Le procès de la liberté - Une histoire souterraine du XIXe siècle en France : Le livre de Michèle Riot-Sarcey

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La Découverte

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Dans cet ouvrage, Michèle Riot-Sarcey fait revivre les idées de liberté issues des expériences ouvrières autant que des révolutions sociales du XIXe siècle français. Des idées largement oubliées depuis : minoritaires et utopiques, incomprises à leur époque, elles ont été maltraitées par l'histoire devenue canonique. Leur actualité s'impose pourtant aujourd'hui, à l'heure où l'idée de liberté individuelle a été dissociée de la liberté collective et réduite au libéralisme et à l'individualisme. Ce passé inaccompli est ici revisité à partir de ses traces multiples : publications politiques, archives, romans, poésie, tableaux, etc. L'auteure restitue l'étonnant parcours de vie de femmes et d'hommes du peuple si nombreux à s'engager dans les chemins de la révolte, révélant les modalités méconnues de l'effacement de cette histoire.
Cette fresque audacieuse, remarquablement documentée, démontre la pertinence de la pensée de Walter Benjamin sur la nécessité de " faire exploser les continuités historiques ". Et elle invite à comprendre autrement les symboles aujourd'hui en ruines du XIXe siècle français : philosophie du progrès, contrôle de l'ordre social, " mission civilisatrice " de la république coloniale... Largement salué par la critique, cet essai de référence a reçu le Prix Pétrarque de l'essai France Culture/ Le Monde 2016.

De (auteur) : Michèle Riot-Sarcey

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Expérience de lecture

Avis des libraires

Michel Riot-Sarcey n'a cessé de dialoguer avec Walter Benjamin (1892-1940) et de mettre à l'épreuve ses leçons. Sur les traces du philosophe allemand, elle rappelle que la continuité est toujours d'après coup : elle est une interprétation de l'évènement qui se fait " à partir de l'ordre existant ", selon l'état du rapport de forces. Il faut au contraire, tenter de restituer à l'évènement tous les possibles dont il était porteur. (...) Toutes ces expériences occultées viennent toujours, à un moment ou à un autre, percuter le présent, s'y actualiser. Cette ambition de se défaire d'une conception univoque de ce qui est advenu, c'est très certainement la marque de fabrique de Michel Riot-Sarcey : " Il faut penser l'histoire à contresens. "|Julie Clarini
Le Monde des Livres
Michèle Riot-Sarcey s'est lancée dans une aventure périlleuse. Son livre ne se contente pas de décrire une " autre histoire " de la liberté au XIXe siècle en France, il essaye de renverser les méthodes classiques de l'historien et de l'historiographe. Plus qu'un condensé savant, il s'agit d'un essai d'histoire discontinue, avec son lot d'expérimentations qui se déroulent au fur et à mesure des pages. Directement inspiré par les thèses de Walter Benjamin, et d'autre grands philosophes comme Foucault, Arendt et Castoriadis, le livre poursuit deux objectifs parallèles : présenter une vision alternative du " combat pour la liberté " des classes populaires au XIXe siècle et réfléchir à la manière dont leur histoire a été à la fois construite et occultée. (...)
Le procès de la liberté est riche – riche d'une histoire trop peu connue, riche d'une conception originale de l'histoire, riche des échos d'utopies et d'insurrections que Riot-Sarcey murmure aux oreilles de l'époque. Sa plus grande qualité est le respect, même à travers le temps, que l'auteure porte à ses sujets : aux anonymes qui ont bouleversé, et qui bouleversent encore, l'histoire.
|Thibault Scohier
Lectures
Retracer l'histoire des mouvements révolutionnaires et ouvriers du XIXe siècle d'une manière entièrement nouvelle, tel est l'objectif déclaré du livre de Michèle Riot-Sarcey. Une ambition qui pourrait passer pour démesurée, tant l'histoire du siècle a déjà été balisée. Mais l'historienne adopte un style de récit peu commun, soutenu par un talent et une intelligence indéniables. Elle tire le fi de l'idée de liberté, avec des ses moments de gloire, ses disparitions, ses résurgences et ses transformations, pour explorer le labyrinthe des idées progressistes au XIXe siècle.

|Chloé Rébillard
Sciences Humaines
Michèle Riot-Sarcey offre là une belle réflexion sur l'écriture de l'histoire et une fine exploration de la modernité politique ouvrière par les prises de parole et expériences de la première moitié du XIXe siècle, lors de la révolution de 1848 notamment, avant que les dirigeants du mouvement ouvrier et le triomphe du fétichisme libéral de la marchandise ne recouvrent cette liberté jusqu'à la faire oublier.

L'Histoire
Cette " histoire souterraine " ou histoire des dominés qui porte l'empreinte des conceptions de Walter Benjamin a pour épicentre la révolution de 1848 ce " temps des possibles " compromis par le " tragique triomphe d'une pâle république ". Mais son objectif est plus ample. Il s'agit de suivre le mouvement constamment entrave du combat pour la liberté depuis la Révolution française jusqu'aux années 1910, combat des insurgés de 1830 des associations ouvrières de 1848 des penseurs socialistes connus – Pierre Leroux – ou inconnus – Xavier Sauriac – mais aussi celui que menèrent à leur façon des poètes et artistes saisis par 1848 ou par la Commune – Charles Baudelaire, Gustave Courbet ou encore Arthur Rimbaud.

|Michael Löwy
Le Monde Diplomatique
Ce foisonnant ouvrage apporte de multiples éléments très utiles à nos réflexions, car il redonne vie à de nombreuses approches oubliées de l'expérience ouvrière du XIXe siècle, autour d'une idée centrale qui doit être au cœur de nos réflexions : la liberté ne se transmet pas de l'extérieur, mais se conquiert par soi-même.
|Patrick Le Moal
L'anticapitaliste
À cette sainte et encensée modernité qui n'est que dévastatrice, elle oppose une modernité créatrice, théories et pratiques articulées. Promouvoir un mouvement réel d'émancipation, un " pouvoir d'agir " individuel et collectif, réintégrer l'Utopie dans l'Histoire, imaginer un devenir social différent de celui qui est distillé, imposé : femmes et hommes devenus sujets de leur propre histoire, citoyens actifs sachant différencier liberté et libéralisme, réflexion et communication. L'auteure cite René Char " Notre héritage n'est précédé d'aucun testament " : ce qui en 1848 restait à faire et qui aujourd'hui reste à faire pour que tout un chacun soit véritablement libre, " capable d'exister matériellement, socialement, intellectuellement et politiquement ", c'est-à-dire, et je fais appel à mon tour à René Char, " Rêver la fin des rêves, c'est-à-dire leur incarnation ".
|Alphonse Cugier
Liberté Hebdo
Elle ne déniche pas des faits inconnus ou des archives inexplorés ; mais elle retrouve, dans l'idée de liberté portée par les insurgés de 1848, les ancêtres dont ils s'inspirent et les femmes et les hommes qui ensuite tentent de redonner vie à la république démocratique et sociale, les traces d'une expérience occultée et pourtant précieuse : celle de l'association ouvrière, de l'autonomie démocratique, de la souveraineté populaire, du pouvoir d'agir des gens du peuple, que la fabrique de l'histoire a occulté.|Samuel Hayat
Cahiers d'Histoire

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Fiche technique du livre

L'auteur

Michèle Riot-Sarcey

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14,50 € Grand format 440 pages