L'étrange disparition d'Esme Lennox : Le livre de Maggie O'Farrell

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Depuis soixante ans, le monde l'a oubliée et sa famille ne prononce plus son nom. Esme Lennox n'existe plus. Mais quand ferme l'asile où elle vivait recluse, la vieille femme réapparaît brusquement. Au bras de sa petite nièce, Esme découvre une Écosse moderne peuplée de fantômes... qui réveille, sous le silence des années, les secrets inavouables d'une vie volée.

" À chaque page – jusqu'à l'ultime –, c'est la stupéfaction. [...] Magistral. "
Jeanne de Ménibus - Madame Figaro

Traduit de l'anglais
par Michèle Valencia

De (auteur) : Maggie O'Farrell
Traduit par : Michèle Valencia

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Expérience de lecture

Avis Babelio

LivresseDeLire

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Esme Lennox, internée pendant des décennies, est libérée d'un asile. Elle rencontre sa petite-nièce, Iris, qui ignorait, jusque lá, tout de son existence. Ensemble, elles vont démêler les secrets d'une famille brisée par un drame passé tout en apprenant à se découvrir et s’apprivoiser. J’ai ressenti la lecture de ce très beau roman comme une plongée dans les méandres de l'âme humaine, où le passé refait surface pour venir bouleverser le présent. C’est le troisième roman de Maggie O’Farrell que je lis et encore une fois je suis séduite par la qualité de ses écrits. Le style est délicat mais puissant, la richesse des détails donne de la profondeur aux lieux et aux personnages sans pour autant alourdir le récit. Ses métaphores originales lui apportent une dimension quasi lyrique. C’est beau ! Ce roman se distingue vraiment par la qualité de son écriture, l'originalité de sa construction narrative et son atmosphère un brin nébuleuse. L’autrice jongle avec plusieurs temporalités et voix narratives. Une alternance qui permet de pénétrer dans l'intimité des personnages, de comprendre leurs motivations, leurs souffrances et nous oblige, comme Iris, à reconstituer le puzzle de la vie d'Esmé, démêler les fils de l'intrigue, par le jeu passé-présent. Cette construction narrative fragmentée apporte au récit une atmosphère énigmatique et maintient habilement le suspense. J’ai été happée et captivée! La santé mentale est au centre du roman et l’autrice explore cette question de manière nuancée et complexe. Elle nous invite à réfléchir sur la façon dont la folie est perçue, selon les époques, et met en avant l'importance de la compassion et de l'écoute. Le personnage d’Esme, internée pendant des décennies sans raison valable, est un symbole du rejet et de la marginalisation, par la société, de ceux qui sont différents. Sa singularité est perçue comme quelque chose de honteux, à cacher aux autres. L’autrice démontre ainsi que la société laisse peu de place à l’originalité, d’autant plus lorsque l’on est une femme dans une époque qui leur accorde peu de liberté. Elle préfère faire disparaître ceux qu’elle ne comprend pas plutôt que s’adapter. Les femmes sont vraiment les héroïnes de ce roman et, à travers elles, leurs personnalités et leurs aspirations diverses, l’autrice soulèvent de multiples questions liées aux inégalités de genre, avec subtilité, et tout en questionnant les progrès restant à faire : - La quête d'autonomie et l'émancipation; - Les pressions sociales qui pèsent sur les femmes ; - La maternité, présentée comme une contrainte, limitant les aspirations personnelles des femmes; - Les stéréotypes et les préjugés qui associent la folie à la féminité (hystérie, troubles de l’humeur, …). C’est une belle galerie de personnages féminins que l’autrice propose : Esmé représente une femme étouffée par les conventions de son époque, dont l'esprit libre ne s'accorde pas avec les attentes de la société envers les femmes. Son internement peut être vu comme une forme de punition pour avoir dérogé aux normes sociales. Iris incarne une génération plus libre, avec des possibilités plus larges. Sa rencontre avec Esmé la confronte aux limites de l'émancipation féminine et aux secrets familiaux intériorisés qui continuent de peser sur les femmes. Quant à Kitty, elle est un pivot essentiel dans l'intrigue car elle crée un pont entre Esmé, la génération précédente, et Iris, la génération suivante. Mais surtout elle représente une génération plus conformiste, plus soucieuse de l'image sociale. Ses choix sont souvent dictés par les conventions de son époque. Maggie O’Farrell utilise la mémoire et les souvenirs dans son récit pour construire une intrigue subtile et complexe, afin de maintenir habilement le suspense. La mémoire d’Esmé, après des années d’internement, est fragmentée. Ses souvenirs reviennent par bribes, incomplets et imprécis, révélant les secrets du passé progressivement. La perte de mémoire de Kitty ajoute encore au mystère de l’intrigue. Ses souvenirs apportent des éléments nouveaux à l’intrigue qui ne font qu’épaissir le brouillard de mystère dnas lequel est plongé le lecteur, jusqu’à la toute fin. Elle permet aussi de symboliser l’oubli familial collectif qu’Esmé a subi. Enfin, je suis admiratrice de la façon dont l’autrice utilise habilement les lieux de son histoire comme des personnages à part entière et pas uniquement comme des éléments de décor. Ils façonnent les destins des personnages et révèlent les secrets du passé. Imprégnés d'histoire et de souvenirs, ils servent de mémoire vivante, participant à la construction de l’intrigue et la mise en place de révélations progressives. Et ils apportent au récit une forte dimension symbolique. La maison d’Iris, par exemple, demeure familiale, est un lieu où les fantômes se manifestent et qui symbolise la confrontation entre le passé et le présent. C’est véritablement un roman très réussi, qui tient habilement le suspense, propose de beaux personnages et soulève des réflexions intéressantes, le tout avec nuance et subtilité.

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Dorothee1985

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Quel beau livre. Esme Lennox est une vieille dame qui recouvre la liberté après plus de 60 ans d'enfermement. Sa petite nièce Iris est celle qui va s'en occuper après que l'hôpital psychiatrique ferme. À travers les souvenirs d'Esme on découvre la vie dans une famille bourgeoise dans les années 30. Esme ne collait pas aux normes, s'exprimait mal, on va s'en débarrasser et la faire enfermer, l'oublier... À découvrir

Bellonzo

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Maggie O'Farrell est décidément une experte quant à l'exploration de la condition féminine. Après l'Angleterre shakespearienne ou la Renaissance (Hamnet, Le portrait de mariage) elle nous emmène dans l'Ecosse des années cinquante et nous explique les raisons de L'étrange disparition d'Esme Lennox. Les personnages principaux sont deux femmes, l'une âgée, Euphemia dite Esme et Iris, une jeune femme qui se trouve être la petite-nièce de la première. Mais ça elle vient seulement de l'apprendre. Esme vit dans un hospice depuis soixante ans. Cet hospice devenu vétuste doit fermer et l'on ne trouve pour "récupérer" Esme que cette petite-nièce qui ignorait son existence. Iris et Esme vont ainsi passer quelques jours ensemble. Curieuse sensation de retrouver ainsi une vieille parente inconnue dont la vie entière a été volée, une femme ainsi comme privée d'elle-même six décennies, cloîtrée dans un institut sur colère des parents et décision arbitraire. Cela n'était pas si rare. De l'enfance d'Esme au retour en Ecosse on ne saura que le drame d'avoir perdu un petit frère, des querelles avec sa soeur ainée Kitty et assez vite l'internement. Soixante ans plus tard Iris, elle-même en plein trouble sentimental, va peu à peu découvrir un passé enfoui et les relations entre les deux soeurs, Esme et Kitty. C'est que Kitty vit encore elle aussi, atteinte de la maladie d'Alzheimer. D'abord peu concernée, Iris se sent davantage impliquée quant à cette horreur programmée il y a si longtemps. Maggie O'Farrell exige du lecteur une certaine ténacité par les incessants allers-retours, fréquents (un peu trop) et assez complexes parfois, au point qu'on peut s'y perdre un peu. Trois petits points, quelques phrases, suspension, on est en droit de s'en lasser. Mais c'est à mon sens une faute bien vénielle qui n'empêche pas d'aimer ce roman, le roman de la vie entre parenthèses d'une femme en plein XXème siècle, qui fait beaucoup plus pour un féminisme intelligent que bien des manifestes actuels hallucinants de bêtise. Après quatre romans de Maggie O'Farrell carton plein pour moi.

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JacquelineNicolas

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 10 mois

Cette histoire de famille débute vraisemblablement durant les années 1930, en Inde, alors que l’empire colonialiste britannique chancelle dans ce pays. La romancière décrit le sort peu enviable auquel étaient soumises les femmes et les jeunes filles de la haute société britannique à cette époque. Cette saga familiale nous transporte tantôt dans le passé tantôt dans le présent. Ces allers-retours incessants dans le temps font perdre pied et rendent difficile la quête du secret familial qui sera finalement révélé au lecteur mais de manière suggestive. Le dénouement se termine en « queue de poisson » et l’on reste un peu sur sa fin, dommage…

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782264048561
  • Collection ou Série
    Littérature étrangère
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    240
  • Dimensions
    179 x 109 mm

L'auteur

Maggie O'Farrell

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