La maîtresse de mon amant : Le livre de Maggie O'Farrell

C’est difficile de parler de ce roman sans risquer de révéler des mystères soigneusement entretenus par Maggie O’Farrell pendant une bonne première partie. C’est le deuxième roman que je lis de cette autrice d’origine irlandaise et j’aime sa manière de mener sa narration, nous révélant petit à petit les pièces du puzzle, les éléments du mystère planant autour de Sinead, qui occupait le loft avant Lily, et de sa relation avec Marcus. Elle a aussi l’art de malmener ses personnages (non qu’elle ne les aime pas, au contraire) : au début, c’est Lily qui semble un peu bizarre, on a envie de l’avertir de ne pas se précipiter dans la colocation proposée par Marcus ; et par la suite, son désir de savoir absolument ce qui s’est passé dans cet appartement semble exagéré, indiscret. De même le « meilleur ami » de Marcus, Aidan, semble fort peu sympathique, alors que le jeune architecte joue le beau rôle de l’amoureux abandonné, délaissé, blessé à jamais. Mais au bout de cette première partie (un peu longuette, mais rien qui me donne envie de lâcher le livre), les choses vont évoluer et nous allons connaître d’autres points de vue… Ce roman m’a fait un peu penser aux délicieuses comédies romantiques à l’anglaise (du genre Quatre mariages et un enterrement) mais tout ne se termine pas de façon idyllique, on peut même se demander si la réalité n’est pas trompée par le rêve ou l’illusion. En tout cas, je sais que je continuerai à explorer la riche bibliographie de Maggie O’Farrell, une romancière sensible, maître dans l’art de fouiller la psychologie de ses personnages.