Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre : Le livre de Jennifer Lesieur

Une belle découverte ! Jennifer Lesieur signe ici une biographie romancée de Rose Valland. Cette femme a été responsable du musée du Jeu de Paume à Paris à partir de 1938. Après l'arrivée des troupes allemandes en 1940, cette femme, choquée par le vol des œuvres d'art et autres autodafés, commence à noter tout ce qui entre et qui sort du musée. Un travail de fourmi… Après ce travail d'inventaire, elle n'aura de cesse de restituer les œuvres à leurs propriétaires. Si j'ai aimé la découverte de cette femme, discrète, opiniâtre, j'ai n'ai pas été emportée par le style de l'auteur, assez sec et peu explicatif…

En 2022, il restait plus de 2000 œuvres estampillées MNR en France, c'est-à-dire "Musées Nationaux Récupération". C'est le reliquat des 60 000 objets revenus d'Allemagne, la plupart spoliés aux Juifs, et dont les propriétaires n'ont pu être identifiés. Dans cette gigantesque opération de récupération, une personne a joué un rôle majeur : Rose Valland. Modeste employée au musée du Jeu de Paume, à une époque où aucune femme ne possédait le titre de conservatrice, cette Monuments Woman va durant toute l'Occupation collecter un maximum d'informations sur les peintures, sculptures et autres objets d'art qui vont quitter le sol français pour rejoindre les tanières des principaux dignitaires nazis. Avec une dilection particulière pour les maîtres hollandais comme Vermeer, au premier rang desquels figure Goering, ceux-ci vont s'évertuer à capter un maximum de chefs-d'œuvre, utilisant même l'art "dégénéré" comme monnaie d'échange pour s'accaparer ces trésors insignes. Rose Valland a laissé peu de traces sur sa vie privée et ses activités. Aussi sa silhouette évanescente reste-t-elle la plupart du temps en contrechamp de ces spoliations. Dans l'embrasure des portes, elle guette, observe, note tout, récupère des carbones dans les poubelles, pour tenir un registre des objets volés. Morte dans un presque total anonymat dans en 1980, elle a obtenu grâce à des travaux récents une reconnaissance tardive. Ce roman basé sur des sources solides décrit par le menu le marché de l'art, florissant durant l'Occupation. Les salles de Drouot ne désemplissaient pas. Les marchands d'art véreux y pullulaient, tel ce Jacques Beltrand, expert et collaborationniste.