L'énigme des Blancs-Manteaux : Le livre de Jean-François Parot

Excellent polar historique, lecture délicieuse que je recommande aux amateurs du genre ! Ce premier tome de la série d'enquêtes menées par Nicolas Le Floch nous plonge dans le Paris du 18e siècle, dont le décor est rendu extrêmement crédible par la parfaite connaissance de Jean-François Parot en ce qui concerne la capitale à cette époque et particulièrement le milieu judiciaire. Il nous promène d'une rue et d'un édifice à l'autre, on le suit sans difficulté. L'écriture est belle et les tournures à elles seules mettent le lecteur dans l'ambiance mais sans en faire trop non plus, sans paraître docte ou pédant le moins du monde. Il y a quelques notes de l'éditeur en fin d'ouvrage qui sont fort appréciables mais pas indispensables pour comprendre. Je ne m'attendais pas à un tel dépaysement et c'est exactement ce que je recherche quand je lis. L'enquête quant à elle est très bien tournée, à aucun moment elle ne s'efface devant l'histoire, bien au contraire : c'est un vrai bon polar, avec un dénouement qui se permet une théâtralité toujours savoureuse. J'ai noté une chose dont je n'arrive pas à décider si c'est une faiblesse, ni si c'est conscient de la part de l'auteur : le personnage récurrent de la bonne et brave cuisinière au service de la maison. Dans cet opus, les traits de Marion se confondent avec ceux de Catherine qui rappellent ceux de Fine. Ça ne m'a pas foncièrement déplu parce que dans un Paris grouillant et, il faut le dire, assez peu ragoûtant, elles font figure de stabilité : elles représentent le foyer chaleureux et les bons repas, elles sont loyales et fidèles ; le héros, enfant abandonné élevé par un chanoine et éduqué par un marquis, se complaît clairement dans leur réconfortant giron. Je le note ici pour ne pas oublier de comparer avec les prochains tomes et décider si ça me convient ou si ça me lasse ;-)

Venu à Paris de sa Bretagne natale pour entrer au service de Monsieur de Sartine, lieutenant général de la police de Louis XV, le jeune Nicolas Le Floch doit enquêter sur la disparition du commissaire Lardin, chez qui il loge dans le quartier des Blancs-Manteaux. Du coup, le voilà amené à visiter les bas fonds de la capitale, de Montfaucon autrefois célèbre pour son gibet, à la Bastille qui commence à trembler sur ses bases (nous sommes en 1761). Ses origines apparemment modestes le prédisposaient à devenir un obscur clerc de notaire, mais Nicolas Le Floch, malin et débrouillard, apprend vite... Jean-François Parot, qui a conçu cette série de polars historiques très documentés, connaît admirablement le Paris du XVIIIe siècle ainsi que les procédures judiciaires de l'Ancien Régime. L'évocation de Paris à la veille de la Révolution est superbe, toujours vivante, pleine de détails passionnants sur les costumes, les habitudes alimentaires, la vie quotidienne, et menée avec humour, sans pédanterie. Corruption, jeu, assassinats, complots : bien avant les braquages de guichets automatiques, la police du roi était sur les dents. Une fois le dépaysement historique passé, cette enquête haute en couleurs d'un jeune policier débarqué de sa Bretagne natale se lit comme un redoutable et délicieux roman noir. En associant rigueur historique et maîtrise du suspense, Parot nous fait découvrir de l'intérieur le XVIIIe siècle. D'enquêtes policières et espionnage à Paris, Versailles, ou sur le chemin du royaume, suivez les aventures périlleuses de Nicolas le Floch. Un vrai régal !

Ce commentaire vaut pour toute la série. Si elle rentre dans les classiques du genre, son intérêt réside dans la description de l’époque qui précède la Révolution. Mœurs, organisation politique et sociale, géopolitique du temps, description de Paris et de Versailles. J’ai bien aimé la plume de Jean-François Parot, aujourd’hui disparu.

Première enquête de Nicolas Le Floch, né de l’imagination féconde de Jean-François Parot. L’ampleur de sa connaissance se mesure à l’aune de ces mille et un détails qui fourmillent au détour des chapitres. L’auteur sait user, sans abuser, de mots usuels typiques de cette époque révolue. Il enchante le lecteur par son savoir encyclopédique des us, qu’il s’agisse de géographie de la capitale, des métiers existants, des vêtements portés, de la cuisine pratiquée. Chacun peut alors déguster une intrigue mitonnée aux petits oignons, épicée comme il faut et dont le sel se mesure aux savoureux rebondissements qui émaillent les découvertes de ce sympathique commissaire.