Une femme debout : Le livre de Catherine Bardon

Étant née à Haïti et adoptée par une famille blanche, je suis plus que consciente que l'histoire racontée dans ce livre aurait pu être la mienne. De fait, ce livre fut long à lire pour moi et douloureux, néanmoins il montre le formidable récit de cette femme qui a su s'extraire de sa condition sociale et s'est battue pour les droits des membres de sa famille et de leur communauté. Sonia Pierre devrait être plus connue.

Connaissez-vous Sonia Pierre ? Jusqu’à ma lecture d’”Une femme debout”, je dois avouer que je n’en avais jamais entendu parler. Et c’est vraiment à tort, car cette femme aurait méritée d’être beaucoup plus mise en lumière. Sonia Pierre est née de parents haïtiens dans un batey, un campement où vivent les coupeurs de canne à sucre en République Dominicaine. Très vite, Sonia est remarquée pour son intelligence et sa vivacité d’esprit. Ce sera la première enfant du batey qui ira à l’école. Elle développe très rapidement une conscience politique forte, témoin du traitement réservé aux Dominicains d'origine haïtienne. Plus tard, elle deviendra avocate et consacrera sa vie à défendre les droits des ouvriers haïtiens qui vivent en République Dominicaine. J’ai adoré découvrir le destin de cette femme incroyable qui se sera battue pour les siens jusqu’à son dernier souffle. Sonia Pierre est une exemple de droiture, de ténacité, de justice et de courage. Et le monde se porterait mieux si nous avions plus de Sonia Pierre sur Terre ! C’est un très bel hommage que lui rend Catherine Bardon qui redonne à cette héroïne des temps modernes toutes ses lettres de noblesse. A lire absolument !

Roman historique sur Sonia Pierre (1963-2011), une avocate dominicaine qui s’est battue toute sa vie pour la reconnaissance par l'État dominicain des enfants de migrants haïtiens venus en nombre à Saint Domingue dans les années 50 pour couper la canne à sucre. Des enfants qui grandissent pauvrement dans les batey (campements de coupeurs de cannes à sucre) et qui n’ont aucune existence légale. Nés de parents haïtiens sur le sol dominicain, ils ne sont reconnus par aucun des deux états et ne peuvent accéder à l’éducation ou le suivi de santé. Sonia Pierre est une de ses enfants qui a eu l’opportunité de faire des études. A travers son histoire, on découvre les conditions misérables, proches de l’esclavagisme, de ces haïtiens venus avec l’espoir d’un boulot provisoire, qui se sont retrouvés coincés dans les batey et qui usent leur vie sans espoir de retour. Son combat nous montre aussi le racisme anti-haïtien très prononcé en République dominicaine. Sonia Pierre a reçu de nombreux prix et était pressentie pour le prix Nobel de la Paix. J’avoue que je ne connaissais pas du tout son histoire et c’est très agréable de découvrir ce parcours à travers ce roman qui mêle faits historiques et personnages inventés, comme la truculente amie d’enfance de Sonia qui met du peps dans le récit. J’ai juste regretté qu’on ne parle pas plus de sa vie privée (même si l’autrice nous fait comprendre que, ayant toujours été très discrète sur cet aspect de sa vie, elle a fait de même). J’aurais aimé en apprendre plus sur son rapport avec ses frères et sœurs, ses enfants ou son frère aîné resté à Haïti. Un destin exceptionnel que j’ai été contente de découvrir. Aujourd’hui encore le combat n’est pas terminé, Saint Domingue n’ayant pas appliqué la convention américaine des droits de l’homme.

Si je vous dis Sonia PIERRE, vous dites ? ........ Il y a, quelques jours, j'aurais fait comme vous, ce nom ne m'aurait rien évoqué. Maintenant, grâce à Catherine BARDON et à ce roman, je connais Sonia PIERRE. Catherine BARDON entrecoupe les chapitres qui racontent l'histoire et les combats de Sonia PIERRE, de temps suspendu dans une journée de cette femme ( sa dernièrejournée). Le récit bénéficie de ses respirations, et se lit sans lassitude. Née de parents Haïtiens, travailleurs exploités en République dominicaine, Sonia PIERRE est devenue avocate, militante opiniâtre des droits des femmes et des enfants en priorité mais aussi pour les droits de cette main d'œuvre haïtienne mal traitée, sous payée et dont les enfants se retrouvent apatrides. A force de combats, elle a obtenu le soutien d'organisations internationales, a été pressenti pour recevoir le prix Nobel de la Paix.