De force : Le livre de Karine Giebel

Depuis que j'ai lu Le purgatoire des innocents, j'ai toujours une pointe d'inquiétude avant d'attaquer un roman de Karine GIEBEL, non pas parce que je risque d'être déçue mais bien parce que je risque de me prendre encore une fois une énorme claque dans la face. Le revers de la médaille c'est que j'attends toujours beaucoup d'un de ses romans et que là...bien que j'ai trouvé ça bien, je n'ai pas été hyper emballée par ce roman. Une jeune femme est violemment agressée et sauvée par un beau mec qui va être engagé par son riche papa chirurgien pour devenir son garde du corps. Ce dernier met les pieds dans une famille totalement disfonctionnelle avec une belle-mère jalouse de sa belle-fille, un père à la limite de l'inceste, une bonne séductrice et un jardinier à l'air un peu idiot mais aussi très bizarre et bien sûr l'agresseur se manifeste régulièrement en menaçant en permanence de s'en prendre à la fille pour détruire le père. Une forme de menace latente qui induit un secret inavouable et qui entraîne une sensation de claustrophobie plutôt dérangeante. Mais pour une fin que j'avais devinée...dommage. Ma lecture est restée très agréable, c'est juste que j'aurais aimée être plus malmenée (phrase bizarre mais assumée !).

J'ai bien aimé ce livre, mais je pense que je vais rapidement l'oublier. Il manquait un "je ne sais quoi" pour que j'accroche totalement. J'ai deviné beaucoup de choses avant qu'elles n'arrivent et je ne me suis attachée à aucun personnage (du coup leurs mésaventures ne me touchaient pas tellement). Cependant le suspense reste présent jusqu'à la fin et nous pousse à avancer dans le livre pour savoir ...

Maud Reynier, 20 ans, fille d'un grand chirurgien niçois se fait violemment agresser. Luc, un joggeur qui passait par là, vient à son secours in-extremis. Quand des menaces arrivent chez lui, le professeur Reynier décide d'embaucher Luc comme garde du corps de sa fille, refusant obstinément de prévenir la police. Une bonne lecture dans l'ensemble. J'y ai retrouvé ce qui caractérise les thrillers de Karine Giebel à savoir l'exploration des ténèbres de l'âme humaine, la manipulation et une forme d'enfermement qui agissent comme des armes de destruction. Ses personnages sont, là encore, torturés, antipathiques et poussés dans leurs retranchements créant une atmosphère oppressante (sur la fin). Néanmoins, deux gros points faibles ont un peu altéré mon plaisir de lectrice. le premier, c'est qu'il faut attendre près de 500 pages avant qu'action, tension et émotions trouvent leur juste mesure. Auparavant, la menace permanente sur Reynier et sa fille est absorbée par les pleurnicheries répétées de Maud qui se meurt d'amour pour son garde du corps. le second, c'est le prologue prometteur qui s'est finalement révélé néfaste pour la suite du récit en permettant de deviner aisément où l'auteure voulait nous amener. Même si l'écriture fluide aux phrases courtes et percutantes reste accrocheuse, c'est un peu frustrant pour le lecteur d'avoir prématurément percé à jour le scénario. Donc, une lecture inégale et, pour moi, un cran en-dessous de « Juste une ombre » et « Glen Afric ». Le style toujours efficace malgré tout et le dénouement tout en tension et émotions relèvent un peu l'ensemble.

Du grand Giebel. L'intrigue est tortueuse, tout comme l'esprit des personnages, tous plus torturés les uns que les autres. De faux semblants, en mensonges et en trahison, ce huis-clos est savoureusement diabolique. J'ai passé un bon moment de lecture.