Dans le ventre de Klara : Le livre de Régis Jauffret
De juillet 1888 à avril 1889, Klara Hitler porte dans son ventre celui qui est destiné à devenir l'incarnation du mal absolu. Pour la première fois, la mère du monstre prend la parole sous la plume magistrale de Régis Jauffret, et nous confie le récit de sa grossesse funeste.
Neuf mois de violence et de religiosité étouffante, desquels naîtra celui qui incarnera le nazisme et la Shoah. Neuf mois durant lesquels Klara est traversée, habitée, possédée déjà par l'innommable, partagée entre l'amour pour son enfant à venir et les visions qu'elle reçoit malgré elle des crimes que ce fœtus, une fois devenu homme, commettra contre l'humanité tout entière.
Peu d'auteurs ont su explorer l'indicible avec le génie narratif dont fait preuve Régis Jauffret. Lui seul pouvait faire ce voyage dans les abysses, avec la conscienceque seule la littérature peut explorer profondément l'âme humaine.
Un roman sombre, violent et magnifique.
Régis Jauffret est né à Marseille en 1955. Il fait ses débuts d'écrivain en 1985 avec
Seule au milieu d'elle. Il connaît un grand succès en 1998 avec
Histoire d'amour. En 2007, il publie
Microfictions et remporte le prix Goncourt de la nouvelle. Lauréat du prix Décembre pour
Univers, univers, puis du prix Femina pour
Asiles de fous, Régis Jauffret est l'une des voix les plus importantes de la littérature française contemporaine.
De (auteur) : Régis Jauffret
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
fdiener
• Il y a 3 semaines
« Mon ventre est une crypte dont le trésor doit rester secret. Interroger son contenu est aussi détestable que percer des trous dans un cercueil pour observer l'évolution d'un cadavre. (...) Au lieu du Christ, je porte un enfant du Diable.» C’est un défi littéraire que s’est lancé Régis Jauffret en retraçant les neuf mois de grossesse de la mère d'Adolf Hitler. Rarement la fiction et la littérature n’auront aussi bien porté leur nom tant l’auteur excelle, dans un roman extrêmement sombre et dur, à remplir les vides de l’histoire. Violée et dénigrée par l’ « oncle », soumise à la domination masculine autant qu’au joug oppressant de l’église qui finit, par une pirouette et un triple loops intégristes, par autoriser l’union avec l’absolution d’un abbé étouffant et culpabilisant, Klara subira les diktats religieux et patriarcaux dans un enfermement et une misère extrêmes. Les visions cauchemardesques de Klara sont comme une lame de couteau qui lamine son ventre. C’est malsain et par moments difficile à lire, il règne dans ces pages un air de folie, et la construction du roman est une prouesse littéraire. Coup de cœur.
clairemarquez75
• Il y a 1 mois
Dans le ventre de Klara pousse un fruit. Un fruit entaché de l'acte qui condamna Adam et Eve en dehors du Jardin d'Eden. Dans la tête de Klara poussent mille pensées qui s'écrivent à l'encre de l'interdit : une femme n'est pas supposée imaginer, l'imagination étant l'apanage de l'homme. Dans le ventre de Klara ont poussé d'autres fruits, vite flétris dans leurs habits de bébés, morts, oubliés. Dans la tête de Klara tourbillonnent mille prières et actes de contrition envers Dieu et Jésus. Dans la tête de Klara, en cette année 1889, des souvenirs d'événements pourtant à venir, empoisonnent sa gaieté d'être bientôt mère. Car au fond, pour Klara Hitler, rien n'importe plus que la satisfaction de Dieu, et son mari, Oncle, puisqu'ils sont liés par le sang. Régis Jauffret parvient à realiser une prouesse litérraire : nous plonger dans une Allemagne-poudrière, les fonctionnaires s'autorisant à extérioriser librement un vulte de la force, et un antisémitisme non voilés. Nous plonger surtout dans un texte entaché de ce qui surviendra, comme si l'air exhalé de la bouche d'une mère gestante, pouvait comporter les atomes des atrocités à venir. "un bébé un bambin un chérubin et gråce à mes soins attentifs mes câlins mes baisers mes caresses il ne fera que croître et embellir et je serai morte au moment de la déflagration et ce sera le plus grand attentat de l'Histoire jamais perpétré contre le peuple élu et les Tziganes et les handicapés et les homosexuels et les témoins de Jehova et les oubliés des listes et à tout moment j'aurais pu l'étouffer l'empoisonner le poignarder dans son sommeil au lieu de le couvrir d'amour le couver le veiller la nuit quand il avait pris froid et je demeurerai à jamais coupable de l'avoir porte fabriqué créé et les flammes des fours jettent leur clarté sur mon visage et je la prends pour celle de la bougie parfumée que vient d'allumer Johanna pour purifier l'atmosphère et sur le parking une nuée d'enfants multiethniques vêtus d'habits multicolores sautent des cars scolaires bien alignés sur le macadam et la joie d'avoir évité une matinée de cours et les moniteurs les professeurs les parents qui les chaperonnent en causant et la marche enthousiaste vers le Mémorial et les cris et les rires et les bousculades et les chahuts." Klara est une dévote que le curé local se charge d'écerveler, que son Oncle s'emploie à éduquer comme une femme soumise qu'elle doit devenir, comme le réceptacle de ses assouvissements masculins. Klara est bien trop heureuse d'avoir été choisie, elle qui n'était qu'une fille de ferme, et voit en sa sœur infirme ce qu'elle peut représenter aux yeux des autres. Klara est une femme qui se debrouille avec ses armes, centrée sur son enfant à venir et le poids qui laccable des attentes qui lui pèsent sur les épaules. "Les mères demeureront toujours comptables des péchés commis plus tard par l'enfant quelles ont porté. On nous accusera d'avoir concocté neuf mois durant un assassin, un monstre, un être qui fera regretter Dieu d'avoir créé Adam et on nous reprochera d'avoir engendré ces fratries asphyxiées aux cendres dispersées, fumant la terre des potagers dont la récolte nourrira les bambins des bourreaux, et, nous prêtant le pouvoir de divination des sorcières, on nous blâmer de n'avoir pas cousu nos vulves afin de les préserver de l'existence et du supplice. L'intervention des pères est trop fugace pour les compromettre en aucune façon. Oncle me l'a dit." J'ai rencontré Regis Jauffret au Printemps du livre de Montaigu en 2024. Il était tendu, parce que sa fille devait accoucher ce jour-là. L'amour que j'ai vu dans ses yeux sur cette confidence, je l'ai retrouvé entre ces lignes. Quel poids fait-on peser sur les épaules de la mère des bourreaux ? Est-ce parce qu'elles manquent d'amour qu'elles apprennent mal à leurs enfants ce qu'est le Bien et comment se protéger du Mal ? (Qui de l'œuf ou de la poule...) Un roman qui ne laisse pas indifférent dans tous les cas...
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782385770570
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 256
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- Dimensions
- 206 x 142 mm
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21,90 € Grand format 256 pages