Et chaque fois, mourir un peu - Livre 2 Trauma(s) : Le livre de Karine Giebel

Il va m’être difficile de chroniquer ce livre… Malgré le rythme haletant et la plume brute de l’auteure, j’ai trouvé ce second tome un peu trop long. J’ai ressenti comme un uppercut (enfin façon de parler !) le twist qui arrive au tiers du livre mais qui paradoxalement, répète les scènes au fil des années et des chapitres. Ma deuxième remarque, à l’instar de plusieurs babeliotes, est qu’il arrive trop de malheurs à Grégory : outre sa détention en Afghanistan et ses démons intérieurs, les gens autour de lui sont souvent frappés de malchance et ce ne sont pas des petits problèmes de la vie courante. L’auteure n’avait pas besoin d’en rajouter autant. Bien sûr, le courage de Paul est admirable, il est beaucoup plus présent dans ce tome et je me suis attachée à lui. Il est la bouée de sauvetage de Grégory qui n’en peut plus de vivre. J’ai également trouvé ce dernier admirable, et connaissant Karine Giebel, j’avais hâte et je craignais en même temps de connaître la fin ! Cette auteure a un don pour remuer les tripes ; elle dresse des portraits de personnages face auquel le lecteur ne peut rester indifférent… Combien de fois j’ai rêvé de tuer Hichem et de voir un ou une psy qui, au côté de Paul, sortirait Greg du trou ? L’ingestion d’autant de médicaments et les changements de dosage m’ont posé question aussi. Certes, Greg est parfois dans un état désastreux mais il n’y a pas de conséquence physique à long terme. J’ai enfin été frappée par l’oisiveté des patients et la présence peu importante de femmes : que les unités ne soient pas mixtes, pourquoi pas ? Mais outre les patients et les infirmiers-soignants, les médecins étaient aussi des hommes. Il y avait bien Emma mais son rôle est très mineur. J’avais l’impression que Greg et les autres, bien qu’agités parfois, ne faisaient jamais grand-chose de leurs journées. Bref… Je précise quand même que j’ai aimé la fin car elle m'a agréablement surprise mais je ne suis pas sûre d’avoir aimé le roman. En tout cas, je déconseille ce livre aux âmes sensibles. Ma note : 3/5.

Une merveille Ce livre m’a tout simplement touché au plus profond de mon cœur. Si l’histoire est particulièrement sombre, explorant le pire de la nature humaine, c’est l’amitié entre Paul et Grégory qui m’a poussé à continuer ma lecture. Ici, la violence, le sang et la guerre ne sont pas présents sans raison ; ils ont une place essentielle dans le récit, peut-être encore plus que dans le premier tome, qui m’avait déjà captivé. Quant à la forme, que dire… c’est une pépite. Par moments, il devient difficile de différencier le vrai du faux, tant la fiction semble proche de la réalité et la réalité, digne d’un enfer. De plus, les éléments sont si fidèles à la réalité et les personnages si bien décrits que j’ai pu m’identifier entièrement à cette histoire et à ceux qui la vivent.

Je l'ai tellement attendu...dès sa sortie je l'ai dévoré (oui j'ai beaucoup de retard dans mes avis )! Ah! Karine! Qui ressort vraiment traumatisé dans cette histoire? Gregory ou moi? J'ai vécu ce roman comme si j'étais dans la tête de Gregory et ce fût plus qu'éprouvant.. Après avoir sillonné la planète dans des missions humanitaires plus dingues les unes que les autres et terminé le tome 1 sur un terrible plot twist nous voilà donc en Afghanistan. Page après page on tremble, on a peur pour notre Gregory.. Difficile de parler de ce roman sans spoiler mais disons que le titre en dit long sur ce qui attend Gregory après tous les combats qu'il a menés. Alors que l'on croit que l'histoire pourrait se terminer, non elle se poursuit sur un autre combat, peut-être le plus dur et le plus violent pour notre infirmier. La place de l'amitié et de la loyauté se révèle être un élément clé du roman que ça soit lors des missions à l'étranger ou à leur retour au pays. Le lien qui unit Paul et Gregory est comme un fil conducteur qui les maintient en vie tous les deux même dans les situations extrêmes. Ne me parlez pas des 800 pages je ne les ai pas vu passer, l'autrice a fait un tel travail de recherche concernant les humanitaires, la géopolitique, le syndrome de choc post-traumatique malgré toute la noirceur que l'on trouve dans ce roman, on ne peut que ressortir admiratif de cette plume puissante, percutante et réaliste. Encore un Giebel que je conseille autour de moi! Alors, prêts à découvrir ce deuxième volet de l'histoire de Gregory ?

Dans Blast on découvrait Grégory et Paul, un infirmier et un chirurgien du CICR à la volonté inébranlable de venir en aide à ceux qui en ont besoin. Leur métier, leur passion, leur peine, leur sacerdoce. Ils ont sauvé tellement de monde et de nécessiteux qu’il serait trop long de tous les citer. Ils vont le faire pour nous dans cette suite aussi prenante. Comment parler de ce roman sans trop en divulgacher l’intrigue ? Rappeler qu’à la fin du premier tome, Greg et Paul se retrouvent en bien mauvaise posture. Kidnappés par des terroristes, ils vont devoir se serrer les coudes, une nouvelle fois, pour s’en sortir. Ils ont déjà vu le pire, mais le pire est encore à venir. Ils auront besoin de tout leur esprit de corps pour s’en sortir. Et s’ils s’en sortent ils devront vivre avec des traumas indélébiles. Cette suite ne va pas les laisser indemnes même si l’autrice peut nous en laisser la fausse impression. Une subtilité littéraire nous fait découvrir une réalité bien plus cruelle. La situation n’est pas aussi simple et belle qu’il n’y parait. Commence alors un travail de reconstruction dur et éprouvant qui va durer longtemps, très longtemps… Trop ? Se souvenir sans rien omettre. Se remettre en question sans oublier qui l’on est et pourquoi on a fait des choses, aussi dures soient-elles. La vie ne laissera pas Greg et Paul en paix, la mort non plus. Mais ils ont en eux une force qui dépasse tout. Ils sont frères, pas par un lien de sang, mais pas une amitié indéfectible. Une solidarité qui va les pousser vers l’avant. Ne pas mourir surtout. Rester en vie même si à chaque instant on a l’impression de mourir un peu. Une très grande claque. Quel talent !