La Prisonnière du diable : Le livre de Mireille Calmel

Fan inconditionnelle des romans de Mireille Calmel, je n'ai pas boudé mon plaisir d'aller à la rencontre des personnages signifiants du village de Utelle (situé au coeur de la Vésubie), confrontés à une aventure locale (l'action se déroule en 1494-1495) faite de deuils, de larmes, de trahisons, de croyances en Dieu et au Diable, d'événements climatiques exceptionnels mais naturels ou encore, surnaturels et ésotériques provoqués... mais aussi de vie, de foi partagée, de solidarité, et de passions platoniques ou charnelles. Des personnages signifiants : En premier lieu, Myriam, jeune veuve de Pascal et mère de Margaux et d'Antoine, sur le point d'accoucher et confrontée à une adversité dont elle ne comprend ni les tenants ni les aboutissants. Elle trouvera sur son chemin, Benoît, cousin de Pascal, venu là pour la soutenir et la protéger... jusqu'à ce qu'il soit confronté à un dilemme. En second lieu, Hersande la mère supérieure du Sanctuaire de Notre-Dame dont on verra qu'elle est membre d'un Ordre mystérieux mais également porteuse d'un secret inavouable ; et ses "sœurs" Camilla et Adelys qui auront un rôle actif dans l'histoire. En troisième lieu, l'aubergiste Jacquot et ses filles Christine, Elise et Catherine, symboles criants de générosité et de solidarité en direction de Myriam, mais également vis-à-vis des membres de la communauté locale. En quatrième lieu, le prieur Claudio Grimaldi - figure d'autorité en matière de foi et le viguier Evariste Dugat, figure d'autorité en matière de police et de justice dont on verra qu'ils ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités. Et enfin, les non moins signifiants baron Raphaël et sa femme Luquine "morte" en de mystérieuses circonstances. Des événements exceptionnels : Une mystérieuse égyptienne qui vient frapper à la porte du Sanctuaire Notre-Dame, porteuse d'un message chargé de mort et dont la main est retrouvée clouée à la porte de l'abbaye... avant que de retrouver son corps. Une tentative de meurtre perpétrée sur Myriam dans l'incendie de sa maison. A l'heure d'être maman pour la troisième fois et après avoir perdu son mari, elle perd tout et ne sait comment reconstruire sa vie. Un couple qui se déchire autour des pouvoirs maléfiques d'un vieux grimoire : qui est celui qui défend le bien ? qui se vautre dans les délices du mal ? Des personnages qui, au gré des circonstances, ne se révèlent pas aussi blancs qu'ils paraissent. Et d'autres qui, contrairement à l'idée première, se révèlent être meilleurs qu'il n'y paraissait. Un tremblement de terre qui sera à l'origine de la destruction du village d'Utelle. Pour ma part, j'ai bien aimé : - la façon dont Mireille Calmel évoque la vie d'un village du sud de la France au XVe siècle. - la fluidité de l'écriture, la présence d'un vocabulaire adapté, les descriptions des lieux, des faits. - le flou savamment entretenu sur à la fois qui pourrait être la personne à abattre car faisant commerce avec le Diable, et celle qui est potentiellement coupable du meurtre de l'égyptienne (sont-ce la même ou deux personnes ?). - l'intensité dramatique omniprésente : incendie de la maison de Myriam, son accouchement, le séisme et ses conséquences, la lutte finale entre le bien et le mal (même si on reste quelque peu sceptique sur les manifestations surnaturelles). J'ai néanmoins regretté le fait que contrairement à ses habitudes, Mireille Calmel ait fait le choix d'un ouvrage unique et non une saga sur plusieurs tomes. Du coup, les personnages (leur description, leurs motivations, leurs pensées, leurs contradictions) me semblent pas autant approfondis qu'à l'habitude et l'intrigue menée à son terme un peu trop rapidement. J'aurais aimé en savoir plus sur le baron Raphaël, sur Adélys, sur Hersande... Tout cela m'a semblé un peu trop survolé. Néanmoins, il s'agit-là d'une lecture plaisante et rapide qui peut faire un intermède léger et agréable entre deux lectures plus ardues.