Le Manuscrit de Birkenau : Le livre de José Rodrigues Dos Santos

L’an passé, je vous ai proposé un retour de lecture sur Le Magicien d’Auschwitz du journaliste portugais J.R. Dos Santos, voici la suite Le manuscrit de Birkenau que je n’ai pas tardé à découvrir tant le premier tome m’avait intéressée. Je me doutais en terminant celui-ci que la légéreté apparente du récit n’allait pas perdurer car malheureusement on ne peut refaire l’Histoire, pas même dans une fiction. Le grand magicien Herbert Levin, déporté avec sa famille tente de survivre à Auschwitz, favorisé par son art, l’illusionnisme, qui suscite l’intérêt des nazis. Tandis que le soldat portugais Francisco Latino s’est fait engagé dans l’armée SS pour retrouver Tanusha sa fiancée russe. Dans le même temps, gronde un vent de rébellion au sein des Sonderkommando, groupement de prisonniers juifs chargés de mener les condamnés au four crématoire. Levin et Francisco se retrouvent unis dans ce combat. Dos Santos s’est lancé dans un travail d’orfèvre pour donner vie à ces deux romans, qu’il a eu l’idée d’écrire après sa rencontre avec Werner Reich un survivant de l’Holocauste, devenu magicien dans les camps de la mort. Il s’est également inspiré des manuscrits retrouvés autour des fours crématoires par des membres du Sonderkommando, soucieux de témoigner de ce qu’ils ont vécu et ont commis sous les ordres des nazis. A partir de là, il reste peu de place pour la fiction et l’on va rapidement au-delà tant les descriptions sont réalistes… Dos Santos ne s’épargne rien, ne nous épargne rien et rend un puissant hommage aux victimes. Dans sa conclusion, il en vient à se demander la raison pour laquelle écrire ce roman que personne selon lui ne sera capable de lire? Un impératif qui l’a poussé à terminer son récit, le même impératif qui nous pousse nous lecteur à le lire jusqu’au bout en dépit des nombreux passages insoutenables qui nous entrainent au bout de l’horreur. Intenables, innommables, et ce ne sont que des mots pour tenter de comprendre ce qu’ont vécu les victimes de l’Holocauste. Ce livre est un chef d’oeuvre de loyauté. Dos Santos porte la voix des victimes mais également celle des bourreaux, il cherche à comprendre les mécanismes qui poussent des individus ordinaires à agir de façon tout à fait irrationnelle dans des conditions extraordinaires. Existe-t-il autre ouvrage de fiction sur ce sujet touchant d’aussi prêt la réalité ?

Deuxième tome de ce dyptique, le manuscrit de Birkenau continu de suivre la vie d'Herbert Levin (un personnage réel) et Francisco Latino (inspiré d'un autre personnage réel) dans leur vie dans l'atroce camp de concentration allemand. Nous sommes en 1944 et les atrocités sont au maximum. Les deux personnages sont devenus des alliés et ont un plan: se révolter et fuir le camp! Dans ce deuxième et dernier tome, JR Dos Santos propose a la fin du roman le manuscrit réel qu'a réussi a écrire Levin durant son enfermement ainsi que plusieurs photos des personnages réel qui peuple se roman. Je vous suggère d'ailleurs de commencer par la, cela vous fera voir d'un autre oeil la fiction décrite par l'auteur. Un de ces romans ou j'ai pleurée à chaudes larmes en le lisant (tellement que je devais recommencer certaines pages entières parce que j'étais trop occuper a sécher mes pleurs). Un roman qui se dévore même s'il est extrêmement dur en cette époque ou la droite est de plus en plus présente. Ce serait peut-être même une belle lecture a faire en parallèle avec vos adolescents qui sont trop souvent centrés sur leur nombrils. Difficile mais nécessaire!!

Après avoir terminé “Le Magicien d'Auschwitz” et sachant qu'il y avait une suite, je me suis précipité chez ma libraire favorite. J'ai immédiatement enchaîné. “Le Magicien d'Auschwitz” avait déjà été une lecture éprouvante, mais là… C'est encore plus intense, plus agressif, aucune concession. Ce livre m'a totalement bouleversé. Et même si le livre est magnifique pour ce qu'il incarne, à un moment j'ai pensé que je n'arriverais pas au bout. Je me sentais pétrifié, anéanti, le livre en main, incapable de tourner les pages. Mais par respect pour le thème abordé et malgré des larmes qui ont continuellement coulé jusqu'à la dernière page, j'ai néanmoins terminé ma lecture. La nuit dans mon lit, certaines scènes insupportables, certains mots hurlés dans le camp revenaient dans mon esprit. À ce jour, je suis contraint de reconnaître que c'est le livre le plus dur psychologiquement qu'il m'ait été donné de lire, et d'ailleurs, je le déconseillerai exceptionnellement à toutes les personnes sensibles. Ce récit repose une fois de plus sur la réalité, mettant en scène plusieurs personnages qui ont véritablement existé et ont laissé différentes empreintes de leur passage sur les lieux. Certains testaments ont même été retrouvé caché dans les camps. L'auteur a effectué un travail de recherche et de documentation rigoureux, qui confirme tout le respect que j'avais déjà pour José Rodrigues dos Santos. Et comme il le dit lui-même : “Les morts ne parlent pas, ne témoignent pas. Ils sont silencieux pour l'éternité.” Ce récit le poursuivait déjà depuis de nombreuses années. Il en a fait un magnifique hommage… Cette suite met en scène Herbert Levin, le magicien, prisonnier juif à Auschwitz, sa femme, son fils, ainsi que Francisco Latino, gardien SS portugais et sonderkommando, qui recherche partout Tanusha. Ensemble, ils mettront tout en œuvre pour sauver ceux qu'ils aiment, de la faim, du froid, et surtout de l'horreur des chambres à gaz. Au sein du camp, tout est bien structuré, ordonné, orchestré, et malheur à celui ou celle qui oserait désobéir. Les Sonderkommandos, constitués de prisonniers juifs, étaient eux-mêmes contraints de participer au génocide de leur propre peuple. Ils étaient chargés d'accueillir d'accueillir les hommes, les femmes et les enfants, en mentant et en rassurant pour les diriger vers les “douches”… Ensuite attendre. Enfin, ils doivent récupérer les cadavres, prendre leurs bijoux, arracher leurs dents, si elles étaient en or, et finalement les transporter jusqu'aux fours crématoires, où ils partent "en fumée"… Et cela, chaque jour… Une lecture “choc”, d'utilité publique, pour ne jamais oublier…