La Fille de l'ogre : Le livre de Catherine Bardon

Presque un coup de coeur. J'ai beaucoup beaucoup beaucoup aimé cette lecture. Le style de l'autrice est dynamique, sensible, il m'a happé dans l'histoire de Flor de Oro Trujillo, fille du dictateur Trujillo, dictateur en république dominicaine dans les années 1930. Nous suivons dans ce récit, Flor qui essaye de s'adapter, de se faire aimer par son père et qui en même temps, cherche à s'émanciper de son emprise. Nous la suivons dans ses rencontres, dans ses tentatives d'autonomie et dans ses prises de conscience progressives. C'est un récit poignant et plein de sensibilité. Une belle lecture que je vais recommander.

La fille de l’ogre est un très bon roman comme tous les livres de Catherine Bardon pourtant le personnage principal, Flor de Oro Trujillo s’impose comme une figure féminine décevante à plusieurs égards mais je nuancerai mon propos. Née en 1915, elle est la fille aînée de Rafael Trujillo, dictateur de la république dominicaine et incarne un produit de son époque, partagée entre ambitions familiales et attentes imposées aux femmes de son rang. Son rôle principal semble être de séduire, cette quête de validation par les hommes l’empêche de s’affirmer et de trouver sa propre indépendance (elle aura neuf maris au total), son premier mari étant Rubirosa, séducteur invétéré. L’obsession de Flor pour les apparences et son incapacité à s’affirmer l’empêche de se forger une identité propre ce qui la rend passive, cette passivité n’est pas uniquement le reflet d’un caractère faible, mais elle est étouffée par le poids écrasant qu’elle porte. Elle vivra dans l’ombre de ce père ambitieux admiré et détesté ; cependant bien loin de vouloir briser ses chaînes, Flor choisira de s’y conformer. J’espérais qu’elle aurait exprimé à un moment donné de sa vie, une forme de révolte ou du moins une prise de conscience face aux limitations qui lui ont été imposées. Malheureusement non ; car être la fille d’un homme aussi puissant et manipulateur, ses choix ont été limités et façonnés dès son plus jeune âge dans le très chic pensionnat de Bouffémont. Je la juge un peu trop durement me direz-vous, car Flor de Oro est aussi une victime, prisonnière d’un environnement dictatorial nocif et sans figures féminines indépendantes autour d’elle pour lui montrer d’autres exemples. Toutefois, Flor de Oro illustre bien la femme gâtée, richissime de son époque, certes avec des contraintes sociales et des traumatismes affectifs non résolus mais elle n’offre pas suffisamment de remise en question, elle est davantage spectatrice de sa propre vie qu’actrice. L’auteure exprime avec un grand réalisme la position de cette femme dans un cadre patriarcal absolu et totalitaire, où ses choix individuels sont plus que restreints. Une tragédie silencieuse ; celle d’une femme privée de la possibilité de s’affirmer. Son personnage invite alors la lectrice que je suis à une réflexion plus large sur la liberté individuelle et sur le poids des structures familiales dans la capacité de chacune à définir sa propre existence.

J'ai beaucoup aimé ce récit biographique au rythme effréné, sur le destin malmené de Flor de Oro, fille ainée du dictateur de République Dominicaine, Trujillo. C'est un pan de l'histoire que je ne connaissais pas bien, et j'ai découvert avec horreur les atrocités commises par ce régime, et l'emprise psychologique sadique qu'il avait sur sa fille. Les pages défilent (vite) sans trop 'attarder aux détails pour ne rien manquer de sa vie trépidante - il manque parfois, je trouve, un peu de lenteur nécessaire pour retrouver son souffle entre deux drames.

Mais quel livre, mais surtout quel destin que nous présente Carherine Bardon avec ce roman mi- biographie, mi roman historique sur la vie de Flor de Oro Trujillo ! J'en reste bouche bée.... De mon côté, j'avoue que je ne connaissais pas l'histoire de la République dominicaine et surtout qu'elle a été sous une dictature pendant plus de 30ans. Pour moi, une véritable découverte historique. Mais apprendre tout ceci par le prisme de la fille du dictateur, c'était vraiment idéal car, même si c'est un roman et qu'il y a donc une part "imaginée", c'est aussi et surtout la vraie vie de notre personnage principal. On pourrait penser que la vie de Flor de Oro, que nous expose ici l'autrice, est totalement inventée tellement son histoire est ahurissante. Sa vie amoureuse n'en est qu'une partie, mais déjà elle prend une place très importante;mais c'est surtout ses relations familiales (et surtout celle avec son père) qui sont les plus marquantes à mon sens. L'on voit bien toute la dichotomie de cette femme qui cherche l'amour d'un père, tout en voulant s'extraire de son joug. Une très bonne découverte et une plume qui se lit très facilement. A lire.