Allez tous vous faire foutre : Le livre de Aidan Truhen

#x26a0Roman violent, vulgaire, au langage cru, sans concession ni limites! Ce roman noir met en scène Jack Price, un narrateur particulièrement cynique, à la tête d’un florissant trafic de cocaïne nouvelle génération, aux prises avec d’impitoyables criminels, les “sept démons”, embauchés pour l’éliminer. Tout l’intérêt réside dans le fait qu’au lieu de se comporter en victime apeurée, Jack se transforme en prédateur incontrôlable. Jack Price est un anti-héros cynique, amoral, indéniablement détestable et comme il est le narrateur, le lecteur est constamment plongé dans ses pensées, ses réflexions, il faut apprécier. Personnellement, j’ai adoré son cynisme et sa désinvolture, il n’est attaché à rien ni personne, ne témoigne de remords pour aucun de ses actes. En quelque sorte, il défie les normes sociales et la bien-pensance. Il utilise, uniquement dans son intérêt et avec intelligence, les failles du système économique. Il ne montre pas la moindre empathie, il aime et provoque le chaos.. La vie n’est pour lui qu’un terrain de jeu où seul le plus cruel gagne. Mais, derrière ce qui pourrait apparaître comme de la violence gratuite, l’auteur en profite pour questionner nos valeurs et mettre en lumière les contradictions de notre société. Certes, Jack Price est un criminel mais il le peut car le système le permet. Certes, l’auteur force le trait mais, l’air de rien, il critique ouvertement la corruption, l’individualisme, la violence de la société, tant physique que psychologique, l’hypocrisie, la superficialité des relations sociales, le matérialisme… Un point qui m’a aussi semblé particulièrement intéressant, c’est la construction narrative. Le recit est raconté à la première personne du singulier, en focalisation interne du début à la fin. Le lecteur est donc, de bout en bout, dans la tête de Jack Price, notre anti-héros, il faut y être prêt, car c’est un personnage assez détestable, je me dois de le rappeler, qui n’hésite pas à briser le 4eme mur pour nous inclure encore davantage dans ses délires. Par ailleurs, à l’image du chaos que sème Jack, le récit est lui-même assez éclaté, non-linéaire, avec des ellipses, des retours en arrière, un flot continu de paroles et pensées, une ponctuation lapidaire et des dialogues intégrés au récit sans distinction, ce qui peut donner une impression brouillonne mais participe, selon moi, à l’originalité du roman et fait son intérêt, si on adhère. Enfin, sachez que l’humour (Noir et provocateur) est omniprésent, renforcé par un langage direct, cru, l’emploi de mots familiers. C’est percutant, cynique, ça vient bousculer le lecteur. Mais ça permet aussi de mettre un peu de légèreté dans cette histoire de règlement de comptes qui pourrait vite devenir lourde, oppressante, si elle se prenait au sérieux. Or, dans ce recit, rien, ni dans l’attitude du personnage principal ni dans le comique de situation, poussé à l’extreme, flirtant avec les limites de l’absurde, ne se prend au sérieux et c’est ce qui m’a particulièrement séduite. C’est aussi grâce à cet humour que l’auteur dénonce ce les travers de notre société et incite à une réflexion sur ses contradictions, sans pour autant sombrer dans le discours moralisateur. Le récit est également truffé de références culturelles (cinéma, littérature, jeux vidéo…) qui forment une sorte de patchwork d’éléments familiers propices à créer une connivence entre le lecteur et le roman et apporte beaucoup de richesse à l’histoire. On y retrouve les codes du thriller, du roman noir, du film d’action américain, avec ses courses-poursuites, l’artillerie lourde…mais l’auteur joue avec ces codes, les utilise de manière décalée, pour créer un effet parodique particulièrement savoureux et permet, là encore, à l’auteur d’exprimer sa vision critique de la société en détournant les codes familiers de la culture populaire, et c’est, selon moi, très réussi. Pour conclure, Allez tous vous faire foutre, à l’image de son titre, est un roman provocateur qui y va à fond dans la violence (souvent gratuite), la critique et l’humour cynique. C’est grinçant, ça ne plaira pas à tout le monde, mais j’ai pris un plaisir (coupable) indéniable à suivre cet anti-héros assez détestable, un peu comme j’aime enchainer les épisodes de Connasse, en me disant que c’est exagéré, que ça va trop loin, mais que de temps en temps, si j’osais moi aussi… #x1f608 Un bon exutoire! Lecture Jubilatoire !

Un livre qui se lit, comme dit sur la quatrième, d'une traite. Pas simple à lire car l'auteur écrit comme il parle mais que de punchlines et de tournures incroyables. C'est le père Noël qui me l'a offert. Je n'étais pas tenté au vu des critiques mais, comme son titre l'indique, et c'est mon credo tellement le monde part en vrille et que les gens sont de plus en plus débiles, allez tous... Ne suivez pas les critiques, faites vous votre propre avis ! Au passage, les éditeurs, allez vous faire foutre de même. "The price you pay" devient "Allez tous vous faire foutre" avec un doigt d'honneur en couverture ! Si ça, c'est pas pour vendre ! Au même titre que "The Shawshank Redemption" qui devient "Les évadés au cinéma. Distributeurs et éditeurs, bande de c.... Vive la France et ses abrutis, pour être poli, qui la peuple et "allez tous ..." les commerciaux ! Et belle année à tous. Ce titre la résume me concernant. !