White Coffee : Le livre de Sophie Loubière

Après "Black Coffee", l'an dernier, je me devais de lire "White Coffee". Il est présenté comme sa suite, car il reprend les mêmes personnages, quelques mois après les horreurs vécues par Lola Lombard, partie sillonner la Route 66, afin de retrouver son mari brutalement disparu. Ses recherches l'ont conduite jusqu'à un tueur en série, mauvais génie de son époux, lui laissant de multiples blessures, visibles comme invisibles. À part les membres de cette équipée, l'ambiance est bien différente. Dans ce nouvel opus, le prédateur n'existe plus, le criminologue Desmond vit aux USA, Lola et ses enfants, Gaston et Annette, sont rentrés à Nancy, ainsi que Pierre, le mari retrouvé. Cependant, le traumatisme a fait beaucoup de dégâts. Comment un couple peut survivre à cette épreuve, surtout si l'appât du gain et la jalousie s'en mêlent ? Sophie Loubière se saisit de ces arcanes pour bâtir son intrigue qui n'est plus basée sur la recherche de fuyards, mais sur la reconstruction d'une vie blessée. Elle prend son temps pour resituer tous les acteurs du drame de "Black Coffee", sans lourdeur. Les aller-retour incessants entre la France et les USA donnent du rythme au récit. J'avoue avoir préféré ce volume au précédent. Peut-être à cause des lieux américains si bien décrits. En effet, il y a cinq ans, j'ai traversé le désert de Mojave en admirant les Joshua Trees sous une touffeur écrasante, j'ai attendu interminablement la fin d'un impressionnant convoi ferroviaire barrant la Mother Road avant de me poser devant un café au Roy's Coffee dans la ville fantôme d'Amboy, puis j'ai fait une halte de nuit à Needles, ville qualifiée de "bullshit" par une Américaine du cru. Je me suis donc retrouvée propulsée aux côtés de Desmond G.Blur avec un plaisir imprévu, très partial, je crois. Cela dit, la construction du récit est solide faisant la part belle à la psychologie de Lola, femme abandonnée au milieu de nulle part en compagnie de ses enfants, de Desmond, criminologue ayant aidé cette femme ébranlée, pas insensible à son charme français, de Gaston, l'enfant ayant toujours cru au retour victorieux de son père et de Pierre essayant de monnayer son expérience. Je suis vraiment ravie d'avoir suivi la créatrice de "L'enfant aux cailloux" sur la route des errances américaines et du retour au bercail, riche d'émotions, plaisantes comme déstabilisantes.