Il était une femme étrange : Le livre de David Lelait-Helo
À la nuit tombée, sous le grand arbre d'Amapolas, Eusebio, le vieux conteur, promet un voyage étourdissant : la fabuleuse histoire de María Dolores Pinta de las Aguas Dulces, le seul être au monde qui eut trois vies et deux sexes ! Mais il ne dira pas comment cette femme le hante depuis que, dans sa jeunesse, il a admiré son corps inerte. Une beauté majuscule et théâtrale, une énigme inouïe à laquelle il a voué son existence. David Lelait-Helo évoque avec éclat la puissance de l'amour maternel et ses possibles ravages. Comment se construire quand vos sourires d'enfant ont été accueillis par des regards de glace ?
Incandescent et fiévreux,
Il était une femme étrange puise dans la folie d'Almodóvar et l'imaginaire foisonnant du réalisme magique.
De (auteur) : David Lelait-Helo
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
nathaliebullat
• Il y a 1 mois
"Chacun porte sa mère en soi, qu'elle soit morte ou qu'elle ait fui, elle pèse toujours, fût-ce de son absence. Louise L.Lambrichs." " Je vous jure, si ma mère m'avait aimé, rien de tout cela ne serait arrivé". Voilà un ouvrage d'une rare beauté ! L'auteur est un faiseur de merveilles. Son style appartient à l'aristocratie de la littérature Il nous surprend, nous emporte et nous émeut dans une histoire d'amour et de haine mais aussi de métamorphose ou plus exactement de renaissance. On retrouve le côté délicieusement extravagant et l'exotisme propres aux plumes sud-américaines. Une mention spéciale pour l'élégance de la photo de couverture qui illustre parfaitement l'héroïne du roman. Partons loin, tout près des courbes australes de la terre, Chili ou Argentine "là où on a la tête à l'envers". Eusebio dans sa jeunesse était thanatopracteur. Un évènement extraordinaire le marqua à vie, alors qu'il préparait pour sa dernière demeure une défunte très élégante et fardée. Dès les premières pages, le lecteur apprend la raison du grand tourment d'Eusebio. Des années plus tard, Eusebio devenu conteur hors pair, relate cette histoire inouïe de village en village devant des habitants éberlués.. Alors laissons nous captiver par ses récits dont font échos, comme un chuchotement, les révélations de la surprenante défunte, Maria Dolorès Pinta de las Aguas Dulces. L'heure est venue de vous faire une confidence nous avoue-t-elle. Elle évoque l'incroyable destin d'un fils transparent, rejeté par sa mère, une femme belle, riche, orgueilleuse et vénéneuse. Personnage inaccessible, tel une Folcoche élégante. Elle n'avait d'amour que pour la sœur jumelle du pauvre enfant. Fasciné dès le plus jeune âge par la beauté et la culture de cette mère si cruelle, il voulait ressembler à sa sœur, pour être aimé comme elle. Plus tard, prêt au pire, jusqu'à la folie, dans sa peau de "fils-fille", il assumera totalement sa résurrection. Une revanche à la hauteur de la souffrance endurée. La 4ème de couverture révèle le drame d'un homme qui a eu trois vies et deux sexes. Magnifique roman où l'image de la femme, mère, fille ou travesti occupe la place centrale, où il est question de reconstruction, de quête d'identité et surtout de quête d'amour.
YvonS
• Il y a 1 mois
Quel bonheur de retrouver la plume de David Lelait-Helo, un superbe texte soigné, une langue tenue et imagée. Littéraire sans affectation, poétique voire lyrique. Un plaisir, vous dis-je. Et puis son talent de conteur, de passeur d'histoires.. parce que c'est de cela dont il s'agit ici, mais pas seulement. L'Amérique du Sud.. l'Argentine ? Amapolas, village du bout du bout du monde. Un jeune homme, Eusebio, contemple le corps d'une femme morte d'une grande beauté. Mystérieuse, elle fascine le village depuis 20 ans. Elle est royale sur son lit de mort, impressionnante, et pourtant.. Fasciné ? amoureux ? Il va la toucher et découvrir LE secret. Eusebio, devenu un vieux conteur itinérant, va nous raconter la vie de Maria Dolores Pinta de la Aguas Dulces. La vie, les vies. Maria Dolores a vécu 3 vies et 2 sexes.. David Lelait-Helo avec une plume qui rappelle l'univers de Garcia Marques peint une Amérique du Sud corsetée mais riche en histoires flamboyantes. Il nous raconte un trio, la mère, la fille, le fils. La fille tant aimée, le fils haï. La fille disparue, le fils qui idolâtre sa mère. Et puis, parce qu'il a tant besoin de cet amour qui lui est refusé, il va "enfiler la peau" de sa sœur. Commence alors un fascinant duo d'amour et de haine, de sacrifice consenti, d'une vie rêvée de celui qui né garçon est devenu fille, la fille parfaite de cette mère haineuse. Oh, je ne vous ai pas tout dit, ne vous inquiétez pas ! David Lelait-Helo sait raconter une histoire. A 3 voix. La sienne, celle d'Eusebio et celle de Maria-Dolores depuis l'au-delà. La mort règne dans cette maison, l'amour y est douleur et la haine y est mortelle. L'auteur emploie la langue des conteurs, mais on n'est pas dans un joli conte. C'est une histoire vraie.. enfin, vraie telle que la raconte Eusebio. Une histoire d'amour filial et de haine maternelle, ou l'inverse. Jusqu'où peut-on aller pour obtenir l'amour qui vous est dû ? L'amour maternel est instinctif, dit-on. Comment Maria-Dolores est-elle arrivée dans ce village où le monde se termine ? Qu'a-t-elle vécu ? On est embarqué dans son histoire avec les mots d'Eusebio qui fascine son public toute une nuit, avec Maria-Dolores qui valide ou pas, explique ou pas. Et puis.. l'amour des livres, celui des fleurs, celui d'un petit garçon devenu fille. Ne vous inquiétez pas, rien de graveleux, le travestissement ici parle d'autre chose. Et puis le style de David est au-dessus de cela, on se régale de sa plume, de ce trio aimant/maltraitant, de ce duo d'amour/haine et de.. solitude. Un superbe roman à le ne pas rater !
PetiteBichette
• Il y a 1 mois
Prenez place, asseyez-vous dans le cercle. Dans le cercle autour du conteur Eusebio. Dans le cercle du plus grand au plus petit, la focale se resserre, le cercle domestique qui peu à peu se rétrécit, jusqu'au nombril, la matrice mère, et nous voilà revenus au début de l'histoire dans une boucle parfaite. Cercle autour de l'anatomie d'une chute, car les chutes de toutes sortes sont nombreuses dans cette histoire surprenante et délectable. David Lelait-Helo démarre son récit en fanfare, un jeune homme au chevet d'une morte. Il contemple la femme étendue, très belle, élégante, fardée, comme apprêtée pour recevoir la mort dans ses plus beaux atours. Subjugué, l'homme admire, détaille. Il touche, caresse, et pris d'une soudaine folie ose un geste complètement déplacé en glissant sa main sous la jupe. Mais là, une surprise de taille l'attend… « Elle fila, et la porte claqua derrière elle. Maintenant, l'homme était seul avec la morte. Il s'assit sur une chaise tout près d'elle, comme on visite un malade, et lui tint la main pour l'apaiser - la toilette mortuaire pouvait attendre. N'avaient-ils pas deux ou trois choses à se dire ? Après tout, quitter le monde n'est pas une tâche légère, voilà qui réclame art et manière. Dans la pénombre seulement chahutée par la lueur des bougies, il contempla l'oeuvre de Dieu, la frôla doucement, la caressa comme on joue à la poupée ; il replaça méthodiquement la soie de la jupe et les perles de verre rouge du chapelet, puis sa main, allez savoir pourquoi, se fit plus curieuse, bien trop audacieuse. Il la retira douloureusement d'un brasier imaginaire, les flammes léchaient encore sa peau et incendiaient son cerveau. le corps éteint lui avait fait l'aveu le plus inattendu qu'on n'eût jamais pu imaginer. L'homme, manquant de tomber de sa chaise, étouffa un cri. de surprise ou d'épouvante ? Sa vie entière, il s'interrogerait. » (p.18) Un récit fascinant et halluciné, aux portes de la folie narrée par un vieux conteur, Eusebio, le fameux jeune homme du début de l'histoire, pour qui la rencontre avec la Señora María Dolores Pinta de las Aguas Dulces marquera un tournant définitif dans la vie. J'ai retrouvé ici quelque chose de la folle exubérance du rêve du Jaguar qui d'un coup de baguette magique transporte dans un ailleurs dans lequel rien n'est tiède, les sentiments sont exacerbés avec une soif inextinguible d'amour. Que de portraits superbes de femmes, les mots sont maniés avec précision et élégance. Quel souci du détail, le lecteur respire les parfums, caresse les étoffes, ressent les émotions en cascade. L'auteur se fait virtuose des mots, j'ai été sous le charme de l'ironie mordante, du venin qui infuse en goutte à goutte son poison ou du jus des figues pulpeuses qui coule sur le menton. Les relations mère-enfant sont centrales et nous allons de surprise en surprise comme Alba ou les personnes réunies un soir autour du conteur Eusebio sous l'omb#7911;, le grand arbre d'Amapolas. Entrez dans la danse, dans le cercle brulant de la haine, du désir, de l'amour. Le roman étant très court, inutile d'en dévoiler davantage. Je terminerai juste en disant « Allo maman, bobo », Davic Lelait-Helo a définitivement des comptes à régler avec la figure maternelle, qui semble occuper une place centrale (j'y reviens) dans son oeuvre. Si la figure de Gabrielle de Miremont m'avait moyennement convaincue dans Je suis la maman du bourreau, j'ai été ici comme le vieil Eusebio complètement envoutée par la mort et la vie de María Dolores Pinta de las Aguas Dulces. Bienvenue dans le cercle. « La femme était grande, bien davantage que celles du village, plus élégante aussi. Une superbe allure qui empêchait que l'on soupçonnât la poussière de ses voyages et le tracas de son exil. À bonne distance, María Flor reconnut la très belle facture de sa mise : des souliers de velours carmin gansés de satin rose, un manteau droit parfaitement coupé dans une laine parme qu'on devinait plus douce qu'une aile d'ange, le tout couronné d'un adorable bibi rose poudré posé de biais sur un visage de porcelaine. María Flor n'avait plus vingt ans, alors elle plissa les yeux pour mieux détailler ses traits. En vain. Néanmoins, pendant des semaines, jouant les chroniqueuses éclairées, elle répèterait combien la visiteuse, assurément, était de la haute. Attiré par le feu que l'étrangère avait enfermé sous son petit chapeau, ou seulement soucieux de porter secours à une femme visiblement égarée, Mario finit par abandonner ses quesadillas fumantes pour se rapprocher d'elle. À mesure que fondait la distance qui les séparait, l'homme prenait conscience de la distinction de la visiteuse. Le rouge luisant de ses ongles peints lui fit grande impression, et plus encore l'éclat vert de la bague qui encerclait son annulaire. Il ralentit son pas, elle était une statue de marbre blanc couronnée de feu. Il fallut qu'il esquissât une modeste révérence pour que la pierre de son visage se fendît, libérant un sourire beau et mince comme un fil de soie. » (p.32, 33)
meeva
• Il y a 1 mois
Une histoire nous est contée, oui, c’est presque un conte. Sombre, comme conte. On retrouve le style de David Lelait-Helo, précis, riche, presque un peu précieux. Dans une alternance des voix de deux personnages, Eusebio et Maria, cette fameuse femme étrange. De belles réflexions sur la famille, les liens maternels, forts, toxiques. Maria vit plusieurs vies, « elle » habite d’autres personnages, ou c’est elle qui est possédée… Un roman que j’ai apprécié, sans le trouver captivant. Merci à Babelio d'organiser masse critique et aux éditions Héloïse d'Ormesson d'y participer.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782350878805
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 176
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- Dimensions
- 207 x 142 mm
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18,00 € Grand format 176 pages