La Déraison : Le livre de Agnès Martin-Lugand

Ca faisait trop longtemps que je n’avais pas lu de roman d’Agnès Martin-Lugan et je me rends compte qu’avec le prochain qui sort, j’aurais deux livres de retard, ce n’est pas bien grave mais la plume de l’auteure est si douce et belle que c’est dommage parfois de laisser passer autant de temps. Avec ce roman j’ai pris une claque magistrale, il m’a chamboulée et j’ai eu beaucoup de mal à passer à ma lecture suivante. Madeleine est en phase terminale d’un cancer, elle est divorcée de Vasco avec qui elle a gardé des liens très forts, ensemble ils ont une fille Lisa qui est étudiante. Avec Vasco c’est une complicité de tous les instants, ils ont crée une agence de voyage ensemble et ils ont fait le tour du monde. Le divorce ne les a pas éloignés l’un de l’autre, Vasco est omniprésent pour Madeleine, même s’ils ne vivent plus ensemble et depuis qu’elle est malade il est encore plus impliqué. Madeleine peut compter sur le soutien de ses deux soeurs aussi, chacun fait ce qu’il peut pour profiter de Madeleine dont les forces s’amenuisent jour après jour. Un soir, Lisa demande à sa mère de lui parler de son passé parce qu’après sa mort, elle ne voudrait rien apprendre venant d’autres membres de la famille, si elle a des choses à lui dire, c’est à elle de le faire. Je ne veux surtout pas avoir l’impression de ne pas te connaître, quand tu ne seras plus là, je ne veux pas être en colère après toi, je ne veux pas t’en vouloir et me dire toute ma vie que tu as voulu me cacher… En parallèle, sur une plage Bretonne, Joshua tente de mettre fin à ses jours, il n’en peut plus, ça fait déjà longtemps qu’il ne veut plus vivre, il est suivi par un psy, il boit plus que de raison et prend des médicaments. Quand il est sur la plage c’est à elle qu’il pense, quand il regarde la maison plus loin il espère l’apercevoir, mais elle n’est jamais revenue. Il l’a pourtant attendue puis il a fini par comprendre qu’il l’avait perdue. Son fils tente de le raisonner mais à quoi bon, il ne joue même plus du piano lui le grand pianiste qui donnait des concerts partout dans le monde. Ca fait longtemps qu’elle est partie, il a fait sa vie, a eu son fils, mais l’absence se fait de plus en plus cruelle. Il ne peut pas l’oublier. Madeleine accède à la demande de sa fille, c’est vrai qu’elle ne connaît rien de son passé, de sa jeunesse, de sa vie avant de rencontrer son père. Alors elle décide de partir dans la maison de famille en Bretagne, la cabane en bord de plage comme l’appelait sa tante, là où tout à commencé et là ou elle veut raconter son histoire, seule avec sa fille et la mer, cette mer qu’elle reverra pour la toute dernière fois. Agnès Martin-Lugand nous emporte dans le passé de Madeleine, ponctué du présent, sur cette plage Bretonne où c’est l’hiver, il fait froid, le vent se rebelle, l’endroit est désert. On découvre alors une magnifique histoire d’amour, un amour puissant et destructeur, un amour fou qu’un drame vient tout bouleverser. Le point de non retour et les décisions qui font mal, un train qu’on attend où il y a personne dedans. Des espoirs déçus, des vies gâchées et un amour incommensurable qui traverse le temps. Quel roman mais quel roman ! je suis bouleversée par les révélations de Madeleine, comprenant que fuir peut parfois protéger. Je suis triste pour ce rendez-vous manqué qui va décider de deux destins qui étaient faits pour être ensemble, chamboulée par cette histoire d’amour qui aurait pu être grandiose. L’auteure nous livre un magnifique récit, plein d’émotions diverses, j’oscille entre colère et tristesse. Les personnages sont attachants et tellement bienveillants. Malgré la rudesse de la mort qui approche, ce roman est doux. En marchant dans les traces de son passé, Madeleine pourra-t-elle réparer ce rendez-vous manqué, est-ce qu’il n’est pas trop tard ? C’est un roman fort, puissant, qui fait pleurer. C’est un roman coup de coeur qui nous poursuit plusieurs jours après l’avoir refermé. Je ne saurais que vous le conseiller.

Un homme au bord d’un précipice ,sur le point d’en finir avec la vie , arrête son geste in extremis…une femme, Madeleine , condamnée à mourir prochainement de maladie essaie de vivre avec intensité en donnant et recevant l’amour de ses proches . Un roman assez court qui passe d’un point de vue à l’autre mais qui malgré l’abondance de sentiments et la difficulté du sujet traité m’a laissée finalement sans réelle empathie envers eux : je n’ai pas cru à la rupture de Madeleine , pas cru à la « folie » de Josuah , bref malgré une écriture que j’aimais beaucoup jusqu’à ici, je ne suis pas entrée dans l’histoire … « Un point c’est tout. »

Pourtant très très fan de l'écriture d'Agnès Martin-Lugand, je n'ai pas apprécié cet opus. Je lis tous ses livres dès leur sortie, celui-ci n'a pas fait exception, je me suis précipitée dessus et : j'ai été très déçue. La fin, très prévisible, trop dramatique, ne m'a pas touchée. Les personnages qui se complaisent dans leur malheur, le misérabilisme et la noirceur... l'ambiance du livre de façon générale ne m'a pas du tout plu.

Encore un énorme coup de cœur, comme c'est presque toujours le cas pour moi avec cette autrice. J'ai encore été terriblement attachée aux personnages, j'ai vécu un flot d'émotions avec eux. Et c'est (de nouveau) avec le visage baigné de larmes que je referme ce roman