Dernier Cri : Le livre de Hervé Commère

Roman singulier, du moins pour moi qui découvrait cet auteur et pensais au vu de la collection être en présence d’un polar. Or, ce récit est avant tout un roman social, sociologique voire politique, consacrant de généreux développements à la condition ouvrière, à celle des travailleurs migrants , à l écologie radicale, à la désertification des territoires et aux différentes luttes de pouvoirs mêlant ces multiples composantes. L’intrigue « policière » ne semble servir que de prétexte à la volonté de l’auteur de mettre tous ces thèmes en perspective. Elle n’occupe d’ailleurs que peu de place dans le livre et le twist final la concernant m’a paru assez fragile bien que surprenant. L’intérêt du livre est donc ailleurs dans l’aventure du personnage principal projeté dans des milieux divers témoins de l’époque, dans les caractéristiques des personnages, dans les luttes ouvertes ou tues dans lesquelles chacun se débat et/ ou agit. Aucun héros auréolé de pureté ne se détache, même ceux que l’on aurait pu croire les plus innocents. Tous portent plus ou moins leur part d’ombre. Quelques-uns seront sauvés, d’autres non et le monde continuera sa course, indifférent à ces destins brisés ou à ces rédemptions. Un agréable moment de lecture.

Quand j’ai débuté la lecture de ce livre, j’ai ressenti deux sentiments : le prologue avait attisé ma curiosité et m’avait plu tandis qu’à partir du chapitre 1, je me suis dit que c’était du déjà-vu avec l’ancien flic qui passe la nuit avec une journaliste et cette dernière tuée lors de celle-ci… Mais ça, c’était sans connaître l’auteur, Hervé Commère. Même si le point de départ pourrait faire penser à d‘autres thrillers, tant littéraires que cinématographiques, le reste n’a rien à voir avec ça ! Bien au contraire ! Si on peut douter de la crédibilité de certaines circonstances dans l’enquête, cette dernière n’est finalement qu’un infime détail et la suite est vraiment hyper intéressante. J’ai beaucoup apprécié la façon dont l’auteur a pris le risque pour amener des sujets très actuels mais aussi sensibles, sans pour autant tomber dans le jugement. La plume affûtée d’Hervé Commère pointe là où c’est nécessaire, sans fioritures. Bien loin du thriller classique, ceci est un thriller social où les lecteurs ne peuvent qu’être touchés par le destin de certains personnages. Par certains aspects, cela m’a fait penser au très beau livre de Florence Aubenas, « Le Quai de Ouistreham ». Nous poussant à réfléchir sur plusieurs sujets que je ne dévoilerai pas et bien qu’on puisse penser plusieurs fois avoir le fin mot de l’histoire, l’auteur s’est en fait joué de nous ! Possédant plusieurs livres d’Hervé Commère dans ma bibliothèque, cela a été enfin le moment où j’ai pris le temps de le découvrir et ça a été une vraie réussite. Bref, je ne manquerai donc pas de sortir ses autres bouquins de ma pile à lire, en espérant y retrouver les mêmes qualités et passer aussi un très bon moment de lecture que pour celui-ci !

—#128217; – Dernier Cri de Hervé Commère L’avis de Marc : - Nous suivons Étienne Rozier, ancien policier devenu lobbyiste, qui passe un week-end avec Anne, une journaliste. Leur aventure vire au cauchemar lorsque cette dernière est assassinée. Rapidement suspecté, il doit fuir pour prouver son innocence. Pour ce faire, il reprend l’enquête qu’Anne menait sur les conditions de vie des travailleurs pauvres, une investigation qui le ramène à Elbeuf, cité ouvrière marquée par la désolation et les fractures sociales. Là, il découvre un monde qu’il avait fui : celui de l’exploitation humaine, des rêves brisés et des vies enchaînées par la misère. - Le roman s’impose comme un véritable thriller sociétal. L’auteur brosse un portrait sans concession des coulisses du textile, entre ateliers insalubres, main-d’œuvre exploitée et absence de droits fondamentaux. - L’intrigue, savamment construite, enchaîne fausses pistes, révélations bouleversantes et moments de tension. Si le rythme reste constant, certains rebondissements surprennent véritablement, notamment le twist final inattendu, bien que légèrement en demi-teinte pour moi. - Les personnages sont le point fort de ce récit. Étienne, habitué au confort et à l’opulence, se voit contraint de s’immerger dans le quotidien de ces travailleurs invisibles. Les figures secondaires, quant à elles, ne laissent pas indifférent. Rafi, en particulier, se démarque par son parcours empreint de souffrance. - L’auteur dépeint avec justesse un univers sombre, à la fois poignant et terriblement réaliste, celui des « invisibles ». - C’est un thriller percutant qui nous entraîne dans une intrigue haletante où s’entrelacent drame humain, critique sociale et enquête policière. Une lecture marquante et engagée, qui, malgré quelques faiblesses notamment le final, m’a beaucoup plu.#129392;

J'avoue avoir eu du mal au début avec une lecture un peu contrainte (je suis elbeuvienne) et puis je me suis laissée embarqué. Un roman social, pressé, des rebondissements qui vous laissent essoufflée à la fin du livre. Ce dernier cri à la vie va résonner longtemps.