Tant que fleuriront les citronniers : Le livre de Zoulfa Katouh

Tant que fleuriront les citronniers est un roman qui brise le coeur et illumine l'âme à la fois, mêlant la brutalité de la guerre à la poésie de l'espoir. Zoulfa Katouh raconte l'histoire de Salama, une jeune femme syrienne, dont le monde se teinte de cendres et de sang, sous les bombes de la révolution. Passionnée de pharmacologie, elle se voit devenir médecin dans un hôpital en ruines, affrontant la souffrance des autres alors qu'elle est elle-même en train de se noyer dans la sienne. Tiraillée entre son attachement à sa terre natale et son instinct de survie, elle se retrouve face à un choix impossible : fuir pour se protéger, ainsi que ses proches, ou rester pour continuer à aider les siens. Hantée par le poids de ses pertes, sa douleur… et par Khawf, une hallucination personnifiée qui incarne ses peurs les plus profondes, elle met tout en oeuvre pour sauver ceux qu'elle aime, en particulier sa belle-soeur enceinte, Layla. Et puis, il y a Kenan. Dans ce monde en ruines, où tout semble s'effondrer, la relation entre Salama et Kenan est une bouffée d'air pur. Elle apporte des couleurs à un univers qui n'en a plus. Kenan devient un symbole d'espoir et de beauté, prouvant que même dans les ténèbres les plus profondes, il reste des éclats de lumière. Leur relation est fragile, incertaine, menacée à chaque instant, mais c'est justement ce qui la rend aussi précieuse. Katouh réussit l'exploit d'écrire une histoire poignante sans jamais sombrer dans le pathos. Sa plume, à la fois lyrique et immersive, donne une voix puissante à ceux dont les vies ont été brisées par la révolution. À travers des personnages profondément humains et attachants, elle dresse un portrait vibrant de la résilience et de l'amour, que ce soit l'amour de la famille, du pays ou de l'espoir. J'ai beaucoup aimé comment, à travers le personnage de Khawf, Zoulfa Katouh parvient à personnifier l'angoisse, la culpabilité et la terreur qui rongent ceux contraints à l'exil. Ces dialogues intérieurs, d'une rare intensité, rendent palpable le combat psychologique de Salama, illustrant à quel point la guerre ne détruit pas seulement des villes, mais aussi des âmes. Malgré la révolution, malgré la douleur, Tant que fleuriront les citronniers est un roman baigné de couleurs. Les citronniers, symboles d'une Syrie douce et vibrante, les couchers de soleil dorés, les souvenirs lumineux de Salama avec sa famille… Tout cela contraste avec la violence du présent. Zoulfa Katouh réussit un tour de force : raconter l'horreur sans jamais écraser l'espoir, peindre la souffrance tout en laissant éclore la beauté. Ce livre est un réel coup de coeur, merci Zoulfa Katouh.

À la manière d’un château de cartes, la vie de Salama s’est écroulée du jour au lendemain : la guerre a privé cette jeune syrienne de sa famille, de ses études et de ses rêves. Pharmacienne en devenir, elle investit ce qu’il lui reste de force dans le secours aux blessés. Car ici, la violence et l’horreur s’immiscent en tous lieux. Dans cet environnement hostile et meurtri, elle peut compter sur le soutien de deux proches. Layla, d’abord, sa meilleure amie et alliée de toujours. Puis Kenan, courageusement révolté et en quête de justice. Mais bientôt, le choix devient inévitable : faut-il partir ou rester ? Et à quel prix ? L’autrice expose avec une transparence insoutenable toute l’atrocité du conflit (certains passages sont très choquants). Il ne s’agit pas d’en détailler les origines ou les causes, mais plutôt les conséquences. L’histoire tire une grande originalité du personnage de Khawf, qui symbolise la conscience de Salama. Du début à la fin, l’héroïne est tiraillée entre l’amour de son pays et la perspective d’un avenir meilleur. Je ne connaissais pas l’écrivaine, c’est une belle découverte !

Salama avait des rêves, des projets, insouciante à l’aube de ses 18 ans. La révolte syrienne éclate et sa vie bascule, fini les rêves et les projets, désormais son quotidien est rythmé par le sang, les victimes, les cris, l’angoisse. Une histoire ancrée dans l’actualité, douloureuse, injuste, triste, écœurante même, mais toujours avec un souffle d’espoir.

Derrière cette belle couverture et ce titre plein d'espoir, Tant que fleuriront les citronniers est un roman qui raconte la dure réalité de la guerre en Syrie. Zoulfa Katouh y dénonce les atrocités du conflit qui oppose l'Armée syrienne libre aux forces de Bachar el-Assad. Au fil des pages, on découvre les bombardements quotidiens, les arrestations arbitraires, les tortures, les emprisonnements, les viols et les assassinats qui détruisent des vies. Salama a tout perdu. Sa mère est morte dans l'explosion de leur maison, et son père ainsi que son frère sont emprisonnés dans des conditions terribles. Elle vit désormais avec Layla, sa belle-soeur, qui attend une petite fille. Malgré la peur et le chaos, la jeune femme n'a pas d'autre choix que d'aider les autres. Après seulement un an d'études en pharmacie, elle travaille dans un hôpital à Homs, une ville qui subit sans cesse des attaques. Chaque jour, elle voit arriver des dizaines de blessés, dans un établissement qui manque de tout : personnel, matériel et médicaments. Au-delà du simple témoignage d'une guerre, ce roman est aussi une plongée dans les dilemmes moraux qui accompagnent la survie. Salama est tiraillée entre son devoir de rester et d'aider les siens et la nécessité de fuir pour préserver ce qui lui reste. Elle est hantée par Khawf, une manifestation de sa propre peur qui la pousse à prendre des décisions cruciales. À travers ce personnage intérieur, Zoulfa Katouh aborde avec justesse la question de la santé mentale des survivants et l'impact psychologique de la guerre. Ce livre raconte aussi une histoire d'amour différente de celles que l'on voit habituellement. L'auteure parle de « romance halal », une relation qui respecte les traditions musulmanes. Son but était de montrer une autre vision du monde musulman, bien loin des clichés véhiculés par les médias. J'ai tellement aimé la relation de Salama et Kennan, si adorable et saine. Une lecture intense qui laisse une empreinte indélébile bien après avoir tourné la dernière page.