Martin Eden : Le livre de Jack London

Martin est un jeune marin qui, par amour pour une jeune femme de la bourgeoisie, va vouloir améliorer sa condition sociale. Martin va donc se mettre à étudier, il veut apprendre, il dévore les ouvrages même s'il ne comprend pas, il s'obstine et finit par réaliser qu'il veut devenir écrivain. Alors Martin se met à écrire, encore et encore. Il donne tout ce qu'il a, sacrifie tout pour ce rêve qui lui permettra d'épouser Ruth. Ce classique de la littérature américaine me tentait depuis longtemps et je n'ai pas été déçue. C'est très bien écrit (mais ça, je m'en doutais), l'histoire est vraiment intéressante, elle met en lumière les différences de classes, le fait que chacun est engoncé dans ses préjugés, le fait que l'éducation "bourgeoise" enferme ses membres dans un schéma qui les empêche de comprendre les autres. Au bout du compte ces milieux ne se mélangent pas et ne sont pas faits pour se mélanger. Ce que Martin va apprendre à ses dépends.

Ce livre fut un choc, une claque comme on aime (trop?) souvent à le dire. Spécialement, par le dénouement. Mais aussi par le langage poétique de London. Certainement aussi, parce que dans dans certains traits de caractère, je me suis un peu retrouvé en Martin Eden. Aussi, pour éviter toute critique inutile, je me contente de ces quelques vers : « Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid ! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait ! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. » (l’Albatros de Baudelaire) Et pour terminer, une autre citation : « Nous avons trop aimé la vie, et sommes à cette heure Sans espoir et sans peur. Reconnaissants, nous faisons nos adieux Brièvement aux dieux Qui ont voulu que toute vie s’achève Un jour, que les morts jamais ne se relèvent, Et que même la plus lasse rivière Se jette pour finir à la mer. » (Martin Eden cite Swinburne) Avec cette réflexion que je mets en texte voilé, car il spoile aussi bien pour ce roman que pour d’autres dont je parle … [masquer] L’homme qui rit, Au Dieu inconnu, et maintenant Martin Eden, je crois que j’ai eu ma dose de suicidés ! [/masquer]

J’ai pas trop accroché avec le livre, tout le délire de l’amour pur et vierge de la bourgeoise m’a un peu gavé, pas du tout accroché avec le personnage de Ruth qui est quand même très présent (un peu le but du livre) Se lit quand même vite et les chapitres ont tendance à se répéter dans leur contenu mais bon Les 100 dernières pages sont bien, crise existentielle et bagarre

C'est un magnifique livre, un ouvrage puissant, de la vraie littérature. Mon manque d'expérience m'empêche de le qualifier correctement, mais j'ai su reconnaître la beauté de ce texte, beauté qui est si précieuse pour notre cher Martin Eden. C'est d'ailleurs en partie, la recherche de cette beauté, de cette vérité qui le conduira à sa perte. En bref, un véritable classique à lire au moins une fois!