Nous sommes l'étincelle : Le livre de Vincent Villeminot

Début 2025, les jeunes européens désertent la société. Ils quittent les villes pour se réinventer une vie loin du chômage, du mépris des politiques, des violences policières, des injustices sociales … 35 ans plus tard, trois enfants sont enlevés par des braconniers au cœur d’une forêt du sud de la France. L’intrigue commence ici. Un roman qui frôle le réel à en donner le tournis, qui recentre les êtres humains face à la puissance de la nature, qui n’oublie jamais de donner sa place à l’amour et à l’espoir. L’écriture est vive, haletante, rythmée. C’est un livre à lire et à relire !

J’ai eu un peu de mal au début à suivre les différentes timelines (on suit plusieurs personnes à 3 époques différentes) mais tout prend sens à la fin et c’est vraiment bien mené. C’est un roman assez dur, une plume très brute mais qui donne, à mon sens, une vision réaliste des révolutions pacifistes. Et on est très loin de l’utopie rêvée même si on l’aperçoit dans les paroles ou dans les citations de l’essai fictif Do Not Count on Us. C’est d’ailleurs l’idée principale de ce texte : Toute une partie de la population, majoritairement des jeunes, décide de renier le système dans lequel ils ont grandi pour construire leur propre société autarcique. On ne doit plus compter sur eux pour faire tourner notre système malsain. Cela démarre d’un mouvement pacifiste comme on a pu en connaître mais l’auteur extrapole pour en deviner la suite, le futur optimiste bien que dur et réaliste. Il montre comment des valeurs deviennent des rêves puis se réalisent différemment de ce que l’on imaginait à la base et surtout, comment garder notre vision de départ quand le monde s’effondre. L’univers est très fourni avec l’invention de lois, un gouvernement fermé aux discussions par rapport aux villages de marginaux pacifistes… Attention, on est sur un texte dur avec des passages de VSS ou de violences policières, notamment. C’est un roman qui parle de survivalisme et de résilience mais aussi de reconnection à la nature, , d’acceptation de la différence et de lien avec le système. Bref, c’est un roman young-adult qui pourrait être lu par des adultes, qui pousse à imaginer le futur qu’on veut avoir et à choisir : est-ce qu’on veut faire les choses biens quitte à supprimer une partie de notre confort ou rester dans un système confortable mais qui nous asservit ?

“Nous sommes l’étincelle” a reçu le prix du roman d’écologie. Mais pas besoin d’être écologiste pour l’aimer ! C’est une histoire extrêmement prenante (plus on avance dans la lecture, et plus on voit avec tristesse le peu de pages qu’il nous reste à lire…), très bien rythmée et qui nous tient en haleine tout du long. L’histoire se passe en partie en 2061 et c’est passionnant et met en scène une séparation qui s’est faite chez une partie de la jeunesse 36 ans plus tôt - une partie d’entre elles ayant choisi de s’en aller vivre dans la nature. Reste qu’une succession d’événements vont arriver et nous faire vibrer avec les personnages auxquels nous nous attachons au fil des pages. Attention, certain passages pourraient bouleverser certains élèves du fait d’une certaine violence donc je conseille plutôt ce roman à des élèves de 4ème, voire 3ème. Un coup de coeur.

2061, Montana, Dan et Judith pêchent au bord de la rivière, au cœur de la forêt qu’ils ont toujours connue. Ils se font capturer par un groupe de braconniers sans scrupules. Qui sont ces ennemis, ces soi-disant « cannibales » ? Et qui est cet homme dans les arbres qui tente de les sauver ? Avec des va-et-vient sur trois générations, entre passé et présent, l’histoire se démêle petit à petit. On remonte aux origines de cette vie dans la forêt. Cette révolte, cette étincelle qui a poussé certains à se reconstruire dans un ailleurs loin de cette société, dans cette forêt hostile, mais si belle. Le récit pousse à se questionner. Il nous plonge dans cet avenir proche et soulève toutes ces idées, ces ambitions, ces rêves d’une vie autre et meilleure. Mais cette vie utopique est-elle vraiment la solution ? Ce n’est pas un roman sur une révolution. C’est un roman sur le retour à la nature, le retour aux sources. C’est une lecture pleine de réflexion, qui nous interroge sur nous-mêmes, sur nos choix de vie, une parole engagée et poétique, mais surtout nécessaire face à ce futur incertain.