Vivre avec son passé - Une philosophie pour aller de l'avant : Le livre de Charles Pépin

Ce texte souligne l'importance de la mémoire et du passé dans la construction de notre identité et notre bien-être.. Il s’appuie sur l’idée de Bergson selon laquelle tout souvenir est une reconstruction dynamique, influencée par nos émotions et les récits d’autrui, et explique que même un souvenir « oublié » reste en arrière-plan et continue d’agir sur notre perception du monde. L’auteur met en garde contre l’évitement du passé, qui, au lieu de l’effacer, se manifeste souvent sous forme de fatigue ou d’angoisse, en mobilisant une énergie qui finit par nous épuiser. Par ailleurs, le texte insiste sur la transmission silencieuse du passé à travers les habitudes familiales et sur la nécessité de reconnaître cet héritage pour le dépasser et s’en servir afin de créer du nouveau. En évoquant le renouveau dans la vie amoureuse, il explique que se réinventer ne signifie pas rompre avec son histoire, mais plutôt intégrer et transformer ce passé pour avancer de façon authentique. Enfin, l’idée d’intervenir sur nos souvenirs via la plasticité cérébrale et l’acte de pardonner y est présentée comme un moyen essentiel de se libérer du ressentiment et de retrouver la légèreté nécessaire pour évoluer. Essai très instructif !

Ne pas rejeter le passé, ne pas s'y complaire, mais faire la paix avec lui pour en tirer des forces, tels sont les pistes que Charles Pépin dévoile et développe tout au long de cet ouvrage.  Au travers d'exemples où figurent des rescapés des camps d'extermination, de massacres (Bataclan) ou de guerres, mais aussi sa propre expérience de deuil, il montre comment regarder son passé en face, pardonner à ceux qui nous ont offensé et prendre le présent à bras le corps permettent d'avancer !  Ne pas oublier le passé non plus, car il reviendra plus durement encore, mais faire la paix avec les mauvais souvenirs, mauvaises expériences et autres chagrins d'amour pour positiver sur leurs apports ... et éviter de retomber dans les mêmes écueils.  Bref un livre salutaire malgré quelques longueurs !  Je remercie Babelio et les Editions Pocket qui m'ont offert cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique de février. 

« Il faut oublier, tout peut s’oublier », chantait Jacques Brel. « Tout ne peut pas s’oublier », affirme Charles Pépin. Cette affirmation est appuyée par des sources et des références fiables. Les neurosciences démontrent aujourd’hui que notre mémoire constitue une collection de souvenirs influençant notre quotidien. Si nous devons vivre avec notre passé sans y demeurer, c’est grâce à la plasticité de notre mémoire qui nous permet d’envisager l’avenir. Cet ouvrage n’est pas un manuel de développement personnel, il intègre réflexions philosophiques et littéraires, incluant les travaux de Bergson, Freud, Semprun, Eribon, entre autres, ainsi que la démonstration ou l'évolution de leurs théories respectives. Avec une écriture fluide et une structure de pensée bien organisée, Charles Pépin offre à ses lecteurs les outils nécessaires pour adopter « une philosophie pour aller de l’avant ». Merci à Babelio pour cette découverte.

Charles Pépin est devenu un compagnon de pensée. Je l'ai connu avec La rencontre, une philosophie. J'aime sa plume légère et imagée qui disserte sur l'échec, la confiance en soi et cette fois, le passé. À mon âge presque vénérable, lire ce nouvel essai pratique a été l'occasion de mesurer la place que prend le passé au crépuscule d'une existence. Et d'en mesurer l'action consciente et insue. J'ai surtout retenu le sous-titre du livre, "une philosophie pour aller de l'avant". Le passé est bien en moi, mais je n'y pense guère, tellement le présent m'absorbe, tremplin vers l'à venir. Si le passé revient, c'est par bouffées, souvenirs réveillés par une conversation, un lieu, une odeur. Je me rappelle et je refais l'histoire, puisque nous sommes de grands créateurs de souvenirs réaménagés. J'ai un faible pour le terme "réminiscence", renvoi de la mémoire. Je me fie à elle pour raviver le nécessaire et conserver le dispensable, mobilisable selon les circonstances et les états émotionnels. Voilà ce que je garde précieusement de ma dernière entrevue avec Charles, le philosophe voyant clair.