînés ont quatorze ans, les suivants treize et les derniers, onze ans. Une nuit que Yann a entendu son père dire qu’il allait tuer les sept dès le lendemain matin, Yanna alerte ses frères et ils s'enfuient. --- --- --- “Jean-Claude Mourlevat est un auteur français né à Ambert (Puy-de-Dôme) le 22 mars 1952. Il est particulièrement connu pour ses romans destinés à la jeunesse, pour lesquels il est multiprimé, notamment par le prix commémoratif Astrid-Lindgren. Jean-Claude Mourlevat passe son enfance en Auvergne. En 1962, il devient interne au lycée Blaise Pascal d'Ambert où il reste jusqu'à l'obtention de son baccalauréat, il évoque par la suite cette partie de sa vie dans un roman autobiographique, Je voudrais rentrer à la maison. Il poursuit ses études supérieures à Strasbourg, Toulouse, Bonn et Paris. Il obtient le CAPES d'allemand, langue qu'il enseigne de 1976 à 1985, d'abord au collège climatique de La Bourboule, puis à Hambourg, et enfin au collège de Cany-Barville où il reste cinq ans. Il choisit à cette époque de se consacrer au théâtre et crée alors deux solos clownesques, joue des tours de magie plus de 600 fois en France et un peu partout dans le monde. Il passe ensuite à la mise en scène de pièces de Brecht, Cocteau ou Shakespeare, avant de se consacrer à l’écriture. En 1997, il publie son premier roman, Histoire de l'enfant et de l'œuf.. Il est l'auteur entre autres de La Rivière à l'envers (2 tomes), L'Enfant Océan, La Balafre, Le Combat d'Hiver, Le Chagrin du roi mort, romans dont plusieurs sont couronnés de prix littéraires décernés par des jurys de jeunes lecteurs ou d'adultes, tels que le prix des Incorruptibles ou le prix Sorcières, qu'il a obtenus plusieurs fois. Jean-Claude Mourlevat est aujourd'hui un auteur traduit dans une vingtaine de langues (...) Son roman Terrienne a obtenu en 2011 le prix Utopiales européen jeunesse, en 2013 le prix Farniente et le prix Ados Rennes/Ille-et-Vilaine, ainsi qu'une quinzaine d'autres récompenses. En 2013, il est ambassadeur des Pépites 2013 lors du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil (Seine-Saint-Denis), avec Catherine Meurisse comme ambassadrice. En 2020, il est sélectionné pour la dixième année d'affilée (depuis 2011) pour le prestigieux prix international suédois considéré comme le prix Nobel de la littérature jeunesse, le prix commémoratif Astrid-Lindgren, dont il est lauréat en 2021 et le premier Français à le remporter. De notoriété internationale, Jean-Claude Mourlevat a effectué une tournée à Seattle en 2019 et a participé au premier salon littérature jeunesse du Nord-Ouest américain, Litt. Jeunesse, organisé à Seattle par l’association Made in France en 2021. En 2018 il publie le roman jeunesse Jefferson, du nom du hérisson qui poursuit des enquêtes. L'ouvrage est récompensé de plusieurs prix, dont le Prix des libraires du Québec 2019 catégorie jeunesse, et le prix Bernard Versele 2020. Le roman est suivi en 2022 par Jefferson fait de son mieux, puis en 2023 par Jefferson se fâche.” source : Wikipédia --- --- --- Jean-Claude Mourlevat adapte le conte du Petit Poucet en choisissant la version de Charles Perrault dans lequel c'est le père qui est résolu à perdre ses enfants. Le couple de campagnards est résolument frustre et violent et le Petit Poucet n'a aucun mal à entraîner ses frères dans leur fugue et leur aventure jusqu'à l'océan, près duquel ils seront prisonniers de l'ogre, un industriel bordelais sans cœur et sans morale. Quelle absolue maîtrise du roman pour la jeunesse !

J’ai dû lire ce livre pour mes études à la HEP. Je l’ai lu d’une traite, en moins de deux heures – si seulement tous les livres pouvaient se lire aussi vite, j’aurais une excellente culture littéraire ! J’ai beaucoup aimé la polyphonie du récit, ça lui donne une petite touche unique qu’on ne retrouve pas partout. Le parallèle avec Le Petit Poucet est aussi sympa, ça permet de revisiter les contes de Perrault de manière originale.