Isidor, une vie juive : Le livre de Shelly Kupferberg

#x1f4da l’autrice nous offre une plongée dans la vie intime de ceux qui ont vécu la montée du nazisme #x1f4da les rêves, les espoirs d’une génération sacrifiée sur l’autel de la haine . La vie simple de gens qui n’aspiraient qu’à s’élever , vivre dans le beau était un credo pour Isidor et il y était parvenu . #x1f4da c’est aussi comprendre (enfin essayer ) le mécanisme de la trahison , l’encouragement de la haine , la propagande qui est tombée sur une partie de la population qui n’a pas voulu croire que c’était possible … #x1f4da cette histoire familiale est à la fois drôle , tendre , triste, violente

La lumineuse couverture d'un chevreuil qui pousse sa tête dans la baie d'un chic appartement m'a attirée. L'auteur, près de quatre-vingts ans après l'Anschluss, part à la recherche de documents, de photos, de lettres, d'archives pour retracer le parcours de son arrière-grand-oncle, Isidor Geller. Originaire de Galicie autrichienne sa famille a migré à Vienne. Isidor Geller a réussi, est devenu très riche, est respecté, amateur d'art, d'opéra, collectionneur d'art. Il est juif. Il a adoré vivre à Vienne, ville débordante de culture, qui le comble. Dans les années 1930 nombreux sont les juifs qui fuient à l'étranger. Isidor ne veut pas croire qu'un changement de politique pourrait lui nuire. Rien ne peut l'atteindre. Mais tout va basculer. Oui, c'est encore un livre qui se passe pendant la guerre et qui parle des juifs mais il est autre. C'est l'histoire de sa famille que l'auteur cherche à connaître, des liens qui les unissaient, de leurs parcours. J'ai accroché au style simple et lu ce livre d'une traite, sans pouvoir le lâcher. Je l'ai beaucoup apprécié.

Isidor (de son véritable nom Israël) Geller est né en 1886, il était autrichien de confession juive. Sa capacité de travail et sa volonté de réussite firent de lui un millionnaire et cette fortune lui permit d’acquérir un nombre impressionnant d’oeuvres d’art, le faisant entrer dans le cercle restreint des « grands collectionneurs ». Brièvement marié, il fut l’amant d’Ilona Massey, future star hollywoodienne. Pourtant, la montée de l’antisémitisme puis « l’Anschluss » (annexion de l’Autriche à l’Allemagne) en mars 1938 signa la fin de cette ascension. Isidore mourut avant le début de la guerre et les autorités nazis eurent tout le loisir de confisquer ses biens et de s’attribuer les chefs-d’oeuvres de sa collection. L’autrice, Shelly Kupferberg, n’est autre que la petite fille de Walter Grab, historien et neveu d’Isidor Geller. Par le biais de ce texte passionnant, et après d’importantes recherches tant au niveau familial que dans de nombreuses archives, elle nous dresse le portrait de cet aïeul « hors normes » dont le national socialisme s’est évertué à effacer la fortune et l’existence. S’il s’agit sans doute d’un souhait personnel de renouer avec ses origines, ce livre s’intègre également dans notre « devoir de mémoire » et constitue un véritable hommage à toutes ces vies brisées au nom d’une idéologie absurde et inhumaine. Une lecture que je ne peux que conseiller!

Shelly Kupferberg m’a offert une lecture à la fois bouleversante et essentielle. Ce récit, profondément ancré dans l’histoire familiale de l’autrice, m’a transportée au cœur de la Vienne des années 1930, où j’ai découvert la vie fascinante d’Isidor Geller, son arrière-grand-oncle. Homme d’affaires accompli, collectionneur d’art et conseiller gouvernemental, Isidor représentait tout ce que la réussite pouvait offrir à cette époque. Mais en 1938, l’Anschluss a tout détruit : sa fortune, ses relations, sa dignité. Ce que j’ai trouvé particulièrement poignant, c’est la naïveté d’Isidor face à la montée de la haine et de la violence. Il ne pouvait simplement pas croire que tout ce qu’il avait bâti puisse disparaître, trahi jusque dans sa propre maison. Shelly Kupferberg utilise des lettres, des documents anciens retrouvés dans le grenier familial ainsi que des photos pour reconstituer cette histoire avec chaleur et empathie. Elle ne se contente pas de raconter la vie d'Isidor, mais aussi celle de son grand-père Walter, témoin indirect de ce drame dans le contexte tumultueux de l'époque. Ces archives, miraculeusement conservées, m’ont impressionnée par leur richesse et leur pouvoir évocateur. Elles donnent une profondeur incroyable à cette quête de mémoire. Ce livre parvient à rendre perceptibles les heures les plus sombres de l’histoire à travers le destin singulier d’un individu. L’autrice tisse une fresque biographique qui dévoile avec finesse le quotidien de l’époque, d’une manière plus vivante et saisissante que bien des ouvrages historiques. Ce récit émouvant rend hommage à Isidor et aux innombrables vies juives anéanties sous le joug nazi. Bien au-delà d’un simple témoignage, il s’impose comme un appel vibrant à préserver la mémoire et à célébrer ces destins brisés, souvent oubliés. Ce premier ouvrage, profondément touchant et d’une grande portée, mêle intimement mémoire familiale et Histoire universelle. À lire pour comprendre, se souvenir et honorer ceux dont les vies ont été effacées. Bonne lecture.