Les merveilleux nuages : Le livre de Françoise Sagan

J'ai rarement autant détesté un homme?? L'écriture de Françoise Sagan est toujours aussi agréable à lire mais qu'est-ce que j'ai eu du mal à avancer à cause d'Alan! Bon du coup je pense que c'était l'effet escompté, qu'on le déteste jusqu'à la fin, mais personnellement il m'était tellement insupportable que j'ai dû faire des pauses dans ma lecture :')

J'aime beaucoup le style de Sagan. J'avais adoré "bonjour tristesse", je suis tout autant emballée par cet ouvrage. Le thème est pourtant compliqué, mais tellement tristement toujours d'actualité : les relations toxiques et comment en sortir. C'était un réel bon moment

Un texte d'atmosphère autour de la jalousie et de l'idée de rupture conjugale qui fait mouche. Ce roman est dans le style de Françoise Sagan et donc il est marqué par un minimalisme éloquent et dense ,assorti d'un réalisme flouté légèrement pénible pour ce qui est de visualiser. Avec le temps j'ai trouvé que le style de cette auteure était assez proche de l'écriture en Amérique du nord , dans l'ouest en particulier. Aux Etats-Unis une femme française expatriée s'ennuie auprès de son mari jaloux et possessif dont elle croit être lassée. le bougre à des qualités certaines qui affleurent inopinément çà et là dans le récit. Ces lignes posent des questions métaphysiques profondes et elles dramatisent la tendance fréquente de tout à chacun de se tromper de problème ou bien de solution dans certains contextes émotionnellement chargés où ce que l'on voit est plus de l'ordre de ce que l'on croie voir que de ce qui est. L'épouse un peu usée rentre en France pour renouer avec la liberté et son mari la rejoint parce qu'il est jaloux et possessif. Cela à L'air bateau comme problématique sauf que non car c'est un bel exercice que ce thème et Françoise Sagan le traite en profondeur avec un ton épuré et une approche minimaliste constante que j'ai apprécié. Les descriptions sommaires et élusives des environnements et les questionnements que porte ce couple sont très fouillées et étudiées. C'est la vie qui se cache derrière les mots où se trouvent les apparences qui dissimulent et leurrent ,ce qui est profond. L'auteur exprime ici une tonalité cynique et l'univers du livre parle de gens oisifs dont les tempêtes émotionnelles sont méjugées par l'auteur qui n'a pas l'air de beaucoup les aimer bien qu'elle les comprenne bien. Personnellement je trouve la vacuité dans laquelle plongent et fourragent sans relâche les personnages touchante. Des personnages pas sympathiques mais qui ont pourtant la capacité d'émouvoir.

Françoise Sagan nous raconte l’histoire de Josée, jeune parisienne issue d’un milieu aisé, éprise de la liberté que lui procure sa condition, affranchie de toute considération morale ou religieuse et dont la nature profonde l’encouragerait à se laisser porter au gré du vent comme ces nuages dont elle admire la course vagabonde dans le ciel. Oui mais voilà, Josée est amoureuse d’Alan, et l’amour et la liberté ne font pas bon ménage. D’autant plus que le beau Alan est atteint de jalousie obsessionnelle. Il fait subir à notre héroïne de longs interrogatoires, l’accable de questions soupçonneuses et blessantes, la fait même suivre. Josée trouve bien entendu cela insupportable à vivre et tente de briser le carcan. Tout le roman, dont l’action se déroule d’abord en Floride puis à Paris, raconte comment elle s’y prend et pourquoi elle a autant de mal à rompre. Car cette jalousie, cette possessivité, est aussi la preuve de la vénération que lui porte Alan. A-t-on le droit de repousser un amour pareil pour des désagréments passagers ? Porté par la finesse d’écriture et de pensée de Sagan, un petit roman que j’ai trouvé admirable et qui n’a pas pris une ride.