Anna Karénine : Le livre de Léon Tolstoi
En gare de Moscou, deux jeunes gens s'aiment au premier regard. Femme d'un haut fonctionnaire, ornement de la société tsariste de son temps, Anna Karénine éblouit le frivole comte Wronsky par sa grâce, son élégance et sa gaieté. À ce bonheur, à cette passion réciproque porteuse de scandale et de destruction, ils ne résistent pas longtemps.
En écho à cette tragédie programmée, on entend toute l'âme d'un peuple et les premiers craquements de l'empire russe en train de se lézarder. L'inoubliable Anna Karénine, c'est l'apogée du génie littéraire de l'auteur de Guerre et paix.
De (auteur) : Léon Tolstoi
Traduit par : Anonyme
Expérience de lecture
Avis Babelio
clementnosferalis
• Il y a 2 semaines
Sur les grands chefs-d’œuvre, il faut éviter de dire des banalités. D’ailleurs, on n'écrira rien de neuf dessus, puisque depuis un siècle les écrivains et les universitaires dépècent l'ouvrage pour nous montrer son génie dans les moindres détails (de même, on ne dira rien de neuf sur Don Quichotte, sur les pièces de Shakespeare ou sur Dante). On ne peut noter que de petits éléments qui, espère-t-on, donneront aux gens l’envie de le lire, ou de le relire, ou de réfléchir à nouveau dessus. "Anna Karénine" est un monument littéraire, puisqu'il s'agit d'une immense fresque sur la Russie de la fin du XIXème siècle. Cette fresque ne se fait pas sur un modèle à la française ; même si l'histoire d'Anna fait penser à Emma Bovary (l'adultère, le suicide), il ne s'agit pas ici d'un roman centré sur Anna, mais d'un roman familial à l'anglaise ; d'ailleurs, le personnage central du roman est en réalité Lévine, sur lequel sont consacrées le plus grand nombre de pages et surtout la partie conclusive, avec sa révélation philosophique et mystique qui en fait le porte-parole spirituel de Tolstoï. Certains semblent croire que le roman fonctionne par antithèse : le couple malheureux Anna-Vronski contre le couple heureux Kitty-Lévine, la ville contre la campagne, avec comme matrice politique l'opposition du livre 6 entre conservateurs et progressistes, lors de la longue scène d'élection. C'est à mon avis très réducteur : ce roman fonctionne par prolifération. Aux couples centraux doivent se rajouter celui entre Stepan et Dolly (enjeu du livre 1), ou encore celui entre les parents de Kitty. Dans l'opposition politique entre progressistes et conservateurs, on remarque que Lévine, qu'on croirait plutôt progressiste, a en réalité de l'affection pour le sortant conservateur, et vote même pour lui par inadvertance. L'opposition entre ville et campagne se redouble de l'opposition entre Saint Pétersbourg et Moscou, entre la campagne disposant d'outils industriels et celle qui demeure dans un état primitif. Un éventuelle distinction entre noblesse et peuple ne passe pas non plus, puisque la noblesse apparaît en cours de ruine et que ce sont de grands propriétaires issus du peuple qui rachètent leurs terres ; de toute manière, tout est vu par les yeux de la noblesse, et particulièrement de Lévine, noble qui se mêle avec le peuple, refuse la séparation de classe. L'opposition entre Russie et étranger subit aussi des variations, puisque le passage en Italie des amants adultères ne donne pas lieu à une comparaison entre les pays, et que les discours des personnages montrent bien les différences de rapport avec la France, l'Angleterre, la Pologne, les pays slaves, etc. Comme je le disais plus haut, le véritable héros du roman est Lévine. Pourtant, ce n’est pas lui qui donne son nom au roman, et beaucoup de personnes avec qui j’ai discuté du livre m’ont dit que plusieurs passages le concernant les avaient ennuyés ; il me semble que, dans l’imaginaire littéraire, c’est surtout l’histoire d’Anna qui est restée marquante. Il faut dire que, chez nous Français, les romans d’adultère sont en quelque sorte le cœur du genre ; l’arc narratif d’Anna nous maintient dans nos habitudes de lecture ; c’est avec lui qu’on ressent le plus d’empathie, et le plus d’émotions. Somme toute, si l’on enlevait l’histoire de Lévine, on aurait un excellent roman à la française. Mais c’est la conjonction de toutes ces histoires qui fait la saveur et la puissance de ce roman ; par exemple, le livre 4, qui est un sommet d’émotion et, personnellement, m’a mis dans tous mes états, n’atteint ce sommet que grâce à la concordance entre la maladie d’Anna après son accouchement et la tension pour savoir si Lévine va prendre se décider à refaire une demande de mariage à Kitty. La scène de demande, par messages cryptés, est d’ailleurs une des plus belles de la littérature. A côté de cela, on a aussi les passages annexes : le frère de Lévine et son échec philosophique, son couple avorté avec Varenka, le portrait d’Anna fait par le peintre Mikhaïlov en Italie, qui donne lieu à une réflexion esthétique, etc. C’est cette manière dont la trame apparemment centrale est trouée d’éléments disparates et fascinants, qui fait à mon sens la beauté de ce livre. Voilà donc tout ce que je peux dire pour enjoindre à lire, relire ce livre ou simplement à réfléchir à nouveau dessus. Après des années avec peu de temps, où j’ai surtout lu des livres courts, essentiellement dans les transports, repasser aux lectures de longue haleine m’a causé un grand plaisir. Ces romans basés sur la prolifération d’intrigues, de personnages et de réflexions, font entrer dans une sorte d’état calme et serein. Somme toute, même sans adhérer à la révélation existentielle finale de Lévine, on se sent, à la fin, aussi serein que lui.
Caecilae
• Il y a 3 semaines
De temps en temps je me dis "tiens voilà un classique que je n'ai pas lu" et je me lance avec parfois un peu d'appréhension. Et encore une fois je n'aurai pas due douter, c'est un bijou ce roman! Je suis toujours très étonnée de découvrir des thèmes si modernes dans les classiques. il y a des réflexions superbes sur le couple, la parentalité, le sexisme, etc. Si le roman est effectivement très long je trouve qu'il est facile à lire, les chapitres sont cours et on change régulièrement de point de vue. Vraiment je vous le conseille !
emilie475
• Il y a 3 semaines
J’ai passé un mois avec Anna Karenine, et bien que je puisse résumer toute l’histoire en 10 minutes, je ne me suis pas ennuyée une seconde pendant les 1000 pages de ce chef d’œuvre. Les chapitres sont courts et se lisent tout seuls. L’écriture est fluide, les personnages sont intéressants et philosophes, il y a des réflexions sur de nombreux sujets de société et sur la représentation de Dieu dans les religions.
entrecrituretlecture
• Il y a 1 mois
Anna karérine ou le chef-d'œuvre russe Commenté en France le 9 mars 2014 J'avais visionnés les 3 films d'Anna karénine : celui de 1985 avec Jacqueline Bisset et Christopher Reeves, puis, celui de 1997 avec Sophie Marceau et Sean Bean. Enfin, plus récemment, celui de Joe Wright et interprété par Keira Knightley et Jude Law, paru en 2012. Je ne voulais pas lire ce pavé : 700 à 900 pages, connaissant, déjà, l'histoire. Cependant, ces 3 visions et ces 3 versions différentes m'ont totalement déçues. Tout y était fade et sans saveur. Je connaissais Léon Tolstoï pour avoir emprunté "Guerre et Paix" dans la bibliothèque de mon grand-père lorsque j'étais adolescente. Alors, j'ai téléchargé l'œuvre complète de cet auteur de génie sur ma Kindle via LCI Wiki (Wikisource : bibliothèque numérique libre sur amazon.fr), et me suis plongée à cœur perdu dans ce chef-d'œuvre littéraire russe, parut, d'abord, sous forme de feuilleton dans le "courrier russe", enfin, sous la forme d'un roman en 2 partie, en 1877. Aucun réalisateur, aucun n'acteur n'a su comprendre et transposer l'œuvre. C 'est magnifique! Grandiose ! Bouleversant ! L'œuvre est longue, certes, car l'auteur est prolixe. Il y dépeint et oppose 2 mondes. L'aristocratie, d'une part, sur laquelle, il porte un regard très critique, enfermée dans son cercle et ses convenances, méprisante et condamnant au nom de la morale, le choix d'Anna, et le monde rural, plus simple et plus authentique, d'autre part. Léon Tolstoï y oppose, aussi, 2 couples, celui d'Anna et de Wronski à celui de Lévine et de kitty. L'opposition de l'amour passionné et destructeur, replié sur lui-même car mis au ban de la société nobiliaire et rongé par la culpabilité, à celui de l'amour calme, honnête et du bonheur simple. Prolixe car il y peint, presque à la manière d'un naturaliste, mais sûrement d'une voix réaliste, la vie, la vraie. La vie même ! La vie humaine, palpitante, frémissante. Ses personnages ont du relief et une vraie psychologie. A travers, Lévine, (mon personnage préféré du roman et l'auteur, lui-même), Tolstoï philosophe sur la religion, la mort, le but de l'existence : celle de la recherche de l'amour et de l'exigence de vérité. Il y dévoile les affres et les tortures humaines, les contrastes de l'Ame russe...vu de l'intérieur. Le lecteur entre chez les gens, mais pénètre leur âme jusqu'au tréfonds, entre dans la Famille et s'attache aux personnages. Ils sont là, vivants, vibrants, autour de nous et encore, présents à la fermeture de l'ouvrage. Tolstoï dresse, aussi, un portrait de la société russe et étale ces idées sur l'émancipation de la femme, l'éducation des enfants, l'agriculture, souvent, influencée par l'Occident, le problème des propriétaires terriens, la méfiance de la paysannerie, l'opposition d'un monde ancien et réfractaire à celui du progrès, les bienfaits du travail par opposition à l'oisiveté du grand monde, la lourdeur administrative et la recherche d'une identité russe. Dans cette débâcle, chaque protagoniste cherche sa place, entre exaltation et fatalisme...à l'image d'Anna qui sacrifie tout ! On sent, déjà, les prémices de la Révolution de 1917. Prolixe, oui ! Mais, la lecture est aisée et rapide car les chapitres sont cours et s'alternent entre ceux d'Anna et Wronsky, ceux de Lévine et Kitty, de Stipa (frère d'Anna) et de son épouse, Dolly, offrant un couple sec et usé, mais, tout, aussi, attachant. Le livre met en lumière toutes les facettes possibles d'une relation sentimentale. Le lecteur ne peut s'ennuyer. Attachante, conviviale sont les descriptions de la Russie (le suspens de la course de chevaux, les bals et l'opéra, bucolique, le retour en chanson des paysans après un journée de labeur, la fauche du blé, la vente du bois, la partie de chasse à la bécasse...). C'est tout un univers, toute l'âme russe, le cœur sondé de l'être humain qui sont évoqués à travers le destin tragique d'Anna Karénine. C'est ce qui fait la beauté et le charme de ce roman tragique qui marque, aussi, l'entrée de la littérature russe dans notre sphère européenne.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782823804515
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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5,99 € Numérique 634 pages