Shuggie Bain : Le livre de Douglas Stuart
Glasgow, années 1980, sous le règne de fer de Margaret Thatcher. Agnes Bain rêvait d'une belle maison, d'un jardin et d'un homme qui l'aime. À la place, son dernier mari la laisse dans un quartier délabré de la ville où règnent le chômage et la pauvreté. Pour fuir l'avenir bouché, les factures qui s'empilent et ses illusions perdues, Agnes va chercher du réconfort dans l'alcool. L'un après l'autre, tous les siens l'abandonnent, pour se sauver eux-mêmes. Un seul s'est juré de rester, coûte que coûte, de toute la force d'âme de ses huit ans : Shuggie, son plus jeune fils. À l'école, on dit qu'il n'est pas " net ", trop doux, bref, différent... Agnes le protégerait si l'alcool n'avait pas le pouvoir d'effacer tous ceux qui vous entourent, même un fils adoré. Mais qu'est-ce qui pourrait décourager l'amour de Shuggie ?
- Lauréat du Booker Prize 2020.
- Finaliste du National Book Award Fiction.
- Meilleur livre de l'année des New York Times, Washington Post, The Economist, Time, The Independant, The Daily Telegraph.
De (auteur) : Douglas Stuart
Traduit par : Charles Bonnot
Expérience de lecture
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Avis Babelio
Aline1102
• Il y a 3 semaines
Hugh « Shuggie » Bain est un petit garçon pas tout à fait comme les autres qui grandit dans le Glasgow des années 80, entre une mère alcoolique, et un frère (Alexander, dit « Leek ») et une sœur (Catherine) qui n’attendent que le bon moment pour quitter la maison. Agnes, la mère des enfants, ne travaille pas, le père de Shuggie l’a quittée et la petite famille ne (sur-)vit que grâce aux allocations familiales et d’invalidité. Du moins, quand Agnes ne s’empresse pas de les dépenser en bière et vodka. Entre le harcèlement scolaire dont il est victime du fait de ses manières efféminées et le comportement de sa mère, la vie de Shuggie n’est donc ni simple ni joyeuse. Shuggie Bain rappelle, par beaucoup de côtés, le roman autobiographique de Frank McCourt, Les cendres d’Angela. Même misère de l’existence, même ambiance familiale problématique, mêmes excès. Agnes se berce d’autant d’illusions que Malachy McCourt, croyant que tout lui est dû et que si ça ne lui a pas encore été donné, c’est parce qu’on (ses ex-maris, ses voisines, les maris de ses voisines, etc.) lui en veut d’être supérieure à la Terre entière. Manipulatrice, parfois cruelle et prête à tout pour une goutte d’alcool, Agnes est la « méchante » idéale, la mauvaise mère qu’on adorerait détester. Et pourtant… On ne peut s’empêcher de la plaindre et d’éprouver une certaine compassion pour cette femme plus qu’imparfaite avec laquelle il est vrai que le destin s’est parfois montré injuste. Sa vie, qui nous est relatée par petites touches au fil du roman, n’a été qu’une suite de mauvais choix et qu’un défilé d’hommes qui ont profité de ses faiblesses. Si « Big Shug », le père de Shuggie, est particulièrement idiot et fondamentalement malhonnête, celui qui remporte le prix du pire mec qu’Agnes pouvait trouver est Eugene. [masquer] Alors qu’Agnes était sobre depuis un an, Eugene est vexé de devoir boire seul et pousse Agnes à replonger : elle s’enivre et les efforts consentis jusqu’alors sont réduits à néant. Elle ne s’en sortira plus jamais. Et ce crétin d’Eugene a encore le culot de la quitter car « Il ne l’aime pas quand elle boit »… [/masquer] Petit à petit, le mépris que l’on ressent pour Agnes se transforme en sentiments plus flous. Comme ses enfants, on comprend qu’elle n’est pas seulement faible, qu’elle ne souffre pas d’un manque de volonté, mais qu’elle est gravement malade. Mais la pitié ressentie pour Agnes n’est pas tout et le comportement qu’elle adopte avec ses enfants est souvent révoltant. Shuggie, le héros discret de l’histoire, se retrouve souvent seul à devoir prendre soin d’une adulte ivre morte et à assumer les diverses conséquences de la vie que sa mère lui fait mener. Intelligent, le garçon va pourtant rarement à l’école, car il doit surveiller sa mère : l’empêcher de boire, de fréquenter les mauvaises personnes, de se faire du mal. Ce petit bonhomme assume dès l’âge de 7 ans des responsabilités d’adulte. Et le roman se trouve assombri par tous ces événements, par la description de la vie quotidienne des enfants Bain et des excès d’Agnes. Le roman se termine comme il a commencé : sur une note douce-amère. [masquer] Agnes meurt, Big Shug a disparu dans la nature et ne donne plus signe de vie, Catherine vit en Afrique du Sud depuis de nombreuses années, Leek vit dans le sud du pays et Shuggie se retrouve livré à lui-même.[/masquer] Mais quelques notes positives viennent, comme un rayon de soleil, illuminer un récit par ailleurs fort sombre : [masquer] Catherine est maman, Leek a rencontré une jeune femme avec laquelle il envisage un avenir, et Shuggie est devenu ami avec Leanne, une jeune fille qui, comme lui, a une mère alcoolique et qui est donc probablement la seule à comprendre les sentiments compliqués que Shuggie a toujours éprouvé pour Agnes. [/masquer] J’aurais aimé en savoir plus sur le destin des divers personnages, un épilogue aurait donc été bienvenu. Mais malgré l’absence d’une telle conclusion, je ne peux pas dire que je sois déçue par la fin du roman. Car même si ce fut une lecture difficile par moments, Shuggie Bain est un roman merveilleux et incroyablement bien écrit (il faut d’ailleurs souligner au passage l’excellentissime traduction de Charles Bonnot qui a fait un travail absolument formidable !)
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782266323543
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 576
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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9,90 € Poche 576 pages