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Les histoires criminelles qui ont secoué la France
Publié le 17/03/2025 , par 10 x 18

Tout le monde connaît l’affaire du petit Grégory et celle plus récente de Xavier Dupont de Ligonnès. Mais avez-vous entendu parler du tortionnaire d’Appoigny ou de Carole Prin ? Dans une nouvelle collection de True Crime, les éditions 10/18 et le journal Libération explorent des faits divers peu connus, qui, pourtant, ont marqué leur époque. Le pari est lancé : parcourir le territoire français à l’aune de ses histoires criminelles.
Les affaires criminelles qui ont marqué la France, une nouvelle collection de livres
Après une première collection de True Crime lancée avec Society en 2023 sur les affaires criminelles américaines, les éditions 10/18 s’attaquent à un terrain plus familier : le territoire français. Cette fois-ci, ce sont les journalistes de Libération qui rouvrent les dossiers des enquêtes et partent à la chasse aux témoins.
Où que vous viviez en France, vous reconnaîtrez les noms des villes, des monuments, parfois même des rues. Dans un décor si coutumier, le fait divers n’en devient que plus malaisant. Ces crimes se sont déroulés à quelques kilomètres de chez vous. Ce meurtrier, ça pourrait être votre voisin.
Les deux premiers livres de la collection, Les suppliciées d’Appoigny et La disparue du cinéma, prennent place dans l’Yonne et à Strasbourg. Quels seront les prochains territoires concernés ? En attendant, on vous laisse découvrir ces deux affaires criminelles qui ont secoué la France.
1984, Appoigny : la maison de l’horreur de l’Yonne
Un fait divers d’une violence extrême
Appoigny est une banlieue sans histoires d’Auxerre, où les faits divers se résument aux inondations. Claude et Monique Dunand y habitent dans les années 1980, dans un pavillon ordinaire. C’est un couple d’apparence banale, tout à fait normal. En somme, Monsieur et Madame Tout le monde.
Lorsque la jeune Huguette, 18 ans, se présente à leur demeure en octobre 1983, elle espère y trouver un travail. Elle qui vient de la DDASS, la petite annonce promettant un boulot facile est une chance inespérée. Jusqu’au moment où l’espoir vire au traquenard.
Séquestrée dans la cave du pavillon, Huguette est torturée et violée par le propriétaire des lieux et par des dizaines de clients. Pendant 3 mois, elle se retrouve prisonnière d’un cauchemar qui dépasse l’entendement. Quand elle parvient à s’échapper, elle raconte un calvaire terrible à la police.
À Auxerre et partout en France, c’est la sidération. Le déferlement de sauvagerie humaine qui s’est produit dans la maison de l’horreur laisse pantois. Comment un couple d’apparence si ordinaire a-t-il pu mettre en place une telle horreur ? C’est impossible, impensable.
Le couple tortionnaire est arrêté et avoue tout. L’abominable cerveau de cette opération, Claude Dunand, écope de la prison à perpétuité. Monique, sa femme et complice, s’en sort avec 6 ans d’enfermement. Comment est-il alors possible que Claude Dunand soit relâché à peine 10 ans plus tard ? Et que la trentaine de clients ayant participé aux tortures et aux viols n’aient jamais été appréhendés alors même qu’un carnet d’adresses contenant tous les noms avait été saisi par la police ?
Une histoire criminelle qui dépasse le fait divers
Ce fait divers sordide est raconté dans Les suppliciées d’Appoigny par Sabrina Champenois, journaliste et critique de polars au journal Libération. Elle y raconte le calvaire subi par Huguette, mais aussi par Michaëlla, une autre victime détenue par les Dunand au même moment.
Les premiers chapitres exposent l’effroyable machination pour attirer Huguette et Michaëlla dans les griffes du couple. S’ensuivent les viols et les tortures, à peine soutenables. Mais c’est la suite qui fait la véritable force du livre de Sabrina Champenois, à partir du moment où les deux criminels sont arrêtés.
Si Dunand sort aussi vite de prison, c’est parce qu’il serait protégé. Si aucun des clients tortionnaires n’a été appréhendé, c’est parce qu’il y aurait parmi eux des notables et des personnalités puissantes, très puissantes. Claude Dunand avoue tout, sauf les noms de ses bienfaiteurs. La loi du silence.
L’affaire Dunand, c’est avant tout l’affaire d’un système. Elle fait immédiatement penser à une autre affaire, similaire, s’étant déroulée dans le même département, à quelques années d’écart. Celle d’Emile Louis, dit le « boucher de l’Yonne ».
Les points communs entre ces deux affaires ? Des victimes vulnérables, issues des milieux défavorisés de la DDASS ou de centres de handicapés. Un sentiment total d’impunité de la part des coupables. Une justice désintéressée qui accumule les dysfonctionnements.
Les suppliciées d’Appoigny, c’est l’histoire d’une affaire criminelle qui dépasse le simple fait divers pour dénoncer les rouages de tout un système corrompu. Des zones d’ombres restent. Ce qui rend le travail d’enquête journalistique d’autant plus crucial.
1995, Strasbourg : une femme enceinte disparaît sur le chemin de la clinique
Une affaire criminelle digne d’un film à suspense
17 mai 1995. Carole Prin, sur le point d’accoucher, appelle le futur papa pour le prévenir qu’elle se rend à la maternité. Seulement, quand Roland Moog arrive à la clinique, aucune trace de Carole, qui ne s’est jamais enregistrée. Tout le monde panique, les heures passent. Rien à faire : Carole Prin s’est volatilisée.
Pendant les jours qui suivent, la police est mobilisée, Roland Moog effondré. Ce dernier est pourtant le premier suspect, le dernier à avoir vu Carole vivante. Dans les histoires de meurtres, le coupable est souvent un proche, presque toujours le conjoint.
D’autant plus que Roland Moog affiche une personnalité bizarre et labyrinthique. Froid, distant, cet homme a l’air de compartimenter sa vie de manière étrange. Carole Prin travaillait dans le même cinéma que Roland depuis des années. Pourtant, aucun de leurs collègues ne savent qui est le père du bébé que Carole attend. De même, Roland n’a jamais parlé de Carole à ses parents.
Plus les inspecteurs creusent, plus le personnage se révèle déroutant. Roland Moog est égocentrique et dissimulateur. Il ment à ses parents, il ment à ses amis, il ment à ses collègues. On se doute qu’il a menti à Carole également. Mais sur quoi ? La police ne trouve aucune preuve pour incriminer Roland, pas plus qu’un cadavre.
Quatre ans plus tard, alors que l’enquête patauge, des os humains sont découverts dans une malle. Ce sont les restes de Carole et de son bébé. Le meurtrier est rapidement retrouvé. Pièce par pièce, le puzzle se reconstruit. Alors, cette fois-ci, était-ce encore le mari ?
Une histoire rocambolesque passée au crible de Libération
Dans le livre La disparue du cinéma, le journalise Guillaume Tion, responsable adjoint des pages Société de Libération, dénoue les fils de cette histoire criminelle. À la lecture, on oublie qu’il s’agit d’un fait divers réel, tant l’intrigue paraît sortie d’un scénario de film.
Entre l’enquête journaliste et le thriller, ce True Crime tourne autour de la personnalité dérangeante de Roland Moog, sans jamais parvenir à la saisir pleinement. Les rebondissements s’enchaînent, à peine croyables. Qui est réellement Roland Moog ?
Lui-même se définit comme quelqu’un de serviable, toujours prêt à aider les autres. Sur ce point-là, il a raison : il aide tellement les autres qu’il en oublie souvent Carole. Roland est aussi passionné par son métier de projectionniste au cinéma, qu’il fait passer avant tout. Au point de se croire dans un film et de prendre ses mensonges pour une réalité ?
Dans son livre, Guillaume Tion décortique la personnalité fascinante de Roland Moog, essayant de faire la lumière sur les nombreuses zones d’ombres qui subsistent. Il retrace le fil de l’enquête et la progression à petits pas des enquêteurs après quatre années de chou blanc.
Car lorsque le corps de Carole Prin et de son bébé sont découverts, Roland Moog, acculé, se met à parler. Mais il raconte ce qu’il a envie de raconter. Il dévoile des informations au compte-goutte, contradictoires et changeantes. Quel a été le véritable rôle de Roland dans cette histoire criminelle ? Quelle est la part de mensonge dans son récit ? À vous d’en juger.
True Crime américain : la collection lancée avec Society
Si les faits divers français ne vous suffisent pas, explorez le True Crime américain avec Society. De l’état du Mississippi au Montana, les histoires criminelles se multiplient mais ne se ressemblent pas. Un serial killer digne du Zodiac, une mère accusée d’avoir tué ses enfants en bas âge, un retraité usurpateur d’identité qui se suicide sans laisser d’empreinte digitale… Les journalistes de Society sont partis aux États-Unis sur les lieux des crimes. Ils ont beaucoup à vous raconter.