Le ciel était vide : Le livre de Inge Schilperoord

Sophie, 16 ans ne se remet pas de la mort accidentelle de son père quelques mois auparavant. Son père était avocat. Il défendait des causes perdues, en particulier des adolescents qui s'étaient radicalisés. Elle vit désormais chez sa tante qui est musicienne et souvent absente. Sophie, trop livrée à elle-même, a du mal à vivre sa vie de lycéenne normalement. Elle est obsédée par toutes les questions qui l'assaillent et pour lesquelles elle n'a pas de réponses, en particulier par le lien existant entre la religion et toute cette violence contre laquelle son père luttait. Pourtant, elle vient de se faire une nouvelle amie, Zala, d'origine afghane, avec qui elle projette de faire un exposé sur l'islam. Mais celle-ci ne peut pas l'aider. En parallèle de sa vie de lycéenne, elle ne peut s'empêcher de repasser devant les bureaux où son père travaillait. Avec lui, elle a appris à découvrir l'islam car lui-même était très curieux de cette culture et de la religion musulmane. Il prenait des cours d'arabe, lui en parlait souvent et Sophie aimait ces instants de partage. Persuadée que la mort de son père n'est peut-être pas un accident, elle décide de se pencher sur son dernier dossier dans lequel il avait défendu une jeune fille, Isra, qui se disait repentie mais qui est repartie en Syrie dès la fin de son procès. Il était persuadé qu'il s'agissait d'une erreur de jeunesse, d'une simple révolte adolescente et que la jeune fille n'était pas du tout un danger pour la société. Grâce à lui, elle avait été relâchée. Fascinée par ce destin particulier, Sophie qui étouffe sous ses questionnements restés sans réponse, va se créer un faux profil sur Facebook pour tenter d'en savoir plus sur Isra, cette jeune fille pour qui son père s'est battue, et à cause de qui, elle se sent désormais abandonnée. Elle ne sait pas dans quoi elle met les pieds... L'autrice que je ne connaissais pas, aborde ici un sujet difficile : la radicalisation islamiste. Elle est rédactrice et journaliste en Hollande, et également psychologue judiciaire. Dans ce roman, elle cherche à comprendre et donne des clés pour comprendre. Elle trace des limites claires entre le radicalisme et la religion musulmane. Pour cela elle redit donc ce qui n'est pas une évidence pour tous dans nos sociétés occidentales, que Islam rime avec tolérance, amour et partage. C'est une autrice engagée dans son pays et dans ses textes dans lesquels elle dévoile tous les dangers que représente la radicalisation. Le ton est clair et concis. La lecture est facile, le livre découpé en trois parties. Malgré le sujet, les réflexions et les doutes de cette jeune adolescente, le roman est abordable et peut être lu dès le collège, car il y a beaucoup de dialogues et d'explications. Les personnages et leurs réactions sont décrits avec beaucoup de finesse psychologique. Cependant, j'ai trouvé que Sophie était vraiment obsessionnelle et cela m'a dérangée à certains moments. J'ai eu aussi de temps en temps, l'impression d'assister à un cours mais un cours utile. Je pense que ce livre s'adresse avant tout aux adolescents, collégiens (quatrième et troisième) ou lycéens et ne pourra que provoquer des débats passionnants qui je l'espère apporteront plus de tolérance dans la société actuelle. Si vous avez à la maison des adolescents, n'hésitez pas à le lire et à partager cette lecture avec eux.