J'arrête de boire sans devenir chiant : Le livre de Mickael Naassila

Ça fait quelques mois que je réfléchis à ma consommation d’alcool et que je la réduis progressivement. Pourtant, elle n’a jamais été ce que qui que ce soit ici considérerait comme problématique! Quelques verres pour me détendre le vendredi soir après une longue semaine, une bouteille au resto avec les copines, un (ou deux) spritz en terrasse… Un usage normal si j’en crois ce que me montrent les stories, les séries, les émissions, les films! J’étais loin du compte d’après les données rassemblées par Mickael Naassila dans « J’arrête de boire sans devenir chiant » Les seuils de référence pour les TUA (troubles de l’usage d’alcool) sont extrêmement bas et même en se maintenant en-dessous de ceux-ci, le risque zéro n’existe pas. Bam! Voilà une vérité bien assénée. Un livre à lire par tous ceux et celles qui se sont interrogés sur leur relation à l’alcool ou qui voudraient se montrer plus tolérants envers celles et ceux qui décident de s’abstenir totalement! J’ai apprécié l’audio mais la première partie - très scientifique - ne s’y prêtait pas vraiment. Mon esprit a parfois décroché pendant les énumérations de maladies ou de molécules, sans doute plus digestes au format liste sur papier!

Voilà un billet que je vais avoir bien du mal à écrire, hips ! Vite, un p'tit verre pour me soutenir, rhoo, mais c'est que j'ai déjà dépassé les 10 de la semaine, zut ! Et on est lundi... Ben non, mon retour ne sera pas sur ce ton léger, parce que le sujet est sérieux, pour ne pas dire grave : en effet, pendant que notre président prend ouvertement parti pour les lobbies de l'alcool (souvenez-vous : "arrêtez d'emmerder les français avec ça !" concernant un éventuel durcissement de la loi Evin au Salon de l'agriculture 2018), la consommation d'alcool occupe la 4ème place des causes de décès, derrière l'hypertension, le tabac et l'obésité. Et elle est une cause majeure de décès chez les jeunes, notamment à cause du binge-drinking. Et à part ça, on compte 207 maladies directement liées à cette (sur)consommation... Bon, je ne vais pas vous assommer de chiffres, mais vous avez compris l'enjeu du problème, même si la plupart d'entre nous continuent à penser qu'un verre de vin au repas, ça ne peut faire que du bien. L'idée n'est d'ailleurs pas de convaincre à tout prix que seule l'abstinence totale est la bonne attitude, mais plutôt d'expliquer, de déculpabiliser et d'aider à réduire sa conso quand la santé et l'entourage vous indiquent qu'il est temps de le faire. Dans la première partie, "Comprendre l'impact de l'alcool sur la santé" l'auteur, professeur en alcoologie, retrace l'histoire de l'alcool depuis l'antiquité, et notamment en France, terre de bons vins dont la culture est intimement liée à ces breuvages qui apportent convivialité, désinhibition et créativité aux artistes, mais aussi misère sociale et violence (voir "L'assommoir", de Zola). Puis il nous présente le sombre tableau actuel des multiples pathologies induites par une consommation régulière ou occasionnelle mais excessive, voire même ces fameux "un ou deux petits verres de temps en temps" qu'on pourrait croire inoffensifs. Alors bien sûr, nous ne sommes pas tous égaux devant l'alcool, l'hérédité, le genre et l'âge vont jouer dans la tolérance et la résistance de notre organisme. Mais il est toujours utile de faire le point, et voilà qui nous amène à la seconde partie, plus utile selon moi car bien plus concrète : "Changer sa relation à l'alcool et agir". Comme nombre d'entre nous, j'ai fait la fête lors de ma jeunesse, et sans modération. J'ai connu l'ivresse jusqu'au coma éthylique, les relations sexuelles pas vraiment désirées, les conduites à risque, et les lendemains de cuite où c'est dur d'assurer au boulot ou en fac (je n'étais pas prof à ce moment-là !). Jusqu'à me retrouver un jour au pied du mur : foie déglingué, crises de manque, bref, tu arrêtes ou tu meurs. J'avais 22 ans...et je me suis retrouvé en désintox. Aujourd'hui, avec le recul, je sais que je reviens de très loin, aussi quand je vois dans mon entourage des personnes des personnes chères qui n'ont pas conscience de mettre leur santé en danger en consommant trop ou trop régulièrement, je me sens souvent désarmée : comment les sensibiliser aux risques sans passer pour la chieuse de service ? Et pourtant, j'aime toujours autant sortir avec des potes, ou célébrer les grandes occasions en famille. Et je ne suis plus totalement abstinente non plus, maintenant qu'il m'est facile de dire non au verre de trop. Mais j'ai encore parfois droit aux remarques du style "oh, t'es pas drôle, on a bien le droit de s'éclater un peu de temps en temps quand même !" ou bien "t'es mal placée pour me dire de me calmer" (pour ceux qui m'ont connue à l'époque). Ben si, justement. Alors, je le répète, il ne s'agit pas de culpabiliser ni de condamner tout écart, mais d'aider les personnes qui souhaitent réduire ou cesser leur consommation. En leur fournissant des outils pour dans un premier temps évaluer leur degré de dépendance et leur consommation réelle (on n'en a souvent une idée faussée), puis des solutions et des interlocuteurs pour les soutenir. Ce que j'ai trouvé vraiment cool, c'est la bienveillance de l'auteur qui appréhende très bien la difficulté à reconnaître une dépendance, et la honte qu'on peut avoir à en parler, y compris à son médecin. Il propose donc, pour les cas modérés, de passer par des applications facilement accessibles qui permettent de mesurer chaque progrès et encouragent avec d'innombrables conseils pratiques, par exemple comment gérer les "situations à risque", par quoi remplacer le verre-réconfort d'après le boulot, etc. Cependant, il précise bien que dans les situations plus sérieuses, le médecin voire l’hospitalisation sont incontournables pour évaluer l’état de santé et encadrer un éventuel sevrage. J'ai trouvé ce livre très intéressant et surtout très utile pour toute personne qui souhaite changer ses habitudes en matière d'alcool, ou aider un proche un peu trop porté sur la dive bouteille. La première partie peut paraître un peu trop technique, mais il est difficile d'expliquer l'action de l'alcool sur la santé de façon détaillée sans employer de termes médicaux ou chimiques. La seconde partie est bien plus concrète et abordable par tous, je recommande sans modération ! Merci à Babelio et aux éditions Solar pour cette envoi dans le cadre de la MC non-fiction du mois dernier.

"Refuser un verre ou une tournée ne signifie pas être "chiant", ennuyeux ou ne pas profiter de la vie. C'est un choix de santé et de bien-être. " À mon sens c'est la phrase la plus importante du livre. En effet, la culture de l'alcool est partout. Dans toutes les occasions et dans tous les états d'esprits où l'on peut se trouver. Pour l'ouvrage lui-même. À sa lecture, j'ai impatiemment attendu la Partie 2. Non pas que la 1 était inintéressante mais je savais en grande partie ce qui y est exposé. Cependant le point historique et le point effets négatifs de l'alcool dans la société française et les individus est totalement indispensable à ce type d'ouvrage. Heureusement,Mickael Nassila le fait de manière concise et simple. J'ai donc préféré la deuxième partie qui invite le lecteur à s'interroger sans culpabilité sur son rapport à l'alcool. Les pistes et conseils présentés sont pertinents et bienveillants. Cela est rafraîchissant de voir le sujet des troubles de l'usage sous un angle positif. Merci donc à l'auteur de se mettre à la portée de chacun et de nous laisser le temps de bien vouloir nous interroger sans avoir peur d'un jugement immédiat. Il s'agit ici d'apprendre à se faire confiance et de se dire "oui je voudrais essayer"- tout simplement. Enfin merci à la Masse Critique Babelio de m'avoir sélectionnée pour lire ce livre.

J’ai beaucoup aimé ce livre, qui nous liste les croyances sur l’alcool, pourquoi et comment c’est aussi ancré dans la culture française, comment les lobbies font pression. Nous avons aussi un état des lieux de toutes les maladies diverses et variées que cause l’alcool ou qui augmente fortement le risque. À court terme comme à long terme … Le livre enfin nous donne enfin des clés pour comprendre et analyser notre propre consommation d’alcool, et quelques pistes et astuces pour la réduire ! :) Tout avec un ton bienveillant et assez déculpabilisant pour la personne qui boit. Je conseille à tout le monde de le lire c’est très instructif.