Indomptable Angélique : Le livre de Anne Golon

Avec ce quatrième tome, la saga prend une ampleur nouvelle, presque épique. Indomptable Angélique est un voyage, au sens le plus fort du terme : géographique, historique, intérieur. On quitte la cour de France, ses dorures et ses poisons, pour embarquer sur les flots incertains du destin. Angélique, poussée par les révélations du roi lui même — décide de partir sur les traces de son premier époux, Joffrey de Peyrac, dont elle croit la survie possible. Ce n'est pas un choix raisonnable. Ce n'est pas un acte de stratégie. C'est un acte d'amour et de foi, d'un courage insensé. Et une fois encore, elle brave ce que bien peu oseraient affronter. Le roman est d'une richesse historique fascinante. On découvre les coulisses d'un monde insoupçonné : celui des marchands, des corsaires, des navires, des routes maritimes, des ports exotiques. L'histoire ne se vit plus dans les salons, elle se hurle dans les cales, se murmure entre esclaves, se trame dans les alcôves et les marchés d'Orient. Et ce qu'on y découvre est dur, cruel, parfois insoutenable. Angélique y subit mille épreuves, humiliations, violences — de corps et d'âme. Elle est convoitée, manipulée, trahie. Elle tombe souvent, mais elle se relève toujours. Ce que j'ai ressenti à la lecture, c'est un mélange d'admiration et de révolte. Admiration pour cette femme qui ne cesse de se battre. Révolte face à cette époque où la femme n'est qu'un objet de convoitise, de pouvoir, de chantage. Et pourtant, Angélique garde son feu intérieur. Sa volonté. Sa lucidité. Elle manie l'intelligence comme une arme. Elle manipule les hommes comme elle est manipulée. Elle s'en sort, parce qu'elle a cette force-là. Et puis il y a cette scène. Cette scène qu'on n'oublie pas : la vente aux enchères. [masquer] Angélique, nue, exposée, humiliée, offerte à la convoitise du monde. C'est une scène difficile, d'une tension extrême, presque insoutenable… et pourtant terriblement romanesque. Un romantisme sombre, toxique, chargé de douleur et de désir. le Rescator entre alors en scène, masqué, flamboyant, énigmatique. Il l'achète. Il la sauve — ou la kidnappe, selon le point de vue. Cette scène est un uppercut. Et on ne sait pas encore qui est vraiment cet homme, mais déjà, il fait trembler les fondations de l'histoire. Il incarne le mystère, le danger, le pouvoir. [/masquer] Et Angélique, en dépit de l'humiliation, garde la tête haute. Elle ne cède jamais complètement. Elle survit. Elle espère. Elle continue. Toujours. Et pourtant, elle tombe encore. Elle se brise encore. [masquer] Dans les mailles du filet du sultan Moulay Ismaël, roi du Maroc, lui-même. Qui la veut pour lui, quitte à la tuer ou la violer. Et dans une ultime spirale de retournements, elle se retrouve de nouveau à la merci du pouvoir royal. Louis XIV, encore lui, toujours lui. L'homme, le roi, le prédateur magnifique. Quelle tension ! Angélique est convoitée comme jamais, tiraillée entre ce roi qu'elle méprise mais qui l'obsède, et cet autre roi de l'ombre, le Rescator, qu'elle craint, désire, hait peut-être… [/masquer] C'est un triangle de feu, un affrontement de volontés, de sensualités, d'émotions extrêmes. Indomptable Angélique est peut-être l'un des tomes les plus durs, mais aussi des plus puissants. On en sort secouée, bouleversée, admirative. Et profondément attachée à cette femme qui incarne à elle seule la résilience, la liberté intérieure, et le courage farouche de ne jamais cesser d'aimer.

Angélique apprend que son premier mari, Joffrey de Peyrac, n'est pas mort. Ni une ni deux, elle prend la décision de le retrouver bravant ainsi l'interdiction formelle du roi de quitter le pays (et lui par la même occasion). Ne craignant pas sa colère, Angélique s'apprête à vivre de grandes aventures. Elle est loin de s'imaginer les dangers qui l'attendent... #x26a0 Attention ce passage contient des révélations ! Son obstination la conduit sur le bateau du marquis de Vivonne, un navire de guerre royal. Hélas en mer Méditerranée les pirates sont légion et le navire est attaqué. Angélique se retrouve donc aux mains du marquis d'Escrainville, pirate misogyne qui la revend. Rachetée par le Rescator dont elle ignore l'identité, elle s'échappe et devient la prisonnière d'Osman Ferradji, le Grand Eunuque du roi du Maroc, Moulay Ismaël. Enfermée dans le harem du sultan, elle n'a qu'une obsession, retrouver sa liberté... Et des personnages que l'on croyait disparus refont surface. Ohlala ! #x26a0Fin du spoil Ce tome est absolument formidable, encore une fois richement documenté sur les pirates, les barbaresques, l'esclavage et les harems. C'est un voyage aux douces senteurs de jasmin, d'orangers et d'épices, de tissus colorés, de café et de sable fin. Voilà pour le côté enchanteur. Mais ce sont aussi des contrées dangereuses, où les marchés aux esclaves de toutes origines foisonnent, où le roi du Maroc décapite des têtes pour son petit-déjeuner et où la liberté des femmes n'existe pas. Qu'est-ce que la vie à bord d'une galère, comment vit la chiourme ? Qui est donc le Rescator, le pirate qui fait trembler la Méditerranée ? Comment s'enfuir d'un harem alors que cela s'avère impossible ? Comment est la vie dans un harem, pourquoi certaines prisonnières sont mieux loties que d'autres ? Beaucoup de thèmes abordés et autant de réponses. Ce roman a de multiples rebondissements qui à chaque fois font mouche. J'ai adoré retrouver Savary, j'ai adoré les discussions d'Angélique avec le Grand Eunuque, j'ai adoré toutes ces aventures qui m'ont captivée du début à la fin. Bref, un seul mot d'ordre, lisez cette série !