Les sirènes de Bagdad : Le livre de Yasmina Khadra, Winoc

Ceci n'est pas un livre qui nous fait rêver, il ne nous fait pas nous sentir bien, il ne nous détend pas. C'est un livre qui boulverse, nous tord les tripes et nous confronte à la réalité de ces guerres qui se déroulent en apparence si loin de nous. On y voit la montée du fanatisme et ses origines. On en comprend les raisons sans jamais l'excuser. L'auteur nous raconte l'atrocité qui devient fur et à mesure banale dans une ville en guerre et la haine qui remplace peu à peu l'humanité. C'est dur, mais c'est essentiel.

Yasmina Khadra nous amène à Beyrouth et Bagdad. Nous y suivons un jeune bédouin, qui, suite à une humiliation à l'encontre de son père, va devoir sauver l'honneur de sa famille. L'auteur nous décrit son évolution face à la violence, ses états d'âme, Bagdad, le terrorisme et les attentats. Il nous amène à réfléchir sur les conflits, les différences entre l'orient et l'occident. Chacun se positionne en fonction d'où il se trouve et selon son opinion. La plume de Yasmina Khadra est encore une fois très puissante, précise et décrit le processus qui amène à la haine, à la radicalisation et au terrorisme.

Je ne saurais exprimer avec quelle hâte j'ai entrepris la lecture de ce roman, tant les deux précédents m'ont tenue en haleine. Il est, en un certain sens, le miroir de L'Attentat en ce qu'on suit Kadem, le personnage qui se radicalise. J'ai l'impression qu'il répond aux questions laissées sans réponse que se pose Amine à propos des choix de sa femme dans L'Attentat. Ce roman est encore plus lourd que les précédents car au début de l'oeuvre, le personnage est candide et plein d'espoirs, ce qui fait que le lecteur s'identifie à lui le comprend par la suite le cheminement qu'il fait vers la radicalisation. Yasmina Khadra clôt son triptyque avec brio, en rappelant avec force que le monde est loin d'être manichéen.

Après Kaboul et Tel Aviv, nous sommes à Bagdad et Beyrouth dans ce 3ème livre de Y Khadra sur les ravages de la guerre et de l’extrémisme au proche orient. Les Américains ont envahi l’Irak et traquent les Jihadistes. L’histoire débute dans un petit village, à Kafr Karam. Un jeune garçon, le narrateur, qui a toujours eu horreur de la violence, que la misère a élevé dans le partage, va voir son père humilié lors de la perquisition brutale d'une patrouille américaine. Alors condamné à laver l’affront par le sang, lui qui a le sang en horreur, il va rejoindre Bagdad pour se préparer à accomplir un attentat majeur contre l’occident. Le dessin est sobre, réaliste montrant sans excès la violence des situations, de la guerre et du terrorisme. Le fanatisme monte en intensité parallèlement à la violence. Néanmoins difficile de ne pas mettre un bémol à ce T3 pour le côté caricatural qui ressort dans cette histoire jusqu’au dénouement lui même qui se veut très moralisateur : « qu’espères -tu après l’apocalypse ? Qu’est-ce qui va rester du monde, hormis la pestillence des cadavres et le chaos… »