Les Piliers de la terre : Le livre de Ken Follett

Les Piliers de la Terre Voilà, c’est fait, je l’ai lu. J’étais un peu impressionnée par ce pavé : 1056 pages sur la construction d’une cathédrale au Moyen Âge... Je ne savais pas si j’allais y arriver. Je ne suis pas une inconditionnelle des romans historiques, et la construction des cathédrales ne me passionne pas non plus. Bref, j’avais peur... Et alors, quelle surprise ! Les 1056 pages ont défilé à une vitesse vertigineuse, et oui, j’avais envie de savoir si on allait la finir, cette cathédrale ! Dans ce livre, on retrouve tous les ingrédients du succès : coups du sort, trahisons, histoire d’amour, machinations, etc. Certes, il y a finalement peu de descriptions de la vie au Moyen Âge, quelques incohérences historiques, et des ficelles parfois un peu grosses, mais on pardonne très facilement ces petits défauts tant l’envie de tourner les pages est forte.

Ce livre me faisait envie depuis de nombreuses années, mais la taille (1050 pages tout de même) et ma méconnaissance de l’auteur me freinaient. Et puis j’ai regardé la mini-série britannique de 2010 que j’ai beaucoup aimé (malgré quelques scènes) et qui m’a convaincu de sauter le pas et de lire le roman. L’histoire se déroule au Moyen-Age, entre les années 1120 et 1170. Nous suivons le destin de plusieurs personnages qui vont se croiser : Philip le prieur d’une petite communauté de moines, Aliena une jeune et vive fille de Comte dont l’avenir semble tout tracé, Jack un jeune garçon timide et taciturne qui vit dans la forêt avec sa mère sorcière et Tom le Bâtisseur un artisan qui ambitionne de construire une cathédrale dans la ville de Kingsbridge. A travers ces personnages, nous assistons surtout à la marche de l’histoire, au destin d’un Comté de l’Angleterre sur plusieurs décennies. Bien que passionnante, ma lecture de ce roman a été un peu chaotique. J’ai lu environ 500 pages d’une traite, avant de me lasser et de faire une pause qui dura plusieurs années. Malgré cela, c’est avec plaisir que j’ai finalement repris ma lecture et terminé ce roman. Pour commencer, l’un des gros points positifs de ce récit est l’aspect historique très poussé et fouillé qui se déroule sur plusieurs décennies. Ken Follet s’est énormément documenté pour nous abreuver de détails sur la vie au XIIe siècle et la plupart du temps, c’est passionnant ! J’ai aimé en apprendre plus sur l’organisation de la société entre les différentes catégories sociales (clergé, noblesse, artisans, fermiers…), sur la place des femmes (qui peuvent en faire plus que ce qu’on peut croire), sur la vie quotidienne (entre les fêtes, les jours de marché, les attaques ou les aléas climatiques qui rythment la vie) et plein d’autres sujets. L’auteur nous explique parfaitement l’importance et l’omniprésence de la religion qui régente toute la vie des habitants, inspirant crainte et dévotion. Il explique également le processus de construction d’une cathédrale et le rôle du seigneur pour la vie de ses terres : une mauvaise décision et le comté peut être victime de famines, des villes peuvent émerger ou décliner. Il nous parle aussi de politique, de complots et de manigances à une époque où le pouvoir royal était étroitement mêlé au pouvoir religieux. Bref, vous aurez compris que les sujets abordés sont vastes et très nombreux ! L’autre atout majeur du roman est sa galerie de personnages charismatiques et très bien développés, que l’on suit à travers leurs aspirations, leurs rivalités et leurs défis. Je ne pourrai pas développer mon ressenti pour chaque protagoniste car il y en a beaucoup trop, mais il y en a certains auxquels je me suis beaucoup attachée : Philip et sa droiture, Ellen et son indépendance, Jack et sa ténacité et puis surtout il y a Aliéna qui est devenue mon personnage préféré. Cette jeune femme, paraissant insouciante, va développer un caractère ambitieux et courageux au fil des épreuves qu’elle va surmonter. Pendant des années, elle va se battre pour exister par elle-même, récupérer ce qu’on lui a volé, respecter les promesses qu’elle a faites et obtenir enfin sa vengeance. Quel destin extraordinaire pour une femme de cette époque ! Son intelligence, son indépendance et sa volonté vont lui donner autant de pouvoir qu’un homme. C’est donc un portrait plein de modernité qui met en lumière le fait que les femmes pouvaient aussi avoir des rôles importants au Moyen-Age. Et puis, bien sûr, il y a des personnages que j’ai détesté : William Hamley et sa cruauté sans nom, ou encore Alfred et Walerand. Finalement, tous ces personnages sont assez manichéens mais tous ont leur caractère propre, leurs failles, leurs aspirations. Et même si la plupart restent égaux à eux-mêmes au fil des années, certains se révèlent au fil des pages et j’ai adoré les accompagner sur presque cinquante ans. Mais un roman comme celui-ci ne peut pas être exempt de défauts. Déjà le roman est long et ça serait mentir que de dire qu’il n’y a pas de longueurs. Je me suis parfois ennuyée entre les longues descriptions et termes techniques de la construction d’une cathédrale ou avec les multiples complots parfois compliqués. Mais le plus gros point noir pour moi, c’est la violence et les scènes intimes (parfois les deux ensemble) qui émaillent le roman à de nombreuses reprises. J’avoue avoir été surprise de cet aspect, ne connaissant pas le style de l’auteur. Ces scènes sont souvent très détaillées de façon crue et j’ai souvent été mal à l’aise jusqu’à parfois le dégoût, en les lisant. En plus, l’auteur semble prendre un certain plaisir à parler du corps des femmes de manière sensuelle même quand ce n’est pas le propos, et c’est quelque chose que je n’apprécie pas et je ne vois pas vraiment ce que ça apporte au récit. Malgré ces aspects négatifs qui peuvent en rebuter certains, Les Piliers de la Terre est un roman incontournable que l’on oublie difficilement une fois qu’on l’a refermé. Ken Follet, mêle habilement des faits et des personnages historiques réels (les croisades, la guerre civile entre Maud et Stephen, le sort de Thomas Becket) avec des éléments fictifs, pour nous livrer un récit passionnant où les drames, les joies et la vengeance s’enchaînent au fil des ans. Une lecture inoubliable et passionnante que je ne peux que vous recommander si vous aimez les récits historiques.

Seul, dans un immense appartement, à Casablanca, où j'étais en mission, j'ai dévoré Les piliers de la terre en 3 jours. Quelle belle aventure que celle des maîtres bâtisseurs de cathédrales. À partir de ce roman, il est facile d'extrapoler la construction de toutes ces oeuvres grandioses érigées par les hommes.

Que dire si ce n’est que c’est du Ken Follett! Il faut s’accrocher au tout début et puis ensuite on devient accro à l’intrigue. On ne s’ennuie jamais pendant la lecture de ce livre, tout y est pour que l’on soit complètement immergé. Le plus dur est la fin, quand on s’aperçoit qu’il va falloir trouver un autre livre à lire ensuite.