La Soustraction des possibles : Le livre de Joseph Incardona
La fin des années 1980 est la période bénie des
winners. Le capitalisme et ses champions, les
golden boys de la finance, ont gagné : le bloc de l'Est explose, les flux d'argent sont mondialisés. Tout devient marchandise : les corps, les femmes, les privilèges, le bonheur même. Un monde nouveau s'invente.
À Genève, Svetlana, jeune financière prometteuse, rencontre Aldo, prof de tennis vaguement gigolo. Ils s'aiment mais veulent plus. Plus d'argent, plus de pouvoir, plus de reconnaissance. Leur chance, ce pourrait être ces fortunes en transit. Il suffit d'être assez malin pour se servir. Mais en amour comme en matière d'argent, il y a toujours plus avide et plus féroce que soi...
Prix Relay - 2020
De (auteur) : Joseph Incardona
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Patoux16
• Il y a 2 semaines
La soustraction des possibles « Un dictateur qui meurt, c'est une banque suisse qui ferme » la Suisse me renvoie à quelques souvenirs d'enfance dans les années septante : L'horlogerie, les chocolats, les journées au bord du lac de Neufchâtel… Cette impression d'un pays respectueux des règles, de l'ordre public, ce souci de propreté ! Tout est propre dans les rues, dans les montagnes, les vallons … Ce qu'on disait de la Suisse : Un très beau pays habité par « des confédérés » « Pas de sous pas de suisse » Joseph Incardona brosse ici une fresque sombre et cruelle. D'une froide lucidité, il dissèque ce monde où tout est marchandise où les valeurs humaines ne sont pas cotées en bourse. Le roman du tragique ! Le monde de la malveillance ! Genève fin des années 80, le capitalisme spéculatif domine la planète et cette ville est le centre de ce système où se mêlent les flux d'argent de toutes provenances, celui des affaires, du grand banditisme ou de la fraude fiscale. Dans son prologue Joseph Incardona me promet une histoire d'Amour. Je l'espère ! Car dans cet univers glacé, cette absence de douceur, je ressens surtout une profonde solitude, l'ennui, la violence physique et verbale. le désir se monnaye, le rapport dominant-dominé est omniprésent . Je la devine lorsque je rencontre Aldo Bianchi, prof de tennis, beau gosse, un loup solitaire. Son objectif, monnayer sa vigueur et sa jeunesse au service de l'assouvissement du plaisir des femmes proches de la quarantaine. Des femmes désoeuvrées dans cet espace qu'est le luxe, délaissées par leurs maris, qui eux choisissent des plus jeunes. Odile, femme d'un homme extrêmement riche, s'ennuie. Le personnage qui m'a le plus touchée par sa lucidité au seuil de la vieillesse, sa fragilité dans ce vide existentiel. Elle a fait le choix de la sécurité qui la rend esclave et prisonnière d'un monde qui ne la satisfait plus. Elle est amoureuse d'Aldo. Lui, aime l'argent, il va la divertir pour arrondir ses fins de mois. Le coup de foudre arrive avec Svetlana, d'origine tchèque aussi belle qu'ambitieuse, elle s'est hissée haut dans la banque où elle travaille mais elle sait qu'elle ne fera jamais partie des grands. Ils se sont reconnus. Ils s'aiment dans une relation gangrenée par leur obsession de richesse .Ils veulent s'extraire de leur condition quitte à se vendre, se trahir ou se perdre. Deux destins dans un monde où le pouvoir, l'argent et la séduction sont des armes. Et puis Svetlana qui a toujours tout maîtrisé dans sa vie, se laisse aller… L'un des aspects les plus glaçants de ce roman est cette manière dont l'auteur expose la mécanique implacable du capitalisme déshumanisant. La narration incisive et percutante, renforce cette atmosphère suffocante où chaque personnage semble pris au piège d'un système qu'il méprise mais auquel il ne peut échapper. La particularité de ce roman réside dans l'intervention de l'auteur lui-même qui interpelle le lecteur, le guide, l'implique dans cette réflexion. La soustraction des possibles est une lecture exigeante qui ne ménage personne. Une oeuvre qui laisse un goût amer mais terriblement lucide sur ce monde de pouvoir et d'argent. Je referme ce roman avec un sentiment ambivalent, un "je t'aime, moi non plus" entre admiration pour le talent incontestable de l'auteur et malaise inspiré par cet univers. De la noirceur enrobé de clinquant ! Dans cette Suisse où tout semble si propre, sous le vernis du luxe et des apparences, Tout est sale ! .............................................. Quelqu'un a inventé ce jeu Terrible, cruel, captivant Les maisons, les lacs, les continents Comme un légo avec du vent... La faiblesse des tout-puissants Comme un légo avec du sang La force décuplée des perdants Comme un légo avec des dents Comme un légo avec des mains Alain Bashung
974JerLab34
• Il y a 2 mois
Aldo Bianchi n'a pas le palmarès de Roger Federer, ni celui de Stan Wawrinka, pas même celui de Marc Rosset. Pourtant, il pratique le même sport et possède la même nationalité que ses glorieux ancêtres. Aldo, beau gosse porté sur le luxe, est devenu professeur de cette discipline dans ce pays de raquettes et de raclettes. Il a ainsi l'opportunité d'enseigner l'art du lift et du passing shot à des clientes dont le compte en banque ferait rêver une héritière des ciments Lafarge. Besogneux tennisman, Aldo est un émérite penisman. Just a Gigolo end every where he goes, il tente d'arrondir ses fins de mois en tentant de dégotter celle dont il se dit : « faisons en sorte qu'elle ait faim de moi ! ». Seulement, Aldo a bien conscience, le QI d'un tennisman n'ayant rien à voir avec celui d'un surfeur, qu'une carrière d'escort-boy est à peine plus longue que celle d'un autre sportif professionnel. Victime de la mousse du coach, Aldo va donc se diriger vers d'autres activités lucratives. Car, chez ces gens-là, je parle des Helvètes, la propreté des rues est inversement proportionnelle à l'opacité des magouilles bancaires pouvant s'avérer fructueuses. Et puis, il y a Svetlana, qui est belle comme un soleil et qui va faire pousser dans le petit coeur d'Aldo, une fleur bleue contondante là où naguère ne fleurissaient que des cactées. Et tant pis, si les histoires d'amour finissent mal en général… Présenté comme ça, vous vous dites que « La soustraction des possibles » ce n'est pas pour vous. Que ça sent la caricature sur fond d'argent sale, de dessous chics avec des personnages tout droit sortis de séries Z, veuve corse et proxénète albanais en produits d'accroche des gondoles du roman noir. Incardona sort habilement du piège de la grosse ficelle en introduisant régulièrement des sortes de didascalies, en s'impliquant dans le récit et en assumant parfaitement l'ambiguité de son rôle de démiurge. Les viles tentations qui mènent parfois au crime fascinent autant qu'elles révulsent et surtout nourrissent et irriguent la création artistique depuis les Grecs jusqu'à aujourd'hui en passant par Balzac et le Far West. La littérature est bien ce temple ou de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles. Les Correspondances n'engagent que ceux qui les écrivent mais cette troisième rencontre avec Jo Incardona renforce l'impression que cet auteur ressemble à « mon » Dubois : l'humour, aussi présent que la vermine dans une barbe de clodo ou encore cette faculté de vous plonger dans un irrépressible désir de connaître le destin de tous ces personnages aussi improbables que ceux que l'on croise parfois dans la vraie vie. Derrière cette impolitesse du désespoir que l'écrivain suisse maîtrise aussi brillamment que son homologue toulousain ne se dissimule même pas une vision cruelle de la comédie humaine, ce théâtre où nous sommes tour à tour acteurs et spectateurs. Sur fond de dérégulation du monde financier, dans ces années où le Mur de Berlin s'effondrait sans que ne se lézardent aucunement les remparts du capitalisme, ce roman faussement potache est une critique sans appel d'un monde où argent, sexe, pouvoir, mots masculins semblent s'opposer à la tendresse, l'enfance et l'innocence, mots féminins. Pourtant, dans cette putain d'humanité, si les assassins sont souvent des frères, les Miss Maggie sont moins rares que l'on pourrait l'espérer. À défaut de pouvoir vous offrir un séjour dans un palace du Léman, Genevois aucune raison de ne pas vous conseiller de vous vautrer sans aucun scrupule dans les draps de soie de ce roman cinq étoiles.
rafdel
• Il y a 3 mois
Aldo a un rêve : devenir un golden boy, être riche, réussir... Dans une Suisse des années 80 où l'argent n'a pas d'odeur, ce professeur de tennis au physique de rêve va jouer au gigolo pour se faire entretenir et transporter de l'argent louche à travers le pays. Mais bien vite ces petites combines ne lui suffissent plus ; il en veut plus au risque de se brûler les ailes... Entre thriller et tragédie grecque, l'écrivain suisse Joseph Incardona nous plonge dans la bonne société des golden boys suisses. Une société où tout est permis si l'on possède l'argent et le pouvoir. Un roman brillant dont la superbe couverture dorée annonce déjà la couleur.
Elnajam
• Il y a 3 mois
Une écriture brillante et digne d'un scénario de cinéma à la Tarantino, il ne lui reste plus qu'à l'adapter, tout y est, jusque la vision de l goutte de sueur qi coule le long de la nuque du personnage principal. Une vraie découverte de cette année pour ma part, gros merci la Mediatheque du Cap-Sizun, avec "Stella"
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782266311250
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 464
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
9,00 € Poche 464 pages