Le Dimanche du souvenir : Le livre de Darragh McKeon

Il y a eu plusieurs Bloody Sunday en Irlande. Et beaucoup d'autres jours de la semaine, bloody eux aussi. Le beau et riche roman de Darragh McKeon nous ramène d'une manière très personnelle au terrible attentat d'Enniskillen, Irlande du Nord, le 8 novembre 1987. L'IRA avait ce jour là frappé très fort. Les relations entre Londres et Dublin ont toujours été tout sauf simples et mon Irlandophilie ne m'aveugle pas totalement. Les horreurs sont souvent bicéphales. Mais Le Dimanche du Souvenir ne s'apprécie pas si facilement. D'abord par sa construction. Simon, quarantaine bien sonnée, New York, s'effondre, une crise d'épilepsie. Il n'en avait pas fait depuis presque trente ans. Nous entrons dans la psyché de Simon qui doit être opéré en neuro-chirurgie. C'est à travers cette médecine que l'on s'immisce dans son passé et dans les possibles causes profondes et quasi freudiennes de cette atteinte. Une phrase. Comment tu t'appelles, fiston? Cela remonte aux quinze ans de Simon. De l'autre côté, c'est parfois ça l'Irlande, Brendan, un peu plus âgé. Lui est partisan de l'IRA, pas forcément le plus radical. Mais vous savez bien que les mouvements proches des extrêmes secrètent toujours plus extrêmes qu'eux. On partage la vie de Brendan, laborieuse, monotone, sa rencontre avec Sarah, puis ses possibles dérives. Le Dimanche du souvenir mérite une certaine attention et l'on ne s'aperçoit que comme en catimini qu'on est passé de l'un à l'autre sans trop voir jusque là ce qui unit et oppose Simon et Brendan. On ne retrouve que ça et là les clichés "rassurants" de l'Irlanditude parfois un peu étouffants par ailleurs. Et c'est bien là ce siècle irlandais et ce pays qui m'a toujours attiré dans toute sa complexité. Un auteur irlandais de plus à suivre. Mais ne dit-on pas que tous les Irlandais sont des écrivains?