Congo : Le livre de Michael Crichton

J'ai découvert Michael Crichton avec Westworld/Mondwest, ce western technologique avec un Yul Brynner, inquiétant en androïde implacable qui pète un câble. Flop commercial et film culte... Je me le suis repassé un paquet de fois. Rayon romans, j'ai snobé Crichton, même si je suis assez fan des Jurassic Park. Ici, il déroule son talent pour un grand récit d'exploration de la jungle équatoriale africaine, dans les Virunga, région riche en gorilles et en volcans. Crichton mélange les genres. On a un gros volet technologique sur les supra-conducteurs et les ordinateurs. Un gros volet diplomatico-commercial avec une course que vont se livrer les Américains, les Japonais et quelques autres. Un gros volet anthropologique avec quelques cannibales croisés et combattus. Un gros volet ethnologique avec une gorille qui parle le langage des signes. Un gros volet politique avec Mobutu aux commandes d'un pays riche en matières premières. Un gros volet volcanique aussi avec une éruption finale. Secouez le tout et vous avez Congo. C'est écrit nerveusement, c'est tendu, dynamique. Crichton a le sens du récit, il sait raconter une (bonne) histoire. Mais surtout, Crichton n'en rate pas une pour dérouler son érudition, mais il le fait avec intelligence, pas en l'étalant stupidement. On sent tout le travail de recherche, de sources, que ce soit sur les ordinateurs, sur les gorilles ou les volcans. Car énormément de ses assertions sont vraies. Crichton y va avec des articles scientifiques sur les singes, mais aussi sur les diamants, ou sur les volcans en fin de tome. Il peut partir dans de longues digressions qui semblent hors sujet, mais qui retombent toujours là où il le faut. le tout forme un roman d'aventures, érudit et documenté, sans jamais perdre le fil et la tension, c'est quand même de la belle ouvrage, il faut le reconnaître. Petit bémol, le récit a un peu perdu en actualité. Lire cela en 2025, 45 ans après les faits relatés, c'est sand doute moins palpitant qu'en 1982 quand le roman est paru. Mais cela reste une très chouette lecture.

Karen Ross se retrouve chargée d'une mission d'étude de la cité de Zinj. Accompagnée de Peter Eliott et son gorille Amy ainsi que de Munro le mercenaire, ils vont aller dans la jungle du Congo à la recherche de la cité légendaire. Michael Crichton était vraiment un bon auteur. C'est bête à dire comme ça mais dès le livre on est happé. On a d'un côté la technologie avec Karen Ross qui est spécialisée en modélisation et de l'autre les animaux avec le spécialiste des gorilles Peter Eliott. Ce qui pourrait apparaitre comme un mauvais départ fonctionne pourtant bien. Chaque personnage de son côté apporte des briques à l'histoire, contradictoire parfois mais pas illogiques. Entre les deux Munro fait montre d'une connaissance extraordinaire en tout au service de sa survie. De manière étonnante c'est probablement le personnage le plus profond de l'histoire. Il arrive à montrer des connaissances sur les gorilles qui supplantent celle du spécialiste mais n'est pas en reste face aux ordinateurs et même aux langues ( il parle plusieurs langues dont celle des porteurs ). L'histoire est bien menée et le suspense présent tout du long. Le livre fait 440 pages dans mon édition de poche et pourtant je ne me suis pas ennuyé une seconde. Un petit bémol ( qui explique les 4 étoiles ) sur la fin qui est assez atroce pour les gorilles gris et la cité de Zinj. Sans spoiler c'est loin d'être un happy end. On notera que la fin permet de mettre en relief les assertions du début ( certains diront tout ça pour ça ). Un autre petit bémol pour le personnage de Karen Ross qui est un peu faible à mon avis. Pas physiquement évidement mais elle a tendance à foncer sans réfléchir tout du long et prendre des décisions marquées par le stress. Pour quelqu'un qui sait bien analyser la situation elle semble perdue plus souvent que les autres. Au final c'est un bon roman. On a de l'aventure et une histoire qui tient la route avec des personnages marquant. Je le conseillerai à tout fan de thriller.