Poussière d'homme : Le livre de David Lelait-Helo

Un texte court, mais une magnifique lettre d'amour ! L'écriture comme exutoire à la perte, la douleur, l'absence, le vide ... Mais aussi une ode à l'amour, intense, simple ! Un roman tout en pudeur, qui dit l'horreur et le bonheur ! Tellement bouleversant!

L'Amour, la perte, le vide abyssal... Ce court roman, un monologue de 126 pages, resplendit de beauté tant par l'écriture que par celle des sentiments exprimés. Un amour qui transporte, transcende et transmet des émotions pour une vie entière avec une intensité que seuls ceux qui rencontrent cet Amour peuvent ressentir. Il s'agit de l'amour d'un homme pour un homme devenu poussière d'homme. Il a succombé à une terrible maladie, ce crabe impitoyable lorsqu'il enserre de ses pinces le corps qu'il a attrapé sans vouloir le lâcher. Le récit alterne entre présent et passé, dans un déroulement fluide et délicat, empli de pudeur y compris celle des sentiments. Mais l'amour transpire à chaque ligne, chaque mot. Le récit est douloureux, il étreint le cœur car il est aussi question de perte, un chagrin immense mais il est sublimé par cette plume douce et poétique que j'ai trouvée lumineuse. Elle rayonne, cette lecture en est étourdissante de beauté, une lecture qui se conjugue au pluriel car elle est universelle, cet amour est celui de l'Autre, celui du Toi avec Moi, que l'on soit homme ou femme. Le chagrin de la perte, le manque sont tout aussi universels. Une lecture intense, belle et douloureuse en même temps. Merci Agnès @aa67 pour cette découverte.

Un petit bijou de douceur et de beauté des sentiments humains. Un livre choc pour moi. L’absence et la perte d’un être cher peuvent démolir l’homme. Nous ne sommes pas grand chose face à la mort qui fait partie intégrante de notre être. Tout cela David Lelait en a fait un cours mais magistral roman. « Ce dimanche 3 avril, au soir, tes jours d’homme m’ont filé entre les doigts. Au presque commencement de ma vie, je t’ai perdu, toi avec qui je voulais la finir. Nous avions oublié d’être mortels, le temps nous a rattrapé. » Ce livre relatant un amour entre deux hommes est à nouveau une réussite à mes yeux - comme l’avait été ‘’Je suis la maman du bourreau’’. Cet auteur sait traiter avec toute la finesse qu’il faut, des thèmes lourds, chargés d’un poids incommensurable. Ici la maladie, l’accompagnement puis la perte de l’être aimé sont vécus avec les tripes, dépeints avec toutes les larmes d’un corps d’homme qui se croyait robuste et ancré sur la terre ferme. Oui mais quand la destin vous fait vivre une telle épreuve, tout se morcelle, tout est remis à plat dans votre vie. Dommage que nous ne mesurions pas la chance de nos vies avant de les voir tourner au drame. Pour en parler, rien de mieux que quelques citations glanées dans un livre qui pourrait être recopié dans son intégralité tant la beauté des mots est omniprésente. Citations : « Tu vas t’absenter de moi. » « Ce printemps où tu es parti, je ne l’ai pas vu passer. Je survivais hors du monde. » « Aujourd’hui, si durement confronté à la mort, j’aimerais croire en un refuge céleste, en un jardin des âmes où un brin de toi batifolerait joyeusement. Je souffrirais tellement moins si je te savais quelque part, sauvé, éternel. L’insupportable, c’est ce nulle part, ce plus jamais, ce plus rien qui prend toute la place. » « Oh, attention, les premières lueurs du matin paraissent, il faut faire vite, rendre les heures volées à la nuit et nous dire adieu. Voilà, je sens ta main fondre dans la mienne, ta peau douce se dérober de moi et ton souffle lentement s’éloigner de mes lèvres. » « Etonnamment, le jour succède à la nuit. IL se lève encore, impeccable, sans retard ni faute. Je cherche mon chemin dans la brume épaisse, anesthésié par une douleur sourde sur laquelle je ne pose pas de mots tant je la découvre, seconde après seconde, lentement. » « Il me faut maintenant accueillir encore, sans en porter la faute, mes désirs d’homme jeune, m’ébattre et jouir de ce sexe, marque de notre humanité et de notre connexion aux autres. »

Bon… Sans le vouloir, je continue mon petit chemin dans le genre littéraire du drame et cette fois, l’expérience fut magnifique. En ouvrant ce livre, j’étais loin de me douter du contenu dont j’allais prendre connaissance, et de la claque octroyée par la même occasion. Malgré sa petite épaisseur, la puissance que renferme ce bouquin est si forte qu’elle m’a balayé sur son passage. A l’heure actuelle, je crois que c’est la première fois que je lis une si belle déclaration d’amour et d’ailleurs, j’ai pu y trouver une citation dans laquelle je me suis reconnu. En tout cas, ce récit sera dans ma mémoire un sacré moment et je doute croiser le chemin d’une autre confession aussi forte que celle-ci. En attendant, je me dois de fournir une chronique littéraire et sans plus attendre, je passe de suite à la rédaction de mes fameuses listes. Point négatif : • Savoir ce qui nous attend, dès les premières pages, est un facteur que j’ai beaucoup de mal à apprécier… Peut-être pour épargner quelques âmes sensibles. Points positifs : • La taille aléatoire des chapitres. • Dès le premier chapitre, nous savons de suite dans quoi nous allons mettre les pieds. A partir du moment où j’ai compris que ma corde sensible allait être sollicité, j’ai veillé à comprendre la douleur de l’auteur. Ayant un exemple assez récent sous les yeux en permanence, je sais à quel point la perte de l’autre s’avère dévastateur. Personnellement, je ne pense pas que j’aurais l’occasion de vivre un tel drame et sincèrement, je ne me le souhaite pas. Je doute pouvoir m’en relever. • L’auteur possède une magnifique plume. La progression se fait rapide, fluide et chaque mot est intelligemment pesé. C’est ce qui fait la force de ce roman, par la même occasion. C’est un exercice difficile de rédiger une œuvre sur le deuil mais là, force de constater que le résultat est magnifique et encore une fois, d’une puissance surprenante. • L’auteur ne nous épargne rien : sa rencontre avec l’être aimé, les premières séparations le temps que l’amour s’en mêle et quelques brides du quotidien de ce couple fraîchement formé. Malheureusement, dès les premières pages, nous savons ce qui va se passer et lorsque le diagnostic est posé, on prend conscience que nous venons d’atteindre le coeur de ce récit. A ce moment, nous devenons spectateur de cette impuissance contre la maladie et même si l’issue n’est en rien mystérieuse, nous espérons tout de même une fin heureuse. Les belles histoires d’amour ne méritent pas de s’achever de la sorte.