Le Talisman des territoires - Tome 1 : Le livre de Stephen King, Peter Straub

Roman trouvé sur youtube grâce à un lecteur assidu depuis 6 mois sur ce pavé. Je crois avoir essayé de le lire vers mes 15 ans mais à l’époque, je n’avais pas accroché, étant déjà une lectrice de polars. Ce lecteur non professionnel a une très belle voix et arrive sans problème à la modifier en fonction des personnages rencontrés. Il a d’ailleurs une très bonne diction. Grâce à tout son travail, j’ai apprécié découvrir les aventures de Jack Sawyer ainsi que son monde. Nous le suivons donc à travers les US en direction de l’Ouest où il espère trouver une solution pour sauver sa mère. Il n’a que 12 ans, il ne sait comment il va y arriver mais il se lance dans l’aventure pour l’amour de sa mère. Il rencontrera des gens bien et d’autres moins, certains voudront profiter de sa jeunesse et de sa possible candeur. De nombreux obstacles se glisseront sur sa route et S. King nous montre ainsi toute la dangerosité de certains individus pour arriver à leur fin (comme un certain cercle du soleil…). Nous apprendrons par son biais à appréhender les territoires, monde parallèle du nôtre et oh combien différent en matière d’époque… Malgré la lenteur de l’histoire et le nombre d’aventures rocambolesques qui arrive à Jack, je ne me suis jamais ennuyée en sa compagnie et il me tardait même que le lecteur arrive enfin au bout de sa lecture. Il lui restait une dizaine de chapitres à lire quand je l’ai découvert (un ou deux chapitres étaient mis en ligne par semaine). Du coup, j’ai lu un peu autre chose pour patienter, l’avantage étant quand même que le parcours de Jack était comme un long fleuve tortueux et qu’il n’était pas difficile de s’y replonger. En revanche, j’ai été très déçue de la fin donnée par l’auteur et je l’ai trouvé assez bâclée au regard des quelques 800p de trajet effectués par Jack. Je m’attendais à quelque chose de grandiose après tout ce périple et j’ai surtout eu l’impression que l’auteur avait perdu son inspiration… Le final est constitué de quelques bagarres avec de rares explications, j’ai eu l’impression de me faire flouer au regard du pavé de ce 1er tome. D’ailleurs, il pourrait considérer comme un one-shot au vu de sa taille et je ne vois pas vraiment l’intérêt d’avoir une trilogie. Ce tome se suffit à lui-même. Comme vous l’aurez compris, ce tome a été une déception pour moi au point de vue de la fin car les différentes aventures de Jack Sawyer étaient intéressantes. Elles commençaient à être un peu redondantes mais elles étaient toujours avec une conclusion positive malgré les méfaits de certains. Je ne pense pas lire la suite même si elle est mise en ligne sur youtube. Je vous conseille néanmoins de lire ce pavé pour vous en faire votre propre avis, S. King a un style très riche et des univers très différents d’un roman à l’autre. Sur ce, bonnes lectures à vous :-)

#128058;Chronique#128058; Du sable à l’Alhambra Il prend la route Jack La vadrouille Il cavale D’un monde à l’autre Jack la Vadrouille Et si, elle allait mourir Jusqu’où irait-il Jack la Vadrouille? On a pas idée des fois, de ce qu’on peut faire à un enfant… On peut faire croire. On peut faire mal. On peut faire parcourir. Qui de la magie ou de la physique, saura rendre le monde meilleur? Ou moins pire que hier ou plus malade que demain? On a pas idée des fois, de ce qui peut rendre fou. La différence de réalité. Le double. Le gémellin. Si on perd en imagination, est-ce que le rêve nous rattrape? J’ai bien envie de vous faire prendre la route. Mais les routes sont dangereuses, semées d’embûches et d’épreuves qui pourrissent les pieds et l’âme. Qui ne comprendrait pas qu’une mauvaise rencontre broie un enfant aussi sûrement qu’un loup-garou vous croque en lune pleine? Qu’est-ce qu’on est sensé faire dans un tunnel? La lumière était-elle dans la foi? J’ai bien envie de vous faire croire en une quête. Mais tout Talisman n’est que la somme des croyances de certains et de la convoitise des autres. A-t-on une idée précise de ce qu’on fait en magie ou en physique, si la sarracénie s’emmêle? J’ai bien envie de vous emmener dans les Territoires. Mais qui me dit que vous en sortirez indemnes? La mort rôde et l’enfant vadrouille. Seul. À la merci des prédateurs. À la merci d’une déchirure de l’espace. À la merci de la virilité toxique. La puanteur est ici et là-bas. La violence est issue de leurs âmes pourries. Et il faudra une dose considérable voire, monumentale de courage pour aller vers cet espoir, fou. Dis-moi la vérité. Est-ce que tu n’as pas peur pour cet enfant? Car ce n’est là, pas une simple aventure. C’est presque un rite de passage. Extrême. Entre deux réalités qui ne coïncident pas si bien, et où l’obscurité veut s’insinuer dans les chimères des deux. La destruction est partout. Mais qu’est-on vraiment prêt à perdre? Ou à rapporter? Il y a des voyages qui marquent plus que d’autres. Des voyages qui initient à la dévastation. Et il y a ceux qui résistent, qui s’adaptent, qui luttent. Même aussi proches de la mort, ils lèvent encore les bras vers l’arc-en-ciel. Voilà pourquoi j’attend avec impatience le voyage-retour… Du sable à l’océan Il offre son présent Jack la Vadrouille Et il brille, il brille, il brille Le Talisman des Territoires Pourvu qu’il me donne Encore de sa magie Parce que là, j’ai le cœur tout mou Lumineux et chantant Puisse-t-il vous atteindre et faire Merveille…

Lecture de l'édition collector sortie en octobre. Sacré voyage. Ce n’est pas si souvent que je me lance dans une relecture. La sortie de la version collector du Talisman de Stephen King et Peter Straub en octobre 2024, le tome 1, m’en a donné l’envie. 38 ans après, l’ayant lu initialement à sa sortie française à l’âge de 18 ans. Titre initial en France à l’époque : Le talisman des territoires. Autant dire que de l’eau a coulé sous les ponts depuis, que je ne suis plus la même personne, qu’il n’est pas possible de le traverser de la même manière. Ce récit, lu aujourd’hui, est à la fois un retour en arrière et un pas de côté. Une plongée dans les années 80, des souvenirs pour ceux qui les ont connues, une découverte pour les autres. Et l’Imaginaire qui nous emmène dans un univers parallèle. Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un roman pour ados, le texte est dur, glauque, et raconte une sortie brutale de l’enfance, sans passer par la case adolescence. Une quête et un roman d’apprentissage, hommage assumé à Mark Twain. Jack, 12 ans, se voit contraint de partir à l’aventure pour sauver la vie de sa mère. Le choc est rude pour ce gamin solitaire, obligé de grandir, à se révéler à lui-même, à s’imposer. C’est bien lui le cœur de l’histoire, davantage que les Territoires. D’ailleurs, une bonne partie de l’histoire se déroule dans notre monde. Impossible de ne pas parler de l’objet, superbe, une version de luxe qu’on meurt d’envie de prendre en main, de posséder. Même si, quand on y réfléchit, la couverture est étrange (qui est ce chien qui y figure ? Il n’apparaît pas dans le livre). L’éditeur Albin Michel a profité de cette réédition pour peaufiner la traduction. J’ai comparé avec l’édition originale, sur quelques pages prises au hasard, les changements sont plutôt cosmétiques, mais bien réels. Une très courte interview de Stephen King, datant de 2024, accompagne le roman. Elle sert surtout de mise en contexte, raconte les galères organisationnelles pour arriver à écrire à quatre mains à distance, une gageure à l’époque. Et le bonheur des deux auteurs à avoir mêlé leurs talents, chacun essayant d’écrire un peu à la manière de l’autre, comme par mimétisme. Le King avait investi 12 000 $ dans un ordinateur personnel à l’époque, seuls 4 millions d’Américains en possédaient un. Les eighties sont l’occasion d’une peinture d’une Amérique où tout était possible. Surtout faire bosser au noir, trimer, exploiter, un gamin de douze piges… Jack va devoir porter le pesant poids du monde des adultes sur ses frêles épaules d’adolescent. Les deux écrivains ne le ménagent jamais, le rudoient page après page (et il y en a 800). Un pavé qui demande du temps, mais qui le mérite. Près de 40 ans après, le roman est toujours aussi puissant, même si inégal. Certains passages et certaines rencontres marquent le lecteur au fer rouge (comment oublier Wolf, personnage incroyable). Il permet aussi de voir comment les mentalités ont changé, à l’image de l’homosexualité dans un contexte très daté. Je ne peux m’empêcher de le comparer au récent Conte de fées, écrit par le King en 2022, près de 40 ans plus tard. Ce sont deux récits de fantasy qui permettent de voir l’évolution de l’écriture tout comme la manière de construire une histoire (le roman le plus récent, que j’ai préféré, m’a semblé plus empathique et mieux équilibré). La réédition de Talisman est une excellente initiative, cette collaboration de deux géants de l’écriture de l’Imaginaire mérite vraiment d’être redécouverte, quelles que soient les générations de lecteurs.