Les Sorcières de Salem : Le livre de Arthur Miller

Poche

Robert Laffont

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" Viscéral et vital. " The Guardian

Lorsque Abigail et une dizaine d'autres jeunes filles sont aperçues dansant nues en pleine nuit dans la forêt, quelques puritains de Salem s'empressent de crier à la sorcellerie. Bientôt, un procès plonge cette communauté de Nouvelle-Angleterre dans la colère et la confusion. Ceux qui sont accusés d'être des oeuvres du démon encourent la potence.
En 1953, alors que l'Amérique est en proie au maccarthysme et à la " chasse aux sorcières ", Arthur Miller écrit une pièce incisive sur un célèbre épisode de l'histoire américaine : le procès qui, en 1692, ébranla la petite ville de Salem, gagnée par une crise d'hystérie puritaine, et se solda par la condamnation de nombreuses personnes soupçonnées de pratiques sataniques et par vingt-cinq exécutions.
Cette oeuvre illustre de façon magistrale comment peut être franchie - à toute époque - la frontière entre raison et folie, justice et fanatisme.

De (auteur) : Arthur Miller
Traduit par : Marcel Aymé

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Expérience de lecture

Avis Babelio

mayim

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

1692, Salem, Massachusetts. Tout part d'une innocente histoire de jeunes filles dansant dans les bois. Innocente, ce n'est peut-être pas tellement le cas mais nous ne pourrons faire que des suppositions sur ce qu'il s'est vraiment passé dans cette forêt. Toujours est-il que, surprises par le père de l'une d'entre elles, les jeunes filles commencent à mentir sur ce qu'elles faisaient. Et ce mensonge s'emballe, prend des proportions gigantesques jusqu'à mener à un procès en sorcellerie et à des condamnations à mort. Cette situation devient très vite le révélateur des personnalités de chacun et de leurs désirs les plus noirs, jusque-là plus ou moins dissimulés. Cette danse dans les bois est suffisamment transgressive pour que certaines en deviennent malades de honte et de culpabilité, quasiment folles. D'autres savent en tirer parti pour régler leur compte. Les dernières suivent et changent de camp en fonction des pressions qu'elles subissent. Le sujet de la pièce est le pouvoir car cette situation vient redistribuer des cartes qui étaient bien définies. Il y a ici de la guerre des sexes et de la lutte des classes. On écoute, on croit, on soigne ceux qu'on voit comme légitimes pour l'être, les autres sont écrasés. Les systèmes politique, judiciaire, religieux et communautaire sont ici pervertis par ceux qui les dirigent et en ont faits des outils pour leur propre ambition. Il est impossible de s'échapper une fois pris entre leurs griffes. Tout est fait pour que, peu importe ce que vous dîtes, vous ayez tort. de ce point de vue, la pièce a un climat étouffant particulièrement réussi. Tout en se targuant de les rechercher, il est finalement bien peu question de vérité ou de justice ici. Ceux qui s'en font les défenseurs sont surtout d'un fanatisme absolu, totalement imbus d'eux-mêmes et d'une superstition terrifiante, qu'ils voient pourtant comme scientifique. La bêtise du pouvoir est sidérante, presque comique à certains moments de la pièce tellement elle est grotesque. Même quand l'accusation s'effondre, il s'agit avant de tout de ne pas perdre la face, de sauvegarder son statut, peu importe si d'autres doivent y perdre la vie. La pièce est une tragédie car la machine à broyer aurait de nombreuses raisons de dérailler et, pourtant, elle avance inexorablement vers la destruction de ses victimes. Malgré cela, le suspense est bien présent, on a envie de croire jusqu'au bout que les choses pourraient se passer autrement. Le texte pose donc des questions morales cruciales : doit-on suivre le plus fort du moment, le sens du vent ? Comment préserver sa conscience et ses valeurs ? Quel est le risque de se mentir à soi-même en pensant agir pour le bien commun ? Comment agir quand on est tiraillé entre son propre bien et celui des autres ? Face à ces questions, toutes les positions de l'être humain se retrouvent dans la pièce : de la soumission la plus totale à la résistance jusqu'à la mort. Les personnages sont merveilleusement décrits, avec des caractères bien trempés. La vertu et la force morale ne se trouvent pas là où elles sont revendiquées le plus fortement. Les dialogues sont vifs et d'une grande tension. Ils permettent en quelques phrases de saisir les pensées sous-jacentes de chacun. Et surtout, la situation est complètement transposable à d'autres qui ont les mêmes enjeux de pouvoir, à d'autres époques. C'était déjà le cas à la création de la pièce en 1953, ça l'est toujours aujourd'hui, il suffit d'écouter les actualités… L'auteur a su donner à cet événement historique une portée universelle. Pour moi, c'est un chef d'oeuvre contemporain d'une grande puissance.

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forcevertelit

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

J'ai enfin lu ce classique du théâtre et de la littérature sur les sorcières, une lecture percutante qui doit valoir le détour sur scène. A Salem, il suffit d'un pasteur un peu égocentrique et d'une nièce jalouse pour que tout s'enflamme : jalousie, haine, racisme et accusations de sorcellerie. Accusations sans aucun fondement qui vont mener à un procès retentissant et à de multiples pendaisons, tandis que le lecteur voit bien les mensonges, la bêtise et l'argumentaire en carton pâte de ces juges qui se croient tout puissant. Tandis que certains tentent de faire entendre raison, que d'autres font amende honorable, le reste se laisse embarquer dans cette fausse chasse aux sorcières. Une pièce de théâtre qui tape en plein cœur, cela me met toujours hors de moi de voir comment quelques personnes peuvent utiliser certaines peurs pour manipuler et obtenir ce qu'elles veulent, surtout dans un contexte de méfiance généralisée. C'était une critique du mccarthysme à l'époque et je crains que cela ne fonctionne toujours actuellement... Il faudrait donc peut-être rejouer cette pièce un peu partout pour ouvrir les yeux sur les mécaniques des chasses aux sorcières !

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Verteflamme

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Une pièce lue pour un club de lecture amical, et qui m'a tenue en haleine. J'ignorais presque tout de ces procès historiques en sorcellerie, j'en connaissais à peine le nom, tout au plus avais je entendu celui de Tituba (sur qui Maryse Condé a aussi écrit), personnage victime d'accusations et bien sûr... de l'esclavage, au point d'être en meilleure posture en prison. Les personnages sont nombreux, et dès le début, avec ces affaires d'enfants qui meurent, on sent que la tension est omniprésente, qu'il y a des jeux de serments et de méfiance, d'alliances et de haines, la haine la plus notable étant Elisabeth et Abigaïl, le tout pour le mari d'Elisabeth. Mais c'est bien davantage que la vengeance d'une fille de 18 ans qui se trame : c'est la superstition de prêtres, l'arbitraire de la justice et le surnaturel de la médecine. Le texte est "bien écrit", pas vraiment d'artifices ou de beaux effets de style, il y a des moments assez fins, un style, disons, existant mais discret. En terme de dramaturgie, beaucoup d'entrées et de sorties de personnages dans quatre huis clos successifs, avec la scène du procès aussi (montrer des procès se fait beaucoup au théâtre, au ciné, dans les séries). Tout en ignorant pas mal de chose sur la pièce, je sais qu'elle fut écrite contre le maccarthysme, et, comme on peut avoir l'impression lors d'une enquête de police, le moindre faux pas (un propos, un objet, voire un autre personnage qui réagit d'une certaine manière) peut conduire à la potence. J'ai aussi pu me renseigner sur le titre original, "le creuset" qui se réfère à un "test de sorcellerie", bien que Marcel Aymé (le traducteur, connu comme auteur français) ait choisi un titre plus factuel.

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Kiatoulu

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

La traduction de Marcel Aymé est un bonheur à lire! De base cette pièce est une critique du maccarthysme mais elle peut se lire comme une critique de toute persécution basée sur des croyances, sans preuves, du mal que peut engendrer la crédulité, la peur, les préjugés, la folie des hommes.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782221264294
  • Collection ou Série
    Pavillons Poche
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    256
  • Dimensions
    184 x 124 mm

L'auteur

Arthur Miller

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