Une lame de lumière : Le livre de Andrea Camilleri

Ce n'est pas le plus gai des Montalbano mais il est très réussi. Une lame de lumière a été publié en 2012. Andrea Camilleri avait alors 87 ans. Son commissaire broie du noir au début du roman. Salvo Montalbano fait un terrible cauchemar qui laisse une impression de profond malaise. Et en plus le brave Catarella lui parle en latin ! Imaginez l'angoisse ! Et la matinée s'annonce en effet compliquée avec un sublissime tracassin. Des milliers de Tunisiens ont débarqué à Lampedusa et « Môssieur le ministre de l'Intérieur a manifesté l'intention d'inspecter les camps d'urgence mis en place à Vigàta. Lesquels, de leur côté, sont déjà pleins comme un œuf, avec la circonstance aggravante que les malheureux sont contraints de dormir par terre et de faire leurs besoins dehors ». le commissaire préfère sagement refiler la corvée à son adjoint et va visiter une exposition de peintures (Donghi, Morandi, Guttuso et Mafai) - dans la nouvelle galerie d'art de Vigàta appartenant à la belle Maria Angela, Marian pour les intimes. Salvo est très attiré par la galeriste ce qui remet en question sa relation déjà compliquée avec la volcanique Livia. Et très vite, au bureau il se retrouve avec deux affaires complexes sur les bras. Salvatore di Marta, propriétaire d'un supermarché, a signalé le vol avec violence subi par sa très jeune épouse Loredana. Elle était en possession d'une grosse somme qu'elle s'apprêtait à verser à la banque. Quelques jours plus tard on découvre que son ex petit ami a été tué, avant d'être brûlé dans la campagne ce qui serait a priori une signature mafieuse. Montalbano n'est pas du genre à se contenter d'explications faciles, d'autant plus que la vérification des téléphones de Loredana et de son amie Valeria suscite bien des doutes. La deuxième affaire concerne les Tunisiens. Un propriétaire agricole a signalé que sur un de ses terrains infertiles à l'abandon, il a retrouvé une vieille masure abandonnée avec une belle porte cadenassée. Quand ils se rendent sur les lieux, la porte a disparu. Mais ils trouvent très vite des traces d'explosif. le paysan employait deux Tunisiens. Trafic d'armes ? Terrorisme ? le commissaire est vite dessaisi de l'affaire, officiellement. Pour couronner le tout, le commerce de Marian avec les marchands d'art semble assez suspect. On ne s'ennuie pas. Un roman ancré dans la dure réalité sicilienne contemporaine. Beaucoup de rebondissements, du rythme et des dialogues aux petits oignons. Comme toujours, l'écriture d'Andrea Camilleri ce mélange d'italien et de sicilien est savoureux. Quelques scènes dignes de la commedia dell' art prêtent à sourire mais le registre dominant est plutôt grave. Et la fin qui concerne personnellement Salvo est douloureuse.